Aeterna Tenebrae - Anima Mortalis Ars Perpetua
Chronique
Aeterna Tenebrae Anima Mortalis Ars Perpetua
Si AETERNA TENEBRAE n’est clairement pas la formation la plus connue de l’Hexagone elle mérite pourtant vraiment que l’on s’y attarde, vu que même si elle a jusqu’à présent manqué clairement de visibilité elle a de nombreux arguments à dévoiler de fort belle manière via un Black Metal épique et mélodique aux influences Pagan voire même Heavy. Si l’on retrouve ici le duo de LETHIFERE (Bertrand Cunin / François Colas) on est cependant bien éloigné de ce projet annexe, vu que ce second album qui fait suite à un premier jet publié il y a un peu plus de quatre ans va se montrer particulièrement réussi et aguicheur, vu que toute l’expérience de ses membres va se faire entendre instantanément... à l’instar de l’écriture fluide et sans faute de goût, aidée en cela par une durée jamais excessive et une relative accessibilité du côté des compositions.
Car effectivement on va être musicalement très loin d’un matraquage en règle digne d’INFERNAL WAR ou de MARDUK mais cela n’est pas grave vu que ça va être en total raccord avec le contenu proposé, preuve en est dès l’ouverture intitulée « Apparition » où l’on va entendre une classique variation rythmique entre blasts ravageurs et passages plus lents et rampants, complétés par une ambiance glaciale où chaque note semble être là pour briser une épaisse couche de glace d’où émerge un certain sens de la mélancolie. Si la production un peu molle pourra en faire tiquer certains cela ne va pas nuire à la puissance et à l’attractivité de chacun des morceaux, vu que ceux-ci passent absolument facilement le cap des écoutes tant l’alternance des tempos y est impeccablement menée et se mêle à merveille à ce mélange de neige et d’obscurité, qui apparaît dès que les gars relâchent la pression pour franchement accélérer. D’ailleurs cette froideur va rester en permanence présente comme pour éviter une fuite de l’auditeur, piégé dans ces températures en-dessous de zéro… et ce surtout quand le résultat est encore plus épuré et débridé, tel que le propose « Obstination » où ici le rendu est épique à souhait grâce à une violence décuplée (mais qui n’en oublie pas de ralentir) afin de créer une incitation au combat et de traquer l’ennemi dans les forêts enneigées, malgré le climat hostile. Cela ressort encore plus sur « Insinuation » qui s’enchaîne dans la foulée et joue clairement sur la guerre frontale et sans concessions, tant le tabassage et l’explosivité permanente sont ici mis en avant pour mieux annihiler toute volonté de résistance. Si on était ici en présence du moment le plus explosif et radical la suite va au contraire lever le pied pour plus miser sur les atmosphères, grâce à l’apport discret mais efficace d’un clavier lumineux qui crée ainsi une densité supplémentaire. On retrouve cela sur le solaire et éthéré « Conviction » où le rythme en médium est ici la norme afin d’obtenir un résultat hypnotique, précis et où les émotions se dévoilent plus facilement du fait d’une lumière plus que jamais imposante… constat partagé par « Propagation » qui arrive juste après où là encore la virulence s’efface au profit d’accents mélodiques et tristes conséquents. Car ici les riffs semblent provenir du bon vieux Heavy Metal à l’ancienne tout comme le jeu du frappeur binaire à fond mais efficace pour créer le rendu souhaité, où tristesse et espoir se côtoient intelligemment comme pour miser sur les deux tableaux et facettes de la musique de l’entité.
D’ailleurs après cette transition absolument délicieuse qui a confirmé que son écriture est bien plus profonde qu’elle n’en a l’air de prime abord (lui donnant ainsi une vraie crédibilité en jouant sur ce mélange des genres), le combo va revenir aux fondamentaux via « Instrumentation » où tout n’est que haine et rage menée à cent à l’heure et où l’on est pris dans un tourbillon opaque d’où il est impossible de trouver un once d’espoir au milieu de ce minimaliste, qui n’est pas sans rappeler le boulot effectué récemment par les excellents MIASMES. Cependant histoire encore une fois de brouiller les pistes « Séquestration » va faire un virage à 180° en ralentissant totalement l’allure, jusqu’à obtenir un tempo typiquement Doom qui va nous embarquer dans une mer de noirceur où le Depressive Suicidal n’est pas très loin… vu que tout y est entêtant et linéaire, sans pour autant être ennuyeux. S’il était facile de tomber dans le piège avec cet exercice si compliqué le binôme y parvient aisément grâce à son expérience, et en proposant quelque chose de sobre mais qui n’en fait jamais des caisses sans tomber dans le ridicule, vu qu’on a l’esprit envahit par ces tourments intérieurs monolithiques et réussis. Et comme pour obtenir une piqûre de rappel tout cela va se finir par « Contemplation » et « Disparition » où l’équilibre des forces va faire son retour, afin de donner une ultime piqûre de rappel à tous ceux qui auraient déjà oublié ce qu’il s’était passé auparavant, et qui finiront d’être convaincus (s’ils ne l’étaient pas déjà) par la qualité de ce long-format sans surprises mais rondement mené.
Alors oui c’est parfois un peu trop facile dans l’exécution et ça se termine souvent de manière un peu abrupte (alors qu’on aurait bien continuer le voyage), mais il n’y a guère de choses à reprocher à ce disque qui fait le métier sans chercher forcément plus loin. S’il est certain que ça ne marquera pas l’année de son empreinte et que les puristes trouveront cela un peu trop gentillet il serait néanmoins de bon ton de se pencher sur cette galette qui ne manque pas d’arguments, tant elle s’écoute facilement et se montre relativement homogène sans traîner en longueur (vu que chacune de compositions tourne aux alentours des cinq minutes), même si pour grimper plus haut dans la hiérarchie nationale il faudra montrer un peu plus que ça à l’avenir. Cependant l’on ne peut que saluer vigoureusement le travail fourni ici qui montre une vraie ouverture d’esprit musicale (et cela devient rare de nos jours), tout comme proposer quelque chose qui ratisse aussi large sans tomber dans l’excès de trop-plein et de vouloir en faire des tonnes. Tout cela n’est absolument pas le cas ici et cela est franchement appréciable, et de fait on sera encore plus exigeant avec les deux acolytes à l’avenir vu qu’on sait qu’ils sont capables d’élever encore un peu plus leur niveau (comme ils l’ont déjà fait d’ailleurs par rapport à leur précédente livraison) et ainsi de proposer une expérience encore supérieure et aguicheuse… sans doute sur le troisième volet de leurs aventures... on l’espère en tout cas.
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