Retromorphosis - Psalmus Mortis
Chronique
Retromorphosis Psalmus Mortis
Au début des années 2000 et en seulement trois albums mémorables SPAWN OF POSSESSION a durablement marqué l’histoire du Death Technique par son implacable précision et sa violence incandescente, montrant ainsi que le vieux continent n’avait rien à envier aux américains dans ce style si exigeant. Si la séparation officielle du groupe en 2017 a laissé nombre de fans inconsolables on ne peut en revanche que se réjouir de revoir jouer ensemble quatre des membres présents sur le monstrueux « Incurso » (seul le batteur Henrik Schönström étant absent de l’aventure), sous ce nouveau nom de RETROMORPHOSIS... visiblement bien décidés à refaire parler la poudre avec la même fougue qu’il y a treize ans maintenant. Epaulée derrière les fûts par l’expérimenté KC Howard (ODIOUS MORTEM, ex-DECREPIT BIRTH) la formation aux accents internationaux va reprendre là où elle s’était arrêtée il y a désormais huit années, avec toujours la même fougue et une inspiration qui n’a pas faibli d’un iota. Du coup on peut légitimement dire que ce « Psalmus Mortis » va facilement atteindre le même niveau que le disque précédemment cité (tout comme « Cabinet » et « Noctambulant ») et se placer directement parmi les meilleures réalisations de 2025, où il y a de bonnes chances qu’on le retrouve dans les bilans de clôture de celle-ci.
En effet malgré le temps qui passe les gars n’ont absolument pas perdu la main et ils vont le prouver directement dès la fin de la courte introduction (« Obscure Exordium ») avec le rutilant et équilibré « Vanished », où l’on va retrouver tous les éléments qui ont fait leur charme. Proposant ainsi un mélange impeccable de parties blastées et débridées qui alternent régulièrement avec des lourds ralentissements (où les instruments ne cessent de jouer dans tous les sens), on est tout de suite happé par la qualité de l’écriture comme par la fluidité de l’exécution musicale qui a la bonne idée de ne jamais partir trop loin dans le délire… et ce malgré le haut niveau proposé qui peut rebuter certains non-initiés. Car même sans être amateur de technicité outrancière il faut bien reconnaître qu’ici malgré son niveau impressionnant et imposant tout cela reste néanmoins accessible et sans excès, preuve de la maturité des membres de l’entité qui sans tomber dans la facilité exploitent à merveille toute leur panoplie rythmique… un constat que « Aunt Christie's Will » va parfaitement dévoiler. En effet ici l’ensemble va montrer un groove plus imposant en jouant plus fortement sur le grand-écart et en privilégiant ainsi l’accroche globale à la furia outrancière, vu que ça se montre presque accessible sur certains points tout en voyant la lourdeur plus marquée comme le tabassage sans que grand-chose ne se greffe entre les deux. Cependant tout cela est remuant à souhait et provoque une irrémédiable envie d’en découdre comme de secouer la tête comme un forcené, vu que le rendu défile vivement sans qu’on n’y trouve rien à redire, comme la doublette « Never To Awake » / « The Tree » va le prouver une fois de plus. En effet ici les montagnes russes sont encore plus accentuées que précédemment et cela créé ainsi un résultat où techniquement ça monte d’un cran supplémentaire, aidé en cela par des accents tribaux redoutables d’où émergent une virulence amplifiée comme des pans entiers massifs à la noirceur absolue, mais toujours ponctués de cassures à foison où l’on a nul point d’accroche pour espérer sortir de cette tempête sonore absolument jouissive.
Car bien qu’ayant à peine passé la moitié du disque on ne peut déjà qu’adresser des félicitations nourries à ses créateurs qui se surpassent à tout point de vue, n’offrant seulement que des restes à la concurrence qui va avoir du mal à suivre. Et ça n’est pas avec l’équilibré et puissant « Retromorphosis » que tout cela va diminuer, vu qu’ici on retrouve avec subtilité toute la variété rythmique du combo qui fait encore des malheurs en balançant ses riffs aiguisés et sa batterie sèche et intense, sur fond de lead aux légers accents mélodiques qui amènent tout du long de ce long-format une respiration bienvenue et bénéfique (tout comme les légères nappes de claviers qui enrobent régulièrement l’ensemble des compositions). Et même quand il se montre plus ambitieux le quintet réussit toujours à faire mouche avec le surprenant « Machine » plus clinique et froid où émergent quelques relents Progressifs discrets mais efficaces, calés entre des déferlantes à la fois brutales et imposantes et où côté intensité (comme en démonstration) les accords des guitares comme les patterns du batteur grimpent à leur maximum. Si l’on est presque à la limite du trop-plein cet écueil n’est heureusement pas franchi malgré une durée générale de cette plage (neuf minutes quand même !) assez excessive, et qui n’aurait rien perdu de son attractivité en se montrant un peu plus courte. Et histoire de terminer dignement cet enregistrement les gars vont revenir aux fondamentaux et à la simplicité avec l’impeccable « Exalted Splendour » qui fait mal au cou une fois encore, de par sa virulence maximale et l’énergie qui en découle sur fond de rapidité exacerbée et présente de façon quasiment continue.
Idéal donc pour clôturer dignement les débats cet ultime jet est du même tonneau que tous ceux qui sont passés auparavant, et de fait ce "retour" inespéré a tout ce qu’il faut pour marquer les esprits vu que c’est un véritable coup de pied au cul qu’on se prend de la première à la dernière seconde… et on en redemande en plus avec un plaisir non dissimulé. Proposant en prime une durée d’écoute conséquente tant on aura besoin de temps et d’attention pour maîtriser et saisir toutes les notes et arrangements (qui se révèlent au fur et à mesure en qualité comme en quantité), il est donc indéniable que cette métamorphose va vieillir correctement et passer aisément le cap de la temporalité. A voir donc si cela va juste rester un projet éphémère ou s’éterniser dans le futur, mais dans tous les cas on a le sourire jusqu’aux oreilles de voir Dennis Röndum et ses comparses revenir sur le devant de la scène, en continuant le travail de sape commencé au début du siècle. Autant dire que rien que pour ça on peut déjà être largement satisfait et envoyer nos chaudes félicitations pour ce come-back inattendu mais d’ores-et-déjà réussi, qui mettra une bonne torgnole bienvenue à tout le monde… et toujours en y prenant plaisir, ce qui est évidemment encore mieux !
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