Alors que les premières chroniques de
MORTICIAN se font désirer, je me suis dit qu’il pourrait être intéressant de s’attarder un instant sur l’un de ses plus fidèles (et meilleurs) représentants, à savoir les Italiens de
CORPSEFUCKING ART. En effet, le groupe actif depuis 1996 m’avait littéralement écrabouillé la cervelle en 2018 avec son merveilleux «
Splatterphobia » et comme la fin de l’année 2024 avait été marquée par la sortie de «
Tomatized », autant faire un sort à ce dernier, encore abrité par
Comatose Music, dont on connaît la sureté du goût.
Du côté de l’
artwork, les mecs semblent apprécier les talents français. En effet, après
Chris Moyen, c’est
Pierre de Palmas (
VOMI NOIR) qui signe cette œuvre grouillante digne des pires séries Z, il y a du gaspacho dans l’air ! Mais que le côté burlesque ne vous mette pas en tête que le quintette pratique un
brutal death metal rigolo ou parodique car les neuf titres, pour moins de trente minutes, ne sont qu’un récital de barbarie en dépit de leurs noms qui prêtent à sourire : « Alien vs Tomator », « A Nightmare on Tomato Street », « Dead Sushi ». Non, il n’y a qu’une collection impitoyable de riffs, de blasts, de ralentissements, le tout surmonté des vocaux impressionnants de
Franck Moretti. Ainsi, avec ce sixième LP, le principal compositeur qu’est
Andrea Cipolla (guitariste), alias
Andrea Corpse, vient apporter la preuve ultime qu’il transpire le
death d’obédience
gore et que la troupe n’en met pas une à côté dès lors qu’il s’agit de brutaliser les masses. Bon sang, quelle maîtrise ! Nous entendons-là un savant mélange des monstres new-yorkais, avec un peu plus de technique à l’image des débuts de
CANNIBAL CORPSE et la puissance de feu du dernier
CHRIST DENIED, lui aussi sorti l’année dernière. À ce titre, la production 100% locale fait des merveilles pour sublimer cet amas d’engrais suintant.
Outre le fait que «
Tomatized » soit musicalement irréprochable dans sa catégorie restreinte, le groupe ne tombe toujours pas dans l’abus de
samples horrifiques et c’est l’un des points que j’apprécie le plus chez les Romains, cette capacité rare à créer des climats poisseux d’hémoglobine uniquement à partir de leurs instruments ainsi que d’un chant à la fois guttural et pourtant audible. Pas une mince affaire… Evidemment, nul solo ne vient salir cette sauce garantie sans pesticide où l’on naviguera gaiement entre des rythmiques sautillantes, des parties
slam écrasantes et des sprints bien bourrins, la composition « Blood Kitchen Garden » illustrant à elle seule cette richesse instrumentale.
C’est d’ailleurs sans doute à cela que l’on différenciera le bon
death metal du mauvais car
CORPSEFUCKING ART n’est ni plus violent que ses camarades, ni plus technique, ni plus givré, il a juste un sens aiguisé du
timing, plaçant avec précision chaque plan pour rendre le tout à la fois dynamique, jamais répétitif, faisant de cet album un
must absolu de l’année dernière. Il a même déjà des airs de classiques, avec des titres aussi imparables que « The Book of the Dead » ou « Escape from Alpha City ».
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21/03/2025 10:14