Death Posture s’étant dès sa sortie imposé comme l’un des meilleurs albums de Death / Grind de ces dix dernières années, on était légitimement en droit de s’imaginer que Caustic Wound, naturellement conscient de l’enthousiasme suscité, souhaiterait capitaliser sur son succès en embrayant le plus rapidement possible sur une suite à même de créer au moins autant d’excitation. Pourtant, il aura fallu cinq longues années aux Américains pour accoucher de ce deuxième album que je m’apprête à chroniquer. Une situation qui doit probablement beaucoup au line-up deluxe qui se "cache" derrière l’entité et donc à un agenda relativement chargé puisque depuis 2020 et la sortie de
Death Posture, Mortiferum a effectivement sorti un nouvel album (suivi de ces tournées et autres dates de concerts qui vont avec) et surtout Clyle Lindstrom à quant à lui déménagé au Texas certes en mettant fin aux activités de Cerebral Rot mais en débutant néanmoins dans la foulée un nouveau projet baptisé Corpus Offal en compagnie de quelques nouveaux copains... Bref, vous voyez le tableau.
Ce disque intitulé
Grinding Mechanism Of Torment est ainsi paru la semaine dernière sur le label canadien Profound Lore Records. Composé de seize nouveaux bourre-pifs pour une durée qui n’excède toujours pas la demi-heure (vingt-huit minutes en l’occurence), ce deuxième album est passé cette fois-ci entre les mains du producteur Andrew Oswald (Adzalan, Ash Borer, Dagger Lust, Mortiferum, Superstition, Triumvir Foul, Utzalu...). Vraisemblablement sujet à débat si j’en crois certains échanges sur notre propre Discord, celle-ci ne fait pourtant aucun compromis se révélant une fois de plus particulièrement abrasive et implacable et surtout assez proche du travail effectué à l’époque par Detto Vincent Detto et Dan Lowndes sur
Death Posture. Précisons tout de même que l’écoute de l’album via Bandcamp plutôt que via les fichiers .mp3 trouvés sur Internet donne à entendre un album tout de même un petit peu plus coriace et imposant ce qui pourrait expliquer l’origine de ces mécontentements...
Quoi qu’il en soit et en dépit de ces deux-cent soixante semaines qui les séparent (enfin à la louche), ce nouvel album n’est évidemment pas très différent de son redoutable prédécesseur puisque c’est au son de ce même Death / Grind punitif que Caustic Wound scelle ces retrouvailles. En effet, à l’instar de son prédécesseur, les Américains exécutent leur formule au son de brûlots dont la durée n’excède pas dans la grande majorité des cas les deux minutes. Autant vous dire qu’une fois de plus Caustic Wound n’est pas là pour faire semblant lui qui enchaîne les riffs nerveux pas bien compliqués et autres salves de blasts toujours aussi frontales. Alors c’est vrai, la formule n’est pas nouvelle et est toujours aussi limitée (même si les Américains ne sont pas sans y apporter quelques nuances) mais comment rester de marbre face à de tels bourre-pifs dont la seule motivation est de rendre n’importe quel auditeur complètement zinzin ? En effet, de l’expéditif "Grinding Mechanism Of Torment" torché en moins de trente secondes au très dansant "Blood Battery" en passant par "Human Shield" et "Advanced Killing Methods" qui tous les deux ne débandent jamais, "Drone Terror" et ces pointes de groove particulièrement bien senties et les onze autres que je ne vais quand même pas citer, difficile de ne pas ressentir l’irrépressible envie d’absolument tout déglinguer autour de soi... Une intensité folle accentuée par de nombreux leads et autres solos chaotiques et bruyants toujours à point. Bref, ça ventile dur du côté de Caustic Wound qui en cinq ans n’a donc strictement rien perdu de son savoir-faire ni de son expertise en matière de ramonage et autres nettoyages de conduits à la chaux.
Mais si les Américains jouent effectivement les gros bras à coups de matraques et autre distributions de soufflantes toujours aussi bien placées, Caustic Wound n’est pas sans apporter ce qu’il faut également de relief afin de rendre encore plus efficace sa formule. Pour ce faire, le groupe américain aime à ralentir la cadence à l’aide de séquences et autres passages particulièrement chaloupés qui font clairement oublier cette baisse flagrante d’intensité par des petites touches de groove particulièrement irrésistibles. Quoi de mieux que tous ces passages entendus sur "Blood Battery" à 1:24, le début particulièrement menaçant de "Drone Terror" ainsi que ces derniers instants tout aussi inquiétants, les premières secondes bien lourdingues de "Blackout" et "Legacy Of Terror", l’entame de "The Bleed Rail" puis à partir de 1:25, "Infinite Onslaught" à 1:18 et ainsi de suite à pour reprendre un peu des couleurs et masser notre corps tuméfié après ces distributions de mandales quasi-ininterrompues. Outre ces moments beaucoup plus groovy, Caustic Wound nous offre également quelques instants toujours assez dynamiques mais bien moins tendus et intenses. Des instants menés à coups de toupa-toupa et qui tranchent effectivement de manière assez significative avec le rythme général effectivement nettement plus soutenu.
Comme on pouvait l’espérer, c’est un retour auréolé de succès auquel nous assistons aujourd’hui avec ce
Grinding Mechanism Of Torment. Certes, Caustic Wound n’a rien chamboulé de sa recette mais ce n’est clairement pas ce que l’on attendait de lui. Non, ce que tout le monde espérait c'est une suite au moins aussi redoutable et jusqu’à avis contraire (et argumenté) c’est bien ce que l’on peut constater à l’écoute de ces vingt-huit minutes punitives qui une fois de plus ne font aucunement dans la dentelle. Et si les Américains ne nous surprennent pas ici, on appréciera tout de même de les voir prendre leur temps avec un "...Into Cold Deaf Universe" de près de sept minutes dispensé en toute fin de parcours. Entre lourdeur Sludge industrielle et poisseuse et Death / Grind absolument furieux, Caustic Wound s’adonne à un bel exercice de style qui donne à voir non pas un visage complètement différent mais une facette néanmoins intéressante. Bref, une fois de plus ça déglingue de A à Z et c’est bien là tout ce que l’on attendait des Américains. Ni plus, ni moins.
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30/04/2025 09:26