Samael Cooper, l’homme, n’a vraisemblablement pas le temps de niaiser. Point de tequila ou de Heineken (si jamais tu as la référence) pour lui, juste du
black metal, à outrance, et ce depuis 2022. Je dis à outrance car outre la vingtaine de singles déjà parus,
SAMAEL COOPER, le groupe, compte également un EP et cinq albums avec ce «
The Ancient Black Metal Files Part III ». C’est beaucoup, je ne dirai pas que c’est trop car son évolution dans un laps de temps aussi court est impressionnante.
J’avoue qu’au début, je n’ai pas forcément pris le projet trop au sérieux. Les pochettes de «
New World Order » et « Kabbalah for Everyone » me semblaient trop criardes et sans lien thématique entre elles, quant à «
Les plus belles chansons de Noël », si les reprises
black metal de « Petit papa Noël », « Vive le vent d’hiver » ou « Mon beau sapin » peuvent prêter à sourire, ça ne respirait pas non plus le génie, leur préférant à titre personnel « All I Want for Christmas Is You » de Mariah Carey évidemment, une belle âme rembourrée vendue comme il se doit à Satan Claus. Cependant, en 2023 le groupe entame la série des «
The Ancient Black Metal Files » et, rien que sur un plan esthétique, nous constatons que le musicien a trouvé sa voie, une espèce de satire biblique en style
comics dans un noir et blanc sobre au rendu vraiment
cool (adjectif certes fourre-tout mais je ne trouve pas mieux pour l’instant). Cela change et ça fait du bien. Aussi, lorsque j’engage l’écoute, je m’attends sincèrement à ouïr un truc sérieux, à la hauteur des efforts visuels réalisés. Là, point de déception.
Si l’appellation
apocalyptic bestial black metal semble un peu exagérée sur le papier, il est indéniable que l’approche crue et rudimentaire du genre positionne
SAMAEL COOPER parmi les nouveaux plus féroces pourfendeurs des monothéismes. Clairement, je ne m’attendais pas à un tel déferlement de violence de la part du Lyonnais : les tempos sont systématiquement blastés, les riffs te vrillent le cerveau (« FFF »), l’ambiance de guerre permanente m’évoquant les débuts d’
ANTAEUS, «
De Principii Evangelikum » en particulier, en moins massif et compact, plutôt pour des questions d’intensité, avec ces vocaux possédés qui empruntent souvent des tonalités
death metal lorsqu’il s’agit d’obscurcir un passage.
Une musique qui sent la vérole donc, la famine, la misère, la haine larvée qui s’extériorise en meurtre de masse, avec une détestation de chaque instant des religions (« Torah Chadashah », « Moses Never Existed », « Burning the Quran Brings Light », « Eli Eli »). Bon, là je n’en vois que deux qui sont principalement ciblées mais comme par le passé il y eut des titres tels que « Burn Churches » ou « Vatican coup d’état », je me dis peut-être naïvement que tout le monde en prend pour son grade. Après, si le groupe développe une fixation sur le judaïsme et l’islam, j’avoue que cela ne me fait ni chaud ni froid, sachant que rien ne m’incite à aller vers cette théorie (du complot, c’est entendu). Il faudrait donc appréhender ce «
The Ancient Black Metal Files Part III » pour ce qu’il est, à savoir une pièce de
metal chauffée à blanc aux flammes de l’Enfer, avec pour seule et unique ambition de déverser la haine, le chaos, la terreur, chose dont s’acquitte parfaitement
SAMAEL COOPER tout au long de ces onze morceaux. Oui la musique développe parfois des atmosphères irrespirables, oui sa densité constante occupe tout l’espace et empêche la réflexion, la prise de recul, afin de mieux laisser s’exprimer la part de primate ultra violent en nous.
C’est vrai qu’autant de radicalité, l’agression est constante, pourrait sur la durée fatiguer l’auditeur le plus aguerri. J’avoue moi-même avoir parfois marqué quelques temps d’arrêt, histoire de sortir la tête du brasier. Mais si je mets de côté cet excès d’outrance, sachant que j’ai profité de mes pauses pour parcourir les deux volets précédents, je ne peux que louer les progrès qui ont été faits, notamment en termes de production. En effet, si la violence perverse était déjà une composante forte, le groupe a su se doter d’une sonorisation plus puissante, plus claire également, qui bonifie réellement le projet et l’aide à atteindre ses objectifs d’éradication des croyances traditionnelles.
Par conséquent, si jamais j’ai pu avoir des réticences avant de lancer cet album, elles ont été balayées en moins de deux minutes. En revanche, j’ai du mal à croire qu’il s’agisse de la même formation sur les deux premiers albums («
New World Order », « Kabbalah for Everyone ») car si la voix est déjà là, le style lui pique un peu, davantage
death et largement moins intéressant que ce qui est proposé dans cette trilogie (qui n’est peut-être pas terminée d’ailleurs), même si une composition telle que « The Light of Satan » s’avère excellente.
4 COMMENTAIRE(S)
17/05/2025 10:59
Il suffit de changer 2 lettres et c'est mon prénom et nom. Samael et Alice Cooper sont 2 groupes que j'aime beaucoup mais j'avais pas vraiment ça en tête quand j'ai choisi ce nom, peut être inconsciemment car au début le projet était pas trop sérieux, je voulais simplement quelque chose qui sonne métal ????
17/05/2025 10:51
Je cible les 3 grandes religions monothéistes. À la fois luciférien et humaniste, je n'ai pas de haine envers les gens, seulement les dogmes. J'ai créé une nouvelle religion, la Nouvelle Église catholique (sorte de cheval de Troie mystique), dont les messes sont diffusées sur YouTube le dimanche matin.
Des titres comme "Torah Chadashah" et "Eli Eli" sont en hébreu, le premier critique les dogmes, le second est un poème de Hannah Szenes.
Je suis aussi contre les dictateurs et les politiques de toutes tendances.
Et aussi : j'ai repris des instrumentaux de Samael Cooper et y ai ajouté des synthés pour un projet parallèle : Samariel (2 albums sur Bandcamp).
Encore merci pour avoirnpris le temps d'écrire cette chronique bienvaillante et détaillée, ça encourage beaucoup pour continuer. ????
17/05/2025 09:31
16/05/2025 20:35