CARBON SEED, même en cherchant bien, cela ne me disait rien. En revanche,
Sébastien Rivet, guitariste au sein de la légende bordelaise
ASGARD (une démo, un LP, un EP puis deux splits parus entre 1995 et 1999), cela me parle déjà plus. Souvenir ému de leur passage à Bayonne du temps de «
Chamane »… Avec une telle information, «
Silent Collapse » prend des airs d’écoute obligatoire, d’autant que le trio est accompagné par
Mathieu Pascal de
GOROD à la basse, également en charge de l’enregistrement, du mixage et du
mastering. Ici c’est Bordeaux !
Par conséquent, si nous sommes bien face à un premier album (faisant suite à l’EP «
Posthumanism » de 2017), les CV des protagonistes sont là pour prouver que le projet a de la bouteille et que le
death metal, ils en connaissent un rayon. Cela dit, le genre comprend tellement de ramifications et de sous-courants que s’arrêter à cette présentation serait vain. Alors, ces dix titres, ils racontent quoi ?
Pour ceux qui ont déjà eu le plaisir d’écouter
ASGARD ou
OVERSOUL, vous vous souvenez peut-être de cette époque ou l’on parlait de
power death, de
groove thrash metal, c’était vers le milieu des années 90… Et c’est exactement ce que j’entends au cours des trente-trois minutes offertes ici : un style qui a l’apparence de l’ancien cependant joué d’une façon très moderne, notamment grâce au choix d’une production massive qui met en valeur les aspects les plus écrasants de la musique dont certains débordements vocaux ou guitaristiques pourront évoquer le
grind actuel. À ce titre, le chant de
David Iglesias, davantage
brutalcore que purement
metal contribue à donner cette identité urbaine aux morceaux, l’inspiration générale me semblant parfois flirter avec le
NAPALM DEATH de l’époque
« Diatribes » (« Madness Over Control » par exemple) pour la froideur, les quelques dissonances et cette volonté de composer des morceaux épais, frontaux, qui tranchent aujourd’hui radicalement avec ce que l’on connait du
death metal. Pour tout dire, je pense que les amateurs de la période «
Soulless » /
Hating Life » de
GRAVE ou encore de trucs à la
KONKHRA pourront se retrouver dans «
Silent Collapse » qui ne vise qu’à l’efficacité maximale. En effet, et j’apprécie particulièrement ce positionnement, la présence d’un bassiste de dingue n’a pas influé sur la volonté de proposer une musique brute, dégraissée de toute fioriture, et ce même si l’on entend
Mathieu Pascal tartiner en arrière-plan (« Irrelevant Redemption »). Ce dernier s’adapte, ne se mettant que rarement en avant, laissant toute la place nécessaire à la puissance des rythmiques. Une belle marque d’intelligence et de collaboration utile, la technique au service de l’ensemble. Or, cet ensemble, il a été créé pour broyer, écraser, détruire, pas pour se faire mousser avec des partitions folles.
S’il est possible que les premières écoutes vous paraissent extrêmement simplistes, il faut dire que nous sommes aujourd’hui peu habitués à ce genre de sonorités, les suivantes devraient néanmoins vous convaincre que
CARBON SEED détient des atouts qui manquent à beaucoup : le sens instinctif du rythme, du
groove à ne plus savoir qu’en foutre, l’expérience qui permet immédiatement de repérer les bons riffs, les passages qui fonctionneront sur scène (« Monolith of Inhumanity ») avec en prime une belle diversité dans les tempos ainsi qu’un renouvellement d’idées constant. Un disque solide et revigorant, je suis déjà impatient de connaître la suite, que ce soit sur scène ou en studio.
2 COMMENTAIRE(S)
24/06/2025 12:03
Je pense que c'est à la même période qu'on les avait fait venir à Bayonne, MJC Balichon, avec notre association Ktapulte... Je crois qu'il y avait un autre groupe bordelais ce soir-là, Krümel Monster.
24/06/2025 11:35
C'était aussi à l'occasion de la sortie de "Chamane" (que j'ai toujours en K7, lol). Il va falloir que je me mette à jour et que j'écoute CARBON SEED alors !