Gusoh - 花
Chronique
Gusoh 花 (EP)
(Hana)
GUSOH est un groupe japonais récent qui avance très lentement depuis quelques années. Il avait sorti une demo d’une quarantaine de minutes en 2019, passée plutôt inaperçue, ainsi qu’un EP de 6 morceaux en 2022, intitulé Hana. Avec 6 compositions, il cumulait 30 minutes. Il était sorti lui aussi sous les radars de la plupart du public car il n’était soutenu par aucun label. Et c’est bien difficile de se faire découvrir quand on est du pays du soleil levant et que l’on n’a que Bandcamp comme fenêtre vers le monde. Heureusement Zero Dimensional Records, l’écurie liée au black metal la plus connue du Japon, était comme toujours au taquet et elle a proposé à GUSOH de présenter cette sortie à un tirage plus décent, avec en prime trois bonus : les versions demo de trois des six morceaux.
GUSOH a été créé à l’origine par un seul homme, et il a le même nom : Gusoh, qui peut être écrit en japonais, 愚僧, et qui se traduirait alors par « Maniérisme ». C’est très important car ceux qui connaissent un peu la scène black metal japonais doivent se souvenir d’une formation qui portait ce nom : MANIERISME ! Elle a traumatisé tous ceux qui pouvaient jouir à l’écoute d’un croisement entre le cracra des Légions Noires et des mélodies décadentes dégueulasses. Gusoh en fait partie et il en a repris certains éléments, musicaux surtout. C’est-à-dire que les mélodies sont omnirésentes, mais qu’elles sont stridentes et ne cessent de dérailler et de maltraiter les oreilles. Par contre, notre homme n’est pas tout seul. Il ne s’occupe que des vocaux et de la construction des compositions, épaulé par deux musiciens : Iguchi aux guitares et à la basse et Nabekura à la batterie.
J’ai cité MANIERISME, et le groupe le cite lui-même au dos de son album, mais les influences et le résultat sonore sont plus larges. Gusoh chante en japonais des thématiques mélancoliques et nostalgiques, influencées par les œuvres de Georges Bataille, de Cioran et de Fernando Pessoa. Il est touché également par la musique de son pays et l’une des compositions de cet opus est en réalité une reprise d’un titre de Akihiro Miwa, artiste travesti de cabaret depuis les années 1950 et grand ami (voire plus) du célèbre Yukio Mishima. Ses chansons parlaient aussi de tragédies, et celle-ci, appelée « 暗い日曜日 », se traduit par « un dimanche sombre », en référence au suicide d’une connaissance.
La musique de GUSOH n’est pas très joyeuse, ni même combattante. Elle se veut plutôt le constat d’une vie sans issue, sans grands espoirs. Il y en a, mais tellement petits, tellement loin, tellement inatteignables. Gusoh prend une voix torturée pour manifester ces sentiments, mais son timbre n’est pas du tout black metal, ni même nécessairement metal tout court. Là aussi il cède à sa nationalité et se rapproche des voix de vieux groupes de visual key. Ce sera sans aucun doute irritant ou déstabilisant pour beaucoup. C’est cependant ce qui fait l’identité du groupe, dont la musique peut vite devenir addictive si elle est comprise : du visual black mélancolique désespéré...
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