Bludgeoned By Deformity - Epoch Of Immorality
Chronique
Bludgeoned By Deformity Epoch Of Immorality (EP)
Parmi les dernières sorties proposées par le label américain Iron Fortress Records on trouve un certain Bludgeoned By Deformity. Un nom qui ne doit probablement pas vous dire grand-chose et cela à raison puisque la formation n’est sortie de terre que l’année dernière seulement. Bien que jeune, celle-ci n’en est pas moins composée de personnes expérimentées puisque l’on retrouve en effet ici Devin Swank de Sanguisugabogg, Dyskinesia et Tomb Sentinel au chant, Andre Pickens de Living In Fear et Bradon Studebaker d’Immortal Torments aux guitares, Ethan Buttery de Jivebomb à la basse et enfin Adam Jarvis de Human Corpse Abuse, Lock Up, Misery Index, Pig Destroyer et Scour à la batterie. Un line-up bigarré allant du Death Metal au Grindcore en passant par le Thrash / Crossover et le Hardcore et qui a donné naissance il y a une dizaine de jours à ce premier EP intitulé Epoch Of Immorality.
Arborant une illustration dont le style n’est pas sans faire écho à bon nombre de productions Brutal Death des années 90 et du début des années 2000 (notamment celles signées de l’artiste Jon Zig pour des groupes tels que Deeds Of Flesh, Defeated Sanity, Disgorge, Ingurgitate, Prophecy, Pyaemia, Sintury mais pas que puisque l’on pense également à celle de l’unique album de Scattered Remnants, l’excellent Destined To Fail), Epoch Of Immorality ne fait pas vraiment mystère de ce qui vous attend à l’écoute de ces cinq titres bouclés en tout juste quinze minutes. En effet, comme le suggère très explicitement cette illustration que l’on doit à un certain Jamie Rosier, Bludgeoned By Deformity s’adonne à la pratique d’un Brutal Death à l’ancienne mâtiné d’influences Hardcore plus ou moins évidentes. Un genre qui ces derniers mois semble avoir le vent en poupe (Sentenced 2 Die, Fatal Realm, Final Resting Place, Mongrel, No Souls Saved...).
Enregistrés dans trois studios différents par divers producteurs, les cinq titres d’Epoch Of Immorality sont également passés entre les mains d’Andrew Solis (bassiste de Nails et Despise You ayant récemment collaboré avec d’autres groupes tels que Civerous, Greenwitch et Pestilent Death) a qui a été confié le mixage ainsi qu’entre celles de Nicholas Townsend (Civerous, Full Of Hell, Kruelty, Momentum, Nails, Take Offense...) qui quant à lui s’est chargé ici du mastering. Le résultat, particulièrement épais (j’y vois personnellement un parallèle avec les productions froides et implacables d’un groupe comme Jesus Piece), permet d’insister sur la lourdeur des riffs et le côté assez dense de l’ensemble sans pour autant jamais nous compliquer la tâche puisque tout y est finalement assez limpide.
Une production des plus réjouissantes au service de compositions qui n’ont évidemment rien d’autre à offrir que ce que l’on est en droit d’attendre de la part d’un disque doté d’une telle illustration. Ainsi, comme évoqué plus haut, c’est du côté d’un Brutal Death à forte consonance Hardcore que Bludgeoned By Deformity tend à lorgner copieusement. Aussi des groupes tels que Pyrexia, Internal Bleeding, Eternal Suffering et Scattered Remnants viennent rapidement à l’esprit (bon, c’est vrai, un peu aidé par cette biographie disponible sur la page Bandcamp d’Iron Fortress Records même je reste confiant sur le fait que j’aurais réussi à mettre le doigt dessus sans l’aide de celle-ci) à l’écoute de ces cinq titres qui, comme on pouvait s’en douter, ne sont pas d’une grande originalité mais ont à l’inverse pour eux des riffs ultra efficaces, des structures suffisamment intéressantes et alambiquées pour attirer l’attention et un certain sens de la concision aidant à l’appréciation de l’ensemble sans avoir trop à se fouler.
Oscillant effectivement entre deux et trois minutes (on frise tout de même les quatre minutes sur "Extirpated Human Existence" sans pour autant les dépasser), ces cinq compositions ne sont pas du genre à perdre du temps en circonvolutions inutiles. Une approche pour le moins directe (sans pour autant jouer les foudres de guerre) qui se traduit par des compositions parfois un petit peu expéditives (je pense notamment à "Invocation Of Suffering" affichée à deux minutes mais dont les cinquante dernières secondes sont utilisées par un sample que je n’arrive pas à identifier). D’une manière plus générale, les cinq titres présents sur Epoch Of Immorality voient se succéder accélérations plus ou moins franches (cela va ainsi de courtes séances de blasts relativement soutenues (les premières secondes de "Immorality", "Intestinal Suspension" à 0:22 et 0:59, "Extirpated Human Existence" à 2:18...) à des moments eux aussi très dynamiques mais tout de même plus modérés ("Invocation Of Suffering" à 0:11 et 0:48, "Immorality" à 0:14, "Intestinal Suspension" à 0:16)), passages lourdingues et particulièrement écrasants ("Invocation Of Suffering" à 0:25, "Immorality" à 0:47, "Intestinal Suspension" à 1:52, "Extirpated Human Existence" à 1:11) et bien évidemment séquences au groove primitif absolument irrésistible ("Invocation Of Suffering" à 0:14 et 0:47, "Immorality" à 1:14, "Intestinal Suspension" à 0:30, « False Deliverance" à 0:12 et 0:42, les premiers instants de "Extirpated Human Existence"). Saluons également au passage la qualité du riffing et plus globalement de l’écriture qui derrière une évidente fluidité n’en reste pas moins assez dense et complexe (changements de rythmes réguliers, riffs qui tricotent à qui mieux-mieux, etc.) et qui font aujourd’hui de Epoch Of Immorality un premier EP particulièrement encourageant même si on ne peut s’empêcher de ressentir paradoxalement un brin de frustration à cause de cette durée forcément trop courte...
De cette illustration volontairement datée (malgré une approche moderne évidente) à cette production dense, froide et métallique en passant par ces compositions parfaitement orchestrées, Epoch Of Immorality est ce que l’on peut appeler une franche réussite même si les plus bougons lui reprocheront peut-être un certain manque d’originalité. En attendant, cette sortie constitue une entrée en matière particulièrement réjouissante qui, on l’espère étant donné l’emploi du temps chargé de nos gaillards impliqués dans le projet, sera suivi d’un album tout aussi réussi et on l’espère également un poil moins frustrant sur la durée. Quoi qu’il en soit, amateurs de Brutal Death à l’ancienne (notamment celui de la côte Est avec ses pointes de Hardcore ici et là), vous savez ce qu’il vous reste à faire si vous ne voulez pas passer à côté de cette petite pépite décidément bien née.
| AxGxB 19 Juin 2025 - 310 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Ah ouais ça tabasse bien et ça défile à toute allure, merci pour la découverte |
citer | Voilà un disque parfaitement à mon goût ! |
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2 COMMENTAIRE(S)
20/06/2025 09:18
19/06/2025 13:54