SexMag - Sexorcyzm
Chronique
SexMag Sexorcyzm
Si j’ai fait l’impasse sur le premier EP de SexMag qui pourtant n’avait pas manqué à l’époque d’attirer mon attention grâce à son illustration alléchante évoquant le cinéma d’horreur italien des années 50 et 60, je me voyais mal réitérer cette erreur avec Sexorcyzm. Mais avant d’aborder le cas de ce premier album, de petites présentations s’imposent.
Originaire de Pologne, SexMag voit le jour en 2019 à l’initiative de trois musiciens qui pour la plupart ne sont aujourd’hui plus de la partie. Seul rescapé encore à bord, Fabian Marcin Rymarz (chant, batterie) s’est entouré au fil des années de nouveaux collaborateurs dont Jacek Wojno au chant et Igor Faliński à la guitare. Arrivé l’année dernière à la seconde guitare, on trouve également un certain Obsceniczny Upiór. Un pseudonyme qui ne devrait pas vous dire grand chose mais derrière lequel se cache un certain Joey Demönömaniac. Un nom bien connu des lecteurs assidus de Thrashocore puisque celui-ci a longtemps officié au sein des Bretons d’Hexecutor puis de Venefixion. Nouveau groupe pour une nouvelle vie ? Oui, il y a de cela même si pour le coup ce dernier n’a participé ni à l’écriture ni à l’enregistrement de ce premier longue durée.
Intitulé Sexorcysm, celui-ci est paru le mois dernier sur le label allemand Dying Victims Productions avec qui SexMag poursuit donc sa fructueuse collaboration. Une premier album qui une fois encore ne va pas manquer d’attirer le regard grâce à cette chouette illustration à la fois sexy, colorée et délicieusement rétro que l’on doit à l’illustratrice américaine Maegan LeMay (Ancient Death, Anthropophagous, Cruel Force, Phantom...). Côté production, les Polonais ont fait appel une fois de plus à leur compatriote Jakub Galiński remarqué notamment pour ses piges en studio pour des groupes tels qu’Armagh (excellente formation de Heavy Metal dans laquelle il joue), Bestiality, Frightful, Gallower, Vengeance et quelques d’autres). Sans surprise (Thrash + Europe de l’Est, un combo qui en général ne trompe pas), le son est à la fois dépouillé, incisif et un brin poussiéreux. Un choix de production qui n’a évidemment rien d’anodin puisqu’il sert un Thrash tout aussi dépouillé, incisif et poussiéreux.
En effet, ne comptez en aucun cas sur SexMag pour franchir les lignes d’un cadre trop strict et limitatif puisque la seule ambition affichée des Polonais est de rendre hommage à ce Thrash primitif exercé dès la seconde moitié des années 80 dans ces quelques contrées (Amérique du Sud, Europe de l’Est...) où le manque de moyens était à l’époque largement compensé par une passion dévorante, une dévotion sans faille et une intensité rarement égalée. Aussi rien de surprenant à lire les noms de groupes tels que Kat, Master’s Hammer, Bulldozer, Tormentor, Sarcófago, Destruction ou Törr dans l’onglet "Similar Artists" de la page Metal Archives de SexMag. Des liens de parentés et des similitudes plus ou moins évidentes qui placent les Polonais dans la catégorie des "suiveurs" (parmi tant d’autres) mais des "suiveurs" particulièrement dignes d’intérêt (déjà plus rares).
C’est au son d’une chouette qui hulule, des grincements de chauves-souris et de cordes sinistres et angoissantes que les Polonais ouvrent le bal. Une entrée en matière baptisée "Intro (Total Metal)" qui d’emblée nous plonge dans ces ambiances inquiétantes et satanistes qui ne nous quitteront plus pendant les trente-neuf prochaines minutes (d’où la qualification par certain de Black / Thrash à l’adresse de SexMag).
La suite, si elle n’offre effectivement rien de nouveau à se caler sous la dent, n’en reste pas moins une belle leçon de Thrash primitif savamment exécutée par des musiciens hautement compétents et malgré tout inspirés. En effet, SexMag a beau ne faire preuve d’aucune d’originalité, difficile de cracher dans la soupe à l’écoute des brulots qu’il propose sur ce premier album. Entre ces cavalcades menées le couteau entre les dents, ces riffs particulièrement nerveux qui n’ont de cesse de cravacher, ces leads et autres solos intenses parfaitement exécutés qui apportent une dimension mélodique supplémentaire à chaque composition, ce chant arraché et constamment sur la brèche (avec en bonus ces paroles hurlées en polonais pour un charme supplémentaire) et bien entendu ces ralentissements bien sentis et tout à fait nécessaires pour apporter à l’ensemble ce qu’il faut de contraste et de variété (avec quatre morceaux affichés à plus de cinq minutes, voir le groupe lever le pied est assurément un plus non négligeable), rien ne manque à la formule déroulée avec énergie et passion par nos quatre Polonais qui effectivement ne chambouleront pas ce genre qu’est le Thrash mais qui ne manqueront pas d’enthousiasmer tous ses amateurs, notamment ceux de la première vague.
Respectueux de traditions vieilles de plusieurs décennies, SexMag perpétue donc avec brio l’héritage d’un Thrash ancestral se distinguant par son approche radicale et dépouillée (encore une fois sans jamais manquer de relief) et ses ambiances blasphématoires saisissantes. Pour autant, derrière ce caractère primitif se cachent des compositions particulièrement bien écrites, servies par des riffs toujours hyper efficaces et faisant preuve d’une ambivalence suffisamment évidente pour être un plus et ne pas desservir le propos des Polonais qui finalement mènent leurs assauts toujours bon train. Alors c’est vrai, Sexorcyzm n’a rien de bien nouveau à nous offrir mais on ne va pas se mentir, chaque écoute reste un véritable plaisir. Un constat sans appel qui fait de ce premier album une des sorties de 2025 à ne pas occulter. À vous de jouer donc...
| AxGxB 23 Juin 2025 - 591 lectures |
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