Secrets Of The Moon - Antithesis
Chronique
Secrets Of The Moon Antithesis
Dans ma chronique de l'EP The Exhibitions, j'avais dit deux choses : que Secrets of the Moon était LE groupe capable de donner un bon coup de pied dans la fourmilière Black Métal, et que leur prochain album les consacrerait parmi les plus grands. Pour la première prédiction, je ne peux y répondre, ne bénéficiant pas du recul nécessaire, d'autant plus que le groupe s'éloigne un peu du Black Métal pur et dur. Quant à la deuxième, je pense par contre ne pas m'être trompé. Car si Carved in Stigmata Wounds était l'album de la révélation avec un niveau proche de la perfection, Antithesis est l'album de la confirmation, se rapprochant encore plus de la perfection.
Deux fois de suite la note maximale, je pense qu'on vient d'établir un nouveau record sur Thrasho. Cependant, je tiens à vous prévenir que ce second 10 n'est pas là uniquement parce que je suis « fan » du groupe. Si l'album avait été mauvais, la note aurait été totalement différente. Non non, Antithesis la mérite. Et vous allez lire pourquoi, vous allez comprendre pourquoi, et je l'espère, vous écouterez ce disque et vous saurez pourquoi.
Alors que Carved in Stigmata Wounds était un album ancré dans le Black Métal, qui allait à une allure relativement folle, où les riffs épiques et les rythmiques thrash cohabitaient en une œuvre cohérente, où violence et mélodie vivaient en symbiose, Antithesis lui sort du carcan « Black Métal ». On le savait, SOTM n'aime pas emprunter les sentiers battus. Mais avec Antithesis, en plus de les ignorer, nos Allemands vont même à contre-sens : jamais un album n'aura sonné autant Black Métal tout en y étant paradoxalement autant éloigné. A l'écoute du disque, le registre musical ne fait aucun doute ; cependant, on écoute un style totalement renouvelé. Gardant les « bases » du genre (blast-beats, mélodies en tremolo picking, ambiance noire), la musique se trouve néanmoins « améliorée ». Je m'explique. Secrets of the Moon propose une musique toujours épique et sombre, mais en allant plus loin que tous les autres groupes que l'on peut trouver dans le genre.
En effet, quel autre groupe qu'eux proposent un Black Métal martial sans être ennuyeux ? Quel autre groupe incorpore des mosh-parts dans leur musique ? Oui, vous avez bien lu mosh-part, il suffit d'écouter Ordinance pour s'en rendre compte. Quel autre groupe ose proposer un morceau de 7 minutes entièrement chuchoté et parlé, sans pour autant perdre en efficacité (Metamorphoses) ? Quel autre groupe sait composer des mélodies aussi accrocheuses, épiques, et puissantes ? Un morceau comme Confessions en est la parfaite illustration : après une courte introduction acoustique, vient un riff accrocheur, servant d'entrée en matière. Puis une légère accalmie où la voix fait son apparition, avant d'enchaîner sur un passage à la double pédale, aux riffs leads totalement malsains qui vous déchirent comme du vulgaire papier, et où la voix nous assène avec ses paroles ésotériques. Communément, on appelle ceci un moment fort. Et bien, sur cet album, vous en retrouverez continuellement. C'est d'ailleurs la marque de fabrique du groupe, et ce depuis Carved in Stigmata Wounds.
Ce qui différencie le plus ce dernier d'Antithesis, c'est le gain de maturité. Tout d'abord, cet album est emprunt d'une mélancolie, d'une morne fatalité que je n'avais jamais ressenti auparavant dans la musique du combo, certainement renforcée