Norrhem - Aurinko Ja Teräs
Chronique
Norrhem Aurinko Ja Teräs
[ A propos de cette chronique ] Toujours aussi régulier dans ses sorties sous les formats les plus divers c’est avec un réel plaisir que l’on voit aujourd’hui revenir le combo avec un nouvel album sous le bras, une excellente nouvelle en soi vu que l’on n’a jamais été déçu par sa musique qui avec le temps s’est faite de plus en plus majestueuse et symphonique… sans jamais y perdre en agressivité ni obscurité. Si certains avaient pu reprocher au pourtant très bon « Elonkehrä » d’aller un peu trop loin dans le grandiloquent (et de reprendre aussi les mêmes éléments que le tout aussi impeccable
« Koitos ») ils vont aujourd’hui être satisfaits, car sans doute conscient de cela (et peut-être aussi lié au sentiment d’être arrivé au bout de cette vision majestueuse) le groupe livre ici sa réalisation la plus sombre et radicale, sans pour autant jeter aux oubliettes ses accents épiques et guerriers qui ont fait son charme. Si depuis le Split avec SIELUNVIHOLLINEN le batteur Mikael Aarnio (et cofondateur de la formation) a mis les voiles, on avait également perçu le début d’une évolution musicale qui prend corps officiellement (d’ailleurs on retrouve sur ce quatrième opus le morceau-titre déjà présent lors de ce boulot en commun) avec six nouvelles plages rugueuses et énergiques… à l’identité finlandaise toujours très affirmée.
En effet si les sensations neigeuses et hivernales sont encore bien présentes les longues nuits de cette période vont ici dévoiler un visage plus inquiétant, où la Lune d’habitude présente va être masquée cette fois par une horde de nuages pour offrir un ciel d’encre porté par un fort vent et où l’on ressent toute la résistance locale durant la seconde guerre mondiale… histoire récemment mise en lumière par l’excellent livre d’Olivier Norek ("Les guerriers de l’hiver"). D’ailleurs tout cela va apparaître dès la courte introduction (« Kun Painuvi Päät ») où le son du synthétiseur va être d’une grande tristesse d’où émerge une certaine mélancolie et où le deuil n’est jamais bien loin... avant que le souvenir du défunt n’apparaisse sur l’impeccable « Tuliholvin Alla ». Jouant en continu sur un rythme médium rampant et répétitif ce titre met en exergue l’approche imminente des combats avec sa noirceur et aussi cette légère brume pour ajouter à l’inconnu à venir, afin d’offrir quelque chose d’éthéré mais où la violence n’est cependant pas absente. Avec son écriture simple et sans chichis ce démarrage offre déjà une bonne idée de la suite à venir où les atmosphères vont être bien présentes sans jamais tomber dans le pompeux, le tout sur fond de guitares agressives noyées dans un blizzard pour offrir ainsi un sentiment de perdition comme de peur omniprésente... à l’instar du puissant « Teräsmyrskyssä ». Se montrant particulièrement rythmé et épique (on a clairement envie de headbanguer à de nombreuses reprises) le rendu va même proposer quelques rasades de blasts pour dire que les combats ont commencé, et si l’on retrouve quelques accents fantastiques des dernières livraisons de la bande tout ceci ne sert qu’à faire diversion… tant l’accroche est immédiate et l’écriture incisive avant de lancer « Sydänverellä » qui est la suite logique de tout cela. En effet la virulence va encore augmenter tout en gardant le tempo sur le médium, faisant ainsi déferler les tanks et les tirs en rafale dans la neige immaculée qui devient rouge sang avec son entrain communicatif qui sert presque de propagande... mais l’ensemble va ensuite nous réserver quelques surprises. Car la rythmique va lever le pied pour ainsi fortement ralentir comme pour dire qu’il y a une pause au milieu de ces assauts constants via l’apport de notes acoustiques du plus bel effet, servant donc de parfaite transition avant la remise en route des armes sur fond de plans remuants et de voix haranguant les troupes pour mieux repartir au front comme préparer l’arrivée au Valhalla.
