Escarnium - Inexorable Entropy
Chronique
Escarnium Inexorable Entropy
S’il avait mis beaucoup de temps pour sortir
« Dysthymia » cette fois-ci ESCARNIUM a été nettement plus rapide pour mettre en boîte son quatrième opus, vu qu’à peine plus de deux ans et demi se sont écoulés depuis ce disque très réussi mais aussi paradoxalement beaucoup trop court. Car malgré ses qualités on ressortait un peu frustré de l’écoute vu qu’en moins d’une demi-heure on voyait déjà les Brésiliens en avoir terminé de leur gros son puissant et hermétique, laissant de fait un sentiment légitime de pas assez. Si de prime abord rien n’a changé dans les coulisses en revanche pas mal de mouvements se sont opérés, avec d’abord la signature chez les Italiens d’Everlasting Spew puis le retour dans la formation du bassiste originel Gabriel Dantas... pour un résultat global à la hauteur des précédents long-format du groupe. Car si ce nouveau cru va paraître plus long et immédiat à la première écoute il n’en est finalement rien, tant la durée générale dépasse à peine celle de son prédécesseur et l’écriture glaciale et sèche va elle lorgner largement du côté du très bon
« Interitus ». En effet si l’on avait pu percevoir un côté plus direct et chaud lors du retour aux affaires en 2022 rien de tout cela ici vu que ce « Inexorable Entropy » va nous envoyer bien loin dans les ténèbres comme dans les étoiles, tant les guitares glaciales et les arrangements vont nous faire voyager en orbite comme dans les galaxies, tout en gardant une dimension sombre et opaque pour amener plus de pression et de peur tant on est désarçonné dans cet univers infini où rien ne vit.
Il faut dire qu’une fois l’intro passée on va être directement happé dans un mélange de brutalité et de terreur via l’excellent « Relentless Katabasis » qui nous livre toute la palette technique de ses créateurs, pour un rendu direct et rentre-dedans particulièrement efficace. Martelant les fûts comme une mitraillette et balançant des riffs coupants pris dans la glace l’entité dévoile donc une ouverture efficace et directe où ça ne se pose pas de questions, confirmant qu’elle n’a pas perdu la main et qu’elle reste parmi ce qui fait de mieux dans son pays à l’heure actuelle. Mais bien loin de la chaleur de celui-ci le combo préfère mettre cap au nord et en altitude avec le putride et dense « Cancerous Abyss » qui va nous embarquer dans un univers inquiétant aux accents de Science-Fiction où s’entremêlent passages pachydermiques, arpèges lumineux et moments débridés... histoire d’offrir un rendu homogène et profond particulièrement redoutable. Et après cet équilibre des forces en présence « Inexorable Entropy » va partir sur un schéma plus barré tant le jeu du frappeur semble s’inspirer du Jazz sur certains patterns, tout en voyant ses comparses ajouter un soupçon de mélodie et de nostalgie lors du solo et de riffs bien envoyés... le tout en proposant deux parties distinctes afin de renforcer ce double sentiment à la fois de virulence comme de messe occulte. D’ailleurs ce ressenti va être poussé plus loin sur l’impeccable « The Heritage » où la rapidité est mise sur le côté le temps de laisser place à une rythmique majoritairement lourde, qui renforce donc ce sentiment d’hiver interminable qui clôture une première partie de galette implacable et sans fautes de goût.
D’ailleurs on ne sera pas surpris que la seconde soit exactement du même niveau, tant on n’a jamais été déçu par les œuvres antérieurs des Sud-Américains... et celle-ci ne fait pas exception à la règle, vu que ça va faire mouche immédiatement avec l’équilibré et efficace « Revulsion Of Carbon » (qui reprend tous les éléments entendus précédemment avec toujours la même envie d’en découdre) et
« Through The Depths Of The 12th Gate » réenregistré pour l’occasion (on le trouvait sur l’Ep du même nom), qui conserve son synthétisme en jouant aux montagnes russes en permanence. Et une fois le court interlude passé tout cela va se terminer de très bonne façon via le redoutable « Pyroscene's Might » qui va tout reprendre de A à Z avec toujours cette même facilité à appuyer là où ça fait mal, tant ça alterne entre des ambiances rampantes poisseuses et explosions régulières tel un volcan en éruption posé sur un des satellites de Saturne. Tout ça n’a que pour but de faire retentir une ultime fois toute la palette de jeu du quatuor qui livre encore ici un enregistrement prenant et homogène, qui malgré sa relative sobriété a de quoi occuper l’esprit durant quelques temps...et nul doute qu’on y reviendra dessus avec le même plaisir.
A l’heure où la scène Death nationale jadis impressionnante semble actuellement un peu en latence - vu qu’hormis ses leaders habituels (KRISIUN, REBAELLIUN) on a du mal à voir émerger de nouveaux noms marquants - on ne fera pas la fine bouche devant ce nouveau cru de Victor Elian et ses comparses qui a de nombreux atouts pour plaire aux fans les plus exigeants. S’il faudra se mettre en condition pour saisir toutes les subtilités proposées on sera cependant loin du bourrage de crâne, tant on va rapidement trouver des points de repères mémorisables pour se vider la tête et partir ainsi très loin au-delà de notre vieille planète comme les climats polaires durant leurs longues phases nocturnes. Sans se renouveler outre mesure les Brésiliens montrent en tout cas de beaux arguments et une vraie maturité assumée et affirmée, preuve donc de la pleine possession de leurs moyens et de l’expérience accumulée en osant sortir légèrement de leur zone de confort sans trop s’en éloigner. Un bon point qui permet donc d’éviter la redondance sans tomber à côté et de rater son coup, preuve donc du contenu proposé de ses auteurs qui sauront séduire tranquillement et gagner enfin en notoriété au niveau international, ce qui ne serait que justice avec une telle longévité.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Groupe que j'avais découvert avec le très bon "Interitus", je vais mettre celui-là sur ma liste ! Il y a un côté sombre que je ne retrouve pas chez les autres groupes brésiliens que tu cites. |
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1 COMMENTAIRE(S)
10/06/2025 18:40