C’est amusant la mémoire quand même… Je ne me souviens parfois pas de ce que j’ai répondu à ma compagne sitôt que je l’ai dit (je pense même ne pas être pleinement conscient de ce que je raconte) en revanche je me remémore immédiatement qui est
EXECUTION simplement en contemplant la pochette d’«
Eternal Dreams » (1999). Je ne préfère pas chercher à analyser le pourquoi de cette faculté sélective, ce serait forcément en ma défaveur (mâle blanc hétéro cisgenre de plus de quarante ans), aussi restera-t-on concentré sur le fait qu’il s’agit du premier album des Français depuis près de vingt-cinq ans, même si deux EP ainsi qu’une compilation ont tout de même occupé le terrain durant cette période. De simples apéritifs préparant le terrain à ce plat de résistance.
«
Camisole » : huit titres, quarante-quatre minutes pour renouer avec l’un des grands espoirs de la scène hexagonale des années 90. Le
line-up mélange les anciens (Bruno, David, Sophie) aux nouveaux venus (Sylvain, Stef, Dip) mais avec le vocaliste et le guitariste d’origine ainsi qu’une claviériste présente depuis 1995, c’est tout de même la certitude de retrouver le « vrai » son d’
EXECUTION plutôt qu’un ersatz tout dilué dans la sauce précoce de la jeunesse intrépide (ou dans la sauce intrépide de la jeunesse précoce, vous avez l’idée). Évidemment, j’avais adoré leur passage dans la compilation
« Brutale Génération », j’imagine toutefois que l’âge faisant, la tambouille a dû changer de goût.
Pas tant que cela en fait. La bande évolue encore et toujours dans son registre
thrash death metal légèrement atmosphérique du fait d’un usage important des claviers, le tout filant un sérieux coup de nostalgie dès lors que l’on était au moins adolescent dans les 90’s. Nous n’entendrons ici aucune volonté de moderniser l’approche, de sonner « actuel », même techniquement la formation n’a pas pris une ride. Je veux dire que les instrumentistes ont forcément progressé depuis, les structures musicales sont plus abouties, le chant est mieux maîtrisé qu’auparavant mais la musique a su conserver son grain unique, sa spécificité. Car oui, fut un temps où il était plus simple de cultiver une identité sonore qu’aujourd’hui. À ce titre, les quelques interventions vocales de
Sophie sont typiques de cette époque : elles n’ont aucune technique particulière à faire valoir mais leur placement permet pourtant de bonifier les morceaux, de leur donner une empreinte, une signature identifiable.
Il est tout de même difficile, du moins pour moi, d’évaluer objectivement ce disque, notamment parce qu’il y a un côté « vieille connaissance » qui tend à biaiser l’écoute. Nous sommes bien entendu tous ravis de retrouver
EXECUTION au sein d’une écurie aussi prestigieuse que
Great Dane Records, autrement plus honorifique que le statut d’indépendant auquel il a trop souvent été confronté pourtant, de nos jours, qui s’intéressera encore à cette sortie ? Elle ne possède aucun code de la modernité, elle n’est pas réellement
old school au sens où on l’entend désormais lorsqu’on parle de
thrash, elle n’est pas exagérément brutale, elle n’est pas non plus suffisamment culte pour justifier un succès d’estime (moi, j’attends par exemple le retour de
FISHERMAN ainsi qu’une suite à «
Kokoromi Karaoke » depuis 1995), elle atterrit donc là comme cet invité inattendu à qui il faut désormais trouver une chaise. En plus, comme il est un peu aviné il s’incruste pour le dîner.
Heureusement, il y aura toujours une place pour ce genre de
come-back dans nos petits cœurs nostalgiques. Ok, «
Camisole » n’est pas exceptionnel, il contient de très bons moments, plus orientés
black metal que dans mes souvenirs mais ce doit être la voix qui cause ce sentiment et, globalement, je peine à croire que le disque séduira de nouveaux fans. Cela étant, je ne sais pas à combien d’exemplaires s’est vendu «
Brutale Génération » mais si tu enlèves ceux qui n’ont pas aimé « Ocean (Out of Control) », ceux qui sont morts, ceux qui n’écoutent plus de
metal, il ne doit pas rester grand monde et de là à penser qu’ils sont tous sur
Thrashocore, il n’y en qu’un pas. Je n’ai pas assez parlé de la musique ? Ah.
EXECUTION devrait arrêter de jouer des solos pour se focaliser sur ses points forts : les ambiances et les riffs parce que c’est là qu’il excelle. Le chant criard devrait également être diminué parce qu’il est meilleur dans des tonalités graves. En revanche, j’aimerais que
Sophie bénéficie d’un espace vocal plus étendu car elle possède un timbre typiquement 90’s, une fibre dans la façon de placer sa voix que l’on ne retrouve que peu actuellement et c’est exactement ça qui fait la saveur des Français : un
thrash atmosphérique qui ne doit pas chercher à être féroce parce que le combat est perdu d’avance mais qui peut jouer sur ses spécificités : un
riffing indentifiable entre mille, une identité sonore que ce nouvel album a su conserver en dépit du poids des années, un positionnement unique, marque des grands groupes même méconnus.
Bien évidemment que j’apprécie le disque, on n’a vraiment pas l’impression que presque trois décennies sont passées depuis «
Eternal Dreams ». Bon, je le constate à certaines caractéristiques physiques mais dans ma tête rien n’a changé, «
Camisole » serait sorti en 2001, son impact aurait été le même et, définitivement, la France peut être fière d’avoir en son giron de tels musiciens, cultivant un univers original où l’on peine à discerner les influences. Alors oui, il est possible que j’aurais parfois aimé un sursaut de virulence, des tempos plus élevés, tout en étant conscient que ce ne serait plus vraiment du pur
EXECUTION, le voyage dans le temps offert ici se suffisant amplement à lui-même.
Peut-être que ce disque s’adresse avant tout aux anciens, ceux qui ont connu les balbutiements de la scène extrême hexagonale, mais je n’entends pour autant rien de passéiste dans «
Camisole », rien qui ne permettrait pas au groupe de retrouver sa place au sein de l’élite et à l’heure ou je vois fleurir des
MASSACRA LEGACY et des concerts avec
LOUDBLAST,
MERCYLESS ou
NO RETURN, je me dis qu’
EXECUTION a plus que jamais sa place dans le panorama musical français, voire international car ses qualités peuvent traverser les frontières.
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