Warfield - With The Old Breed
Chronique
Warfield With The Old Breed
Méconnu par chez nous comme dans son pays natal le trio de Kaiserslautern n’est pourtant pas né de la dernière pluie vu qu’il officie dans l’underground depuis 2012, mais il n’a jamais été en revanche particulièrement productif ce qui a fini par lui porter préjudice malgré une musique efficace et parfaitement exécutée. Car s’il nous propose un Thrash typiquement local et sans fioritures il lui a fallu quand même sept ans pour donner vie à ce deuxième album, qui durant quarante-deux minutes va pilonner sans répit l’ennemi comme nos oreilles grâce à une énergie constante et une grosse envie d’en découdre sans jamais se résoudre à signer d’armistice... surtout avec cette pochette qui nous renvoie aisément aux soldats de la première guerre mondiale. Il faut dire que du côté de la thématique tout cela va être sans surprises, tant on y retrouve les textes propres au genre qui nous racontent aussi bien l’art du combat, de l’artillerie, des destructions massives et de l’odeur de mort qui rôde sur le champ de bataille… en total raccord avec le contenu musical proposé ici par le combo. Celui-ci désormais stabilisé depuis un bon moment sous cette forme à trois membres montre que cela lui sied finalement parfaitement, tant son écriture simple et incisive n’a pas besoin d’excentricités techniques et s’enquille aisément sans trop réfléchir.
Cela va d’ailleurs apparaître immédiatement au grand jour sur l’ouverture intitulée « Melting Mass » basée sur une vitesse quasiment continue (seulement ralentie par de courts plans en médium brise-nuques) et à la primitivité totale, que ce soit du côté des riffs minimalistes que des patterns rudimentaires… le tout avec une énergie décuplée et qui sert de très bon défouloir et va mettre en condition pour la suite à venir. On retrouve en effet toute l’influence de la fine fleur d’outre-Rhin qu’elle se nomme SODOM, DESTRUCTION ou encore KREATOR… tant certaines intonations vocales comme plans guitaristiques lorgnent aisément de ce côté-là. Si ce schéma radical ne va pas perdurer totalement ensuite la bande va préférer densifier son créneau quitte à y perdre en attractivité, comme avec « Appetite Aggression » assez équilibré mais qui va rapidement montrer quelques limites notamment à cause de plans éculés et repris trop facilement en boucle… à l’instar de « Soul Conqueror » où l’explosivité revient plus fermement mais sans que l’inspiration n’atteigne des sommets, donnant ainsi la sensation que les gars jouent un peu dans le vide en cherchant à meubler autant que possible. Heureusement cela ne va pas nuire au rendu de ce disque qui conserve son accroche grâce notamment à une production rugueuse et organique qui lui sied parfaitement, et cela va apparaître sur le très sombre et rampant « Fragmentation » qui même s’il propose sa rasade débridée va jouer principalement sur la lourdeur et tous ses aspects… créant ainsi un titre équilibré où les mecs montrent qu’ils sont aussi convaincants quand ils appuient sur le frein. Et histoire de terminer la première moitié de cette galette de façon plus que convenable c’est « Lament Of The White Realm » qui va retentir dans les cages à miel pour notre plus grand plaisir, vu qu’ici c’est le retour à un tempo enlevé et élevé sur fond d’écriture simplissime car on a droit à trois parties distinctes avec en son centre une lenteur remuante à souhait qui sert de transition avant de repartir sur les chapeaux de roue, avec une efficacité sans bornes à l’envie d’en découdre communicative.
Tout cela montre donc de bien belles qualités et la seconde partie de ce long-format va être du même acabit que ce soit via le remuant et excellent « Tie The Rope », qui mise majoritairement sur un gros rythme en médium des familles (amenant avec lui un groove communicatif) ou encore avec « Inhibition Atrophy » particulièrement virulent où le grand écart est de mise. Si « Dogs For Defense » pourra souffrir de quelques longueurs évitables en revanche la densité générale proposée ici a tout pour plaire de par son efficacité et sa grande variété qui joue les montagnes russes… tout cela sans compter la conclusion imparable (« With The Old Breed »), qui retrouve la primitivité de la composition d’ouverture où ça tabasse sans concessions afin de délivrer une dernière dose de brutalité impeccable pour finir de faire mal aux cervicales, comme de balancer un bon gros pogo dans la fosse. En revanche s’il va dévoiler une facette plus ambitieuse et technique il faut bien avouer que « GASP » va faire tache par rapport au reste, la faute à une durée largement excessive et un rendu plus travaillé mais qui tombe parfois à côté, tant l’ensemble n’est pas toujours bien maîtrisé. Privilégiant les ambiances et la noirceur les rythmiques proposées ici ne vont jamais véritablement décoller, et ce ne sont pas les nappes de claviers disséminés ici et là qui vont relever l’intérêt d’une plage qui aurait pu être efficace mais qui se vautre à vouloir en faire trop, et on ne peut que conseiller à ses auteurs de rester dans leur zone de confort où pour l’instant ils font parfaitement le métier.
Si évidemment tout cela reste trop calibré et interchangeable pour franchement marquer les esprits on pourra quand même pencher une oreille attentive sur cet enregistrement qui file à vive allure et sans problèmes particuliers (malgré les petites erreurs de jeunesse évoquées en amont), bien qu’encore trop juste pour pouvoir prétendre grimper dans l’échelon national. Ne prétendant rien d’autre que de perpétuer une certaine vision intègre les deux frangins et leur ami batteur livrent une réalisation sans fioritures qui plaira au plus grand nombre, tant sa fougue et sa facilité d’accès combleront aisément les petits manquements déjà évoqués... et avec encore un peu plus de vécu et d’expérience nul doute que cela sera encore meilleur la prochaine fois. En espérant désormais ne pas devoir attendre aussi longtemps pour que les trois acolytes redonnent signe de vie, on verra bien ce qu’il se passera dans le futur même si pour le moment ce qui est présent à l’heure actuelle fera largement l’affaire et l’on s’en contentera aisément.
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | C'est du travail honnête c'est sûr, dans la bonne moyenne de ce que produit ce pays. |
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20/06/2025 13:38
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