Darkenhöld - Le Fléau Du Rocher
Chronique
Darkenhöld Le Fléau Du Rocher
En presque deux décennies d’existence c’est bien la première fois que les Niçois nous font poireauter aussi longtemps pour publier de nouveaux morceaux, vu qu’il s’est écoulé presque cinq ans depuis la sortie du très bon
« Arcanes & Sortilèges » qui avait permis au quintet de passer un cap attendu depuis des lustres. Car si on avait toujours senti que celui-ci avait un gros potentiel il n’avait jamais réussi auparavant à l’exprimer complètement, les précédentes publications diverses bien qu’étant réussies se montrant parfois un peu trop justes ou inégales pour arriver à captiver véritablement sur la durée. Bref l’erreur était réparée et visiblement le combo ne voulait pas décevoir, prenant donc son temps pour dévoiler ce sixième album qui va reprendre les choses où elles en étaient restées... avec toujours cette thématique médiévale chère à ses auteurs à la fois attractive et homogène, et un line-up toujours inchangé articulé autour du trio originel qui a encore fait un sacré boulot du côté de l’écriture et des arrangements.
Avec tout cela on n’avait donc pas de raison d’être déçu du rendu proposé par les Sudistes, même s’il faut reconnaître que ce nouveau cru va se révéler être un chouia inférieur par rapport à son prédécesseur et qu’il va démarrer tranquillement en mode diesel avant de prendre toute son ampleur durant sa seconde moitié. Car au départ on va ressentir un léger manque de couilles au pourtant très sympathique « Codex de la Chevalerie » d’obédience hyper classique, mais dont un certain abus de lenteur conjugué à une durée excessive va légèrement plomber le rendu final. Pourtant tout cela reste de très bonne facture vu qu’on y retrouve l’archétype de l’écriture de la formation entre passages rampants et remuants, orage grondant à l’horizon et ambiances éthérées où la noirceur n’est jamais bien loin... tout cela avec la présence de chœurs nostalgiques réussis et de quelques explosions bien troussées, créant une vraie densité très agréable à l’écoute. Si on pourra reprocher les mêmes choses pour « Le Cortège Royal » de par des cassures trop nombreuses, le groupe livre ici une vision où le mid-tempo est la norme sur fond de quelques accélérations brutales et de douces atmosphères créant ainsi un supplément de variété idéal, où là encore l’homogénéité est de mise et le positif finalement supérieur au négatif.
Après en avoir fini de ces deux compositions ainsi que du court interlude (« Temps Enfouis ») place à « L’ascension du Mage Noir » où l’intensité va aller crescendo, notamment de par une rythmique plus enlevée où l’on ressent une furieuse envie de headbanguer sur fond de brutalité plus marquée... mais sans oublier les breaks indispensables pour la respiration, surtout qu’ici on se retrouve avec les ménestrels, jongleurs et acrobates entraînés par la présence de flûte et de notes acoustiques. Poussant le rendu du moyen-âge vers des cieux plus présents ce titre marque le début d’une efficacité qui ne va cesser de grimper, à l’instar de « Dans l’antre de la Vouivre » où l’équilibre des forces est de mise sur fond de solo impeccable et de voix chuchotée pour apaiser les esprits, tant ça se bouge comme il faut via des parties entraînantes et rampantes de haute volée. On pourra du coup dire un peu la même chose du tout aussi impeccable « Troubadour » dont l’agressivité est plus marquée et la temporalité plus condensée, ce qui se révèle être une idée redoutable tant on est pris à la gorge du début à la fin sans jamais voir poindre de la lassitude. Cela a donc servi de mise en bouche idéale avec l’arrivée du monstrueux « Le Fléau du Rocher », qui nous gratifie au départ d’une ambiance froide et brumeuse qui n’est pas sans rappeler les débuts d’EMPEROR sur certains aspects avant que les accents épiques n’apparaissent de manière encore plus prononcé qu’auparavant à cheval sur des blasts ravageurs. Et afin d’aérer tout cela les gars vont en prime balancer un long lead attractif où la nostalgie n’est jamais bien loin afin d’amener un soupçon de mélodie à une plage virulente et imparable où toute leur variété de jeu est ici de mise. Difficile du coup de passer après cela et pourtant l’entité va parvenir aisément à nous captiver notamment via l’excellentissime « Gardienne des Dryades », à la variété constante et qui n’hésite pas à jouer les montagnes russes afin d’y apposer son dynamisme cinglant où ralentissements et accélérations se côtoient sur un pied d’égalité, et en y joignant quelques nappes aériennes du plus bel effet. Tout cela précédant l’impeccable et entêtant « La Cavalerie Fantôme » qui reprend l’ensemble de ce qui a été entendu en y ajoutant un orgue horrifique sur la fin, renforçant ainsi la sphère musicale Black qui a parfois tendance à se faire discrète. Et pour clôturer dignement la bataille c’est « Pour le Royaume » qui va retentir en misant sur un grand écart marqué entre violence et douceur, guitare électrique et sèche... tant nombre d’arpèges apaisants se font entendre tout du long de cette tempête où rythmiquement ça ne cesse d’accélérer et de ralentir.
S’il manque un petit plus pour en faire un indispensable de la discographie de ses auteurs ce nouveau cru se place néanmoins dans la moyenne, et n’a pas à rougir par rapport à eux vu qu’il trouvera aisément sa place avec son lot de moments impeccables qui feront parfaitement leur office. Continuant dans la voie tracée depuis ses débuts la bande ne cherche nullement à se renouveler et ça n’est pas le but, vu qu’elle maîtrise totalement son sujet sans faiblesses notables malgré quelques répétitions évitables et une exécution qui parfois ronronne un peu trop. Mais hormis cela on écoutera l’ensemble régulièrement avec le même plaisir tant ça offre son lot de batailles, d’épées, d’armures et d’invasions de châteaux forts avec les légendes qui vont bien... suffisant donc pour nous embarquer dans ce passé réel et fantasmé sans qu’on ne s’y ennuie un seul instant. Si la formation continue d’appliquer tranquillement la même recette on ne lui en tiendra pas rigueur vu ça fait toujours le taf, et qu’il y a tout pour réjouir les fans comme ceux qui ne connaitraient pas encore très bien le nom de DARKENHÖLD tant ça reste encore une fois fluide et agréable en gardant ce sens si appréciable de l’écriture... et malgré un certain manque de reconnaissance les mecs ne s’en laissent pas conter et heureusement d’ailleurs.
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