Warbringer - Wrath And Ruin
Chronique
Warbringer Wrath And Ruin
Mine de rien cela fait déjà un peu plus de vingt ans que le projet mené par les indéfectibles John Kevill/Adam Carroll nous abreuve de son Thrash aux nombreuses influences avec toujours la même motivation, et cela malgré des mouvements de personnel récurrents et une discographie relativement inégale... où le très bon côtoie le franchement moyen. Prenant désormais plus de temps entre chacune de ses sorties le quatuor s’est ici fait désirer encore plus que d’habitude, vu qu’il lui a fallu presque cinq années (un record !) pour donner un successeur au réussi « Weapons Of Tomorrow » qui malgré ses longueurs confirmait le retour en forme des Californiens après une période d’égarements divers. Du coup on attendait de voir avec impatience si ce septième album allait partir sur ces mêmes bases positives... surtout que l’entité désormais solide comme jamais s’est stabilisée depuis 2018, et cela a eu un bon impact sur la qualité de ce dernier-né qui malgré quelques passages un peu poussifs va se révéler être un bon cru... même s’il faut reconnaître que ça n’est pas encore cette fois-ci qu’elle va passer un cap pour devenir un incontournable du genre dans son pays comme à l’étranger.
Car comme trop régulièrement le gang de Ventura va avoir tendance à étirer sans raison certaines compositions qui n’en avaient nullement besoin, et d’entrée on va hélas s’en apercevoir avec le pourtant sympathique « The Sword And The Cross » qui avait tout pour être efficace avec sa grande variété rythmique conjuguée à quelques plans typiquement Heavy impeccables pour secouer la nuque comme un forcené. Malheureusement les six minutes au compteur vont s’avérer être bien longues et sonner forcées comme si on avait l’impression que les gars cherchaient à en mettre le plus possible, tout cela au détriment de l’accroche générale qui avait pourtant des bons arguments à mettre sur la table. Heureusement dès que l’ensemble est plus condensé ça se montre bien plus efficace comme avec l’énergique et violent « A Better World » qui joue sur le grand-écart marqué et imposant, et qui bien qu’étant du classicisme de bon aloi se révèle être vachement entraînant. Ce ressenti sied aussi parfaitement concernant « The Jackhammer » qui se montre d’une temporalité expéditive et d’une vision frontale totalement débridée, où le groove intense fait particulièrement mal tant ça s’alourdit progressivement pour éviter toute redondance. Cependant avant cette plage il aura fallu encaisser le mitigé « Neuromancer » qui met trop longtemps avant de trouver sa vitesse de croisière à cause d’un pied appuyé un peu trop fermement sur la pédale de frein, un schéma que « Through A Glass, Darkly » va reprendre plus aisément vu qu’ici aucune pointe de vitesse n’est à l’ordre du jour... offrant ainsi un visage plus sombre et inquiétant pas dégueulasse malgré une certaine difficulté à se terminer.
Et pour garder cette même lancée le dernier tiers de cet opus va être exactement identique aux deux précédents, avec ainsi les mêmes points positifs comme négatifs... vu que tout cela va partir sur les chapeaux de roue avec le dynamique et impeccable « Strike From The Sky » où l’alternance rapidité et mid-tempo revient sur le devant de la scène, en étant balancée avec une grande efficacité et où le carnage général est de mise. Si la conclusion nommée « The Last Of My Kind » va reprendre toute la palette technique avec une écriture sans failles et une virulence qui fait plaisir, en revanche on sera plus circonspect sur « Cage Of Air » qui précédait cela. Car outre être abusivement rallongée cette plage (où des doux arpèges vont servir de point de départ, avant qu’un break acoustique ne retentisse dans cette fureur) va franchement sonner désarticulée tant elle semble alambiquée, la faute à des cassures nombreuses qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe offrant ainsi un rendu global où il est difficile de s’accrocher et de finir ainsi de nous convaincre du grand déséquilibre de ce long-format.
Si tout cela ne changera nullement la donne pour ses auteurs ce « Wrath And Ruin » a néanmoins des arguments à mettre en avant, même si depuis le temps qu’il joue ensemble on est en droit d’attendre mieux et plus régulier de la part du binôme d’origine. Mais sans être un ratage total ni un indispensable on trouvera quand même ici de quoi s’occuper tranquillement et sans excès tant l’efficacité est quand même régulièrement présente, même si tout cela n’est finalement qu’une sortie de plus dans une série d’enregistrements désormais conséquents mais dont ses auteurs devront néanmoins encore s’appliquer plus fermement à l’avenir pour espérer un hypothétique changement de situation. Tout cela prouvant encore s’il le fallait qu’ils se trouvent à cheval entre les indispensables et les nombreux avatars de seconde zone à oublier, pas le pire mais pas le meilleur non plus c’est comme ça quand on a le cul entre deux chaises et on finit par passer relativement inaperçu. C’est donc malheureusement ce qui arrivera encore ici pour l’entité qui n’intéressera qu’une poignée de puristes, les autres ayant trouvé un meilleur os à ronger où l’homogénéité sera de mise et la lassitude absente des débats... ce qui est la base de tout disque de bon goût.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | A l'écoute des deux titres que tu as mis je ne regrette définitivement pas l'impasse au concert de Decapitatied, c'est d'un convenu ! |
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1 COMMENTAIRE(S)
06/06/2025 18:38