Certa Mortis - Diluvium
Chronique
Certa Mortis Diluvium
Tel un métronome à la régularité impressionnante le projet de Fabien Guillot a désormais pris l’habitude de sortir un nouvel opus tous les deux ans, une période finalement idéale qui laisse le temps d’écouter parfaitement le précédent et d’être ainsi au taquet quand débarque son successeur, sans avoir eu le sentiment qu’il se soit éternisé. Après avoir pris de l’envergure avec l’excellent
« Ab Inferno Ad Astra » le chanteur et multi-instrumentiste revient avec le troisième volet de ses aventures, toujours basées sur une thématique à la fois médiévale et mythologique où se greffent la mort comme la philosophie sur fond de musique à la fois violente mais aussi harmonique et léchée, où la mélodie sert à aérer l’ensemble à diverses reprises. Du coup nulle surprise n’est ici à attendre tant son créateur aime être bien calé dans son crédo même s’il n’a pas non plus envie de se répéter indéfiniment, du coup on ne sera pas étonné que dans ce classicisme assumé et affirmé l’on trouve d’autres éléments extérieurs tout aussi agréables... même si cela va donner un côté moins immédiat à ce disque, qui demandera ainsi plus d’attention et de temporalité pour être totalement appréhendé.
En effet sous ses airs simples et directs l’ensemble des morceaux ici présents vont être certes relativement immédiats mais vont aussi voir plus de cassures et moments éthérés, où le calme succède à la tempête comme la lumière après l’obscurité. Tout cela va apparaître immédiatement sur l’ouverture intitulée « Humanity’s Plague » où tout le panel technique de son créateur est ici présent, oscillant ainsi entre les ambiances froides et aiguisées typiquement scandinaves où la neige est prédominante avec d’autres plans en médium épiques comme au ralenti d’où une certaine luminosité essaie d’émerger des ténèbres. Créant ainsi un panel très réussi et agréable des différents points de vue de son auteur cette première plage ne laisse que peu de place au doute quant à la qualité intrinsèque de ce disque, tant la fluidité est ici flagrante sans jamais en faire trop... un constat que l’on va partager dans la foulée sur le mystérieux et attrayant « Diluvium ». Ces deux termes ne sont effectivement pas galvaudés ici tant on est plongé dans quelque chose d’à part où le vide sidéral règne en maître au milieu d’éléments plus classiques et variés, avant que la voix chuchotée (et complétée par des breaks en arpèges typiquement IMMORTAL) ne vienne ajouter sa touche apaisante mais aussi philosophique comme pour montrer que l’espoir et le renouveau ne sont pas loin. D’ailleurs cela va se répéter sur le tout aussi impeccable « Stargazing » qui va reprendre avec une force semblable les mêmes ingrédients que sur cette précédente composition... tout en étant néanmoins plus directe (via un grand-écart plus marqué entre l’agressivité et le côté plaintif apaisant), avant de s’apercevoir que le reste de ce long-format va aller crescendo dans l’accroche et le plaisir.
Il suffit d’écouter le violent et mélodieux « Our Darkest Days » pour s’en apercevoir illico vu qu’ici l’ensemble des tempos sont mis à l’honneur avec force et accroche, tout en voyant une certaine tristesse émerger quand l’allure ralentit doucement, histoire donc d’amplifier la densification déjà entrevue et qui ici monte encore en bonheur communicatif. Après cela c’est le tout aussi agréable « Seeds Of Deceit » qui pointe le bout de son nez (où Pâlefroid fait également une apparition en tant qu’invité) en haranguant la foule de par cette voix entêtante et cette atmosphère moins désespérée où apparaît un côté rampant plus fourni, de par une vitesse jamais trop élevée tant la lenteur et le médium y sont prépondérants. Jouant là encore sur le tonnerre électrique comme l’apaisement spatial cet avant-dernière réalisation est une fois de plus une réussite indéniable, qui a tout ce qu’il faut pour mettre l’auditeur dans un état second tant ça demandera une certaine attention pour totalement appréhender ce voyage vers des cieux lointains... chose dont le long « The Last Journey » va finir de se charger en y ajoutant de la nostalgie comme de la mélancolie. Car se basant sur une virulence fortement réduite le résultat mise ici sur une période à la fois neigeuse comme combattive... tant la sensation d’être gelé dans les immenses forêts du nord côtoie ce ressenti pour guerroyer, vu que l’on a l’impression que l’ennemi est tapi quelque part dans les parages. Du coup à la fois rampant et hommage à un monde qui n’existe plus ce titre est également parfait pour terminer les hostilités, tant on a l’impression qu’une nouvelle ère va bientôt s’ouvrir comme d’une existence arrivant bientôt à son terme... faisant ainsi qu’on repense aux défunts et chers disparus qui nous ont précédés, en montrant une fois encore que la brutalité sait se faire plus discrète sur l’opus sans que cela ne lui nuise.
D’ailleurs la conclusion nommée « Extinction » porte parfaitement son nom et sert d’outro idéale en misant sur le recueillement et l’apaisement, entre humidité automnale et les fraîches soirées qui lui vont si bien... terminant ainsi cet enregistrement riche en variétés comme en émotions, où la haine et le calme sont parfaitement en symbiose. Autant dire qu’il faut gratter un peu la couche relativement épaisse pour découvrir l’intégralité de ce qui se trouve à l’intérieur, tant on a l’impression de prime abord d’en avoir fait le tour rapidement... alors que tout se découvrira différemment chaque fois qu’on posera une oreille attentive dessus. Cela étant fait on se laissera ensuite embarquer tranquillement dans ces différents univers bien éloignés de la chaleur et des paysages de l’Hérault où réside son auteur, mais qui feront également leur petit effet de façon très spontanée. Sobre mais pointu et garant d’une vision authentique et sincère la musique de CERTA MORTIS est en tout cas à découvrir, confirmant que malgré son manque criant de notoriété ce nom fait partie de très bonnes choses de la scène noire hexagonale... tant on appréciera le redécouvrir régulièrement aussi bien en dilettante que de façon plus assidue, vu que dans les deux cas le résultat ne montrera aucune lassitude ni faiblesse générale... la marque des grands en somme.
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