Dans le milieu du
black metal comme ailleurs, les
one-woman band sont aussi rares que les jours de sobriété de feu Philippe Léotard. Cependant, la jeune (naissance en 1995) musicienne
Anna Irena Groo ne s’en laisse pas compter et, au regard du nombre de groupes où elle est créditée principalement à la guitare ainsi qu’au chant, nous pouvons tabler sur le fait que son nouveau projet
SYLLOGOMANIA va bénéficier de toute cette expérience acquise. Ainsi, dans ce LP éponyme, l’artiste gère tout (chant, basse, guitare) à l’exception de la batterie qui est programmée. Mais comme c’est elle qui la programme, cela nécessite tout de même de connaître suffisamment l’instrument pour écrire des parties humainement jouables, c’est du boulot, de la réflexion, je ne dénigre pas l’appel à la boîte à rythmes.
Un peu à l’image de la photo qui illustre la formation sur sa page
Metal Archives, la musique respire l’amateurisme. Ce n’est pas vraiment un reproche en soi mais cette pose encapuchonnée devant le compteur électrique avec le VTT pour aller faire des courses en arrière-plan, ça ne respire pas vraiment le
black tel qu’on a l’habitude de le concevoir, à moins que ce cliché soit justement là pour briser les codes, auquel cas c’est une réussite incontestable. Il reste que je brode longuement sur les à-côtés car je n’ai finalement pas grand-chose à raconter sur les compositions en elles-mêmes. Au mieux, nous pourrons être agréablement surpris par le grain de voix très rauque de la chanteuse, sur ce point elle met à l’amende pas mal de mecs, ou encore par l’absence de claviers, une facilité souvent préjudiciable. Il ne faudra pas non plus se laisser tromper par les premières mesures, plutôt exécrables en termes de son de basse notamment, du morceau éponyme car la suite va venir s’inscrire dans une logique bien plus directe et radicale, l’auteure n’étant pas là pour enfiler les fameuses perles, expression fort à propos pour évoquer un disque de
BM puisqu’elle renvoie à l’inutile occupation d’égrener un chapelet.
Il faudrait encore reconnaître la capacité d’
A.I.G à composer des titres longs, jusqu’à huit minutes, sans que l’auditeur n’ait trop le sentiment de redite, ce qui est déjà en soi une vraie réussite. Néanmoins, en dépit d’atouts certains, je ne parviens pas à entrer dans cet univers peut-être trop polonais pour moi. Logo incompréhensible, pochette en mode « j’ai pris le mur de ma chambre et il y a de la moisissure », photo promotionnelle qui fait tout sauf rêver, il reste une production honorable, une volonté d’agression séduisante, des riffs empreints de noirceur, ce travail méritant une déférence. Cependant, écoute après écoute, je reste hermétique, ou insensible (la batterie hyper basique en introduction de « Drink the Fire, Fan the Flames », un être vivant ferait évidemment mieux) aux efforts créatifs fournis. Toutefois, ces réserves n’ont pas dû beaucoup gêner le label portugais
Loudriver Records puisqu’il propose l’EP aux formats cassette et CD, la chic initiative.
Pour conclure, je ne crois que très moyennement au potentiel artistique de
SYLLOGOMANIA sur le long terme et j’imagine difficilement le projet devenir autre chose que ce qu’il est actuellement : l’expression digitale d’un soi torturé rendu possible par la technologie mais qui n’intéressera sans doute pas grand monde en dehors d’un cercle national restreint. L’avenir me donnera peut-être tort, c’est tout ce que je souhaite au groupe.
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