Un
one-man band français qui joue du
black metal instrumental, j’ai déjà pas mal donné de ma personne avec
TENEBRISME qui ne fait rien pour simplifier la vie trépidante d’un chroniqueur. Mais là nous remontons du côté de Strasbourg afin de découvrir
SOUILLÉ et son premier LP, «
L’odeur du mépris ». Six compositions dénuées de chant donc, j’avoue que les mots me manquent un peu pour en parler, n’osant pas effectuer un simple copier-coller de la description affichée sur le Bandcamp. Cela serait trop simple et n’aurait pas grande valeur.
« Qu’étouffent tes fidèles archanges » ne m’a pas mis dans les meilleures dispositions. Il y a des plans de guitares qui accrochent fortement (à 01:50 notamment), la fin avec son
fade out précipité sonne comme un défaut au niveau des finitions, l’impression que
Defiled ne savait pas vraiment comment clôturer sa composition… Heureusement ce sentiment d’approximation ne reviendra pas. Ainsi, « Misérable que je suis » développe des ambiances davantage
post, intéressantes, pas transcendantes mais plutôt bien maîtrisées et l’on sent vite qu’il y a du fond dans ces morceaux, la volonté d’exprimer une forme de poésie sombre dont les quelques claviers relèvent le mysticisme, l’ode à la nature.
De plus, le compositeur ne perd pas de vue sa volonté de jouer du
metal, à l’image du puissant « Dénégation », une composition sur laquelle quelques vocaux hurlés ne feraient pas de mal. Bon sang j’ai vraiment du mal avec le tout instrumental, surtout lorsque c’est du
black, j’ai l’impression que c’est un non-sens en fait. Aidez-moi en commentaire, donnez-moi des exemples de formations
black 100% aphones parce que pour moi il manque définitivement un truc, comme si j’écoutais des maquettes de guitaristes avant que la grosse feignasse de chanteur daigne poser ses lignes vocales.
Mais cette remarque, celle d’un esprit chagrin, ne doit pas occulter le travail réalisé par le Strasbourgeois au cours de ces trente-sept minutes. Il y a la volonté de travailler les ambiances, de sonner parfois très cru (« Sans souillure morale ») dans l’attaque des guitares mais sans jamais se départir d’un habillage soigné. Je sais ce que ce genre de projet représente, le temps qu’il faut y consacrer (s’enregistrer, piste après piste, passer des heures devant un logiciel de montage, équilibrer, refaire…), la force morale que cela demande lorsqu’on est seul pour arriver au bout, rien que pour tous ces efforts je ne pourrai jamais dire de mal d’une personne pilotant seule son projet. Après, je peux aussi m’interroger sur la pérennité d’une telle œuvre et, surtout, sur la capacité de
SOUILLÉ à progresser ainsi qu’à développer son univers, que je le sens encore trop partagé entre deux mondes : celui du
black metal, pour les tonalités, l’esprit global, mais également celui d’une musique plus introspective, automnale, et qui tend à avoir mes faveurs. En effet, je le redis, autant les parties les plus dures manquent pour moi d’une voix qui les bonifierait, autant les passages les plus calmes m’invitent à la lecture, à l’introspection, trame de fond sonore à une auto-psychanalyse dont il ne sortira rien d’autre que la petitesse d’une vie étriquée, un engoncement dans des carcans sociaux.
Je sais, je mets des mots bien présomptueux sur une musique qui ne l’est pas. L’humilité est au contraire palpable dans cet album et c’est finalement ce que je regrette :
Defiled, seul dans son coin, compose des chansons qui feraient la joie de nombre de groupes et, musicalement, je crois que nous y gagnerions. Alors, certes, l’homme perdrait de son autonomie, mais je pense que cela l’aiderait à recentrer son propos parce que le
beat principal que j’entends sur « Sombre lumière », c’est celui d’un
THE FAINT sur «
Doom Abuse », soit de l’
électro rock, pas du
BM, ceci finissant de me faire décrocher de cette sortie dont je peine à saisir les objectifs finaux. Car au-delà de nous partager ses états d’âme, ce qui est toujours émouvant évidemment, et je dis cela sans ironie aucune, il reste que j’ai du mal à percevoir ce vers quoi tendra demain le concept.
De mon point de vue, étroit, je sens qu’il faudrait purement gommer la dimension
black de la musique afin de renforcer ses aspects
post rock, plus percutants, davantage personnels et se prêtant mieux au tout instrumental, d’autant que c’est dans ces instants que les compositions dévoilent leur meilleur visage, aussi, si jamais il y a une suite, je serai curieux de l’écouter.
Par Jean-Clint
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Par Sosthène
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Par Sakrifiss
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