D’ailleurs ce paradis tant recherché va être mis en exergue sur l’interlude « Mullan Marttyyrit », où les chants religieux se mêlent à la guitare sèche pour un moment propice au recueillement et au souvenir envers les braves qui viennent de tomber sous les balles ennemies... et ce avant que l’on ne retourne combattre sur le chaotique et virulent « Aurinko Ja Teräs ». Car ici toute la patte de l’entité va être mise en avant aussi bien celle proposée à l’heure actuelle que dans un passé proche, et de ce côté-là c’est totalement réussi vu que ça frappe vite et fort tout en n’hésitant jamais à varier ce qu’il faut pour augmenter comme réduire la pression tout en étant direct et sans concessions, permettant ainsi de jouer sur la luminosité comme le noir le plus impénétrable (prouvant ainsi que les bombardements se font plus virulents et destructeurs vu qu’on sent un coté autoritaire faire sa loi plus fermement). Et pour continuer tout cela de manière chronologique le martial et quasi industriel « Hävitetty Maa » va faire encore monter l’autorité militaire, présentée ici lardée de leads discrets mais efficaces et de ressenti doux-amer où l’on gèle instantanément au milieu de cette glace et températures polaires, qui se sont encore plus accentuées par rapport au début des hostilités. Proposant une certaine mélodie mais aussi herméticité de par ce thermomètre qui ne cesse de descendre sous le zéro cette composition signe l’ultime résurgence de brutalité, avant que l’heure ne soit définitivement à l’armistice ou à la capitulation, qui intervient sous le nom de « Taistelusta Taisteluun ». Car après ce spectacle de désolation il est temps d’en finir et une ultime fois l’on retrouve donc l’ensemble rythmique varié porté par de nombreuses nuances, créant un ressenti post-apocalyptique mais paradoxalement aussi apaisant où la voix chuchotée sert visiblement à apaiser les blessures physiques comme de l’âme en sortant une douceur et de la lumière peu commune, et comme jamais entendue jusque-là. Tout cela met donc en avant plusieurs parties différentes mais cohérentes en valeur, où l’on s’aperçoit du sacrifice des recrues qui n’a pas été vain et qu’elles peuvent ainsi reposer en paix... clôturant un disque absolument prenant de bout en bout.
A la fois plus ambitieux mais redoutablement accessible et immédiatement accrocheur ce nouveau cru n’a rien à envier à ses prédécesseurs en mélangeant avec brio ces deux époques pas si éloignées finalement, conservant ainsi tout ce qui fait le charme de ses créateurs qui livrent ici un hommage sincère à la "Mort Blanche" Simo Häyhä ainsi qu’à ses vaillants compagnons de lutte, dont le courage et la vaillance sans égal forcent encore le respect aujourd’hui. Si l’on ne sait pas encore si le projet du désormais unique rescapé Valtteri Tuovinen continuera à l’avenir dans cette voie ou si ça n’était qu’une escapade hors des sentiers battus… on n’en aura finalement cure, car on est clairement en présence d’une des grandes réalisations de cette année 2025 et nul doute que même au sein de son pays elle va très bien se placer dans les bilans de décembre. Possédant une profondeur insoupçonnée malgré sa rugosité et étant plus diversifié qu’on ne pourrait le croire elle va demander (à l’instar de ce qui l’a précédé) du temps et de la patience pour être totalement appréhendée, signe donc d’une œuvre à creuser au fur et à mesure des écoutes qu’elles soient attentives ou en dilettante. Néanmoins elle ne laissera pas indifférent et on y prendra toujours le même plaisir à mettre les oreilles dessus... que l’on soit perdu au milieu des immenses forêts du grand nord ou calé tranquillement sur son lit le résultat sera le même, à savoir particulièrement positif et pénétrant pour des grands moments de rêverie et d’histoire… embarquement immédiat !
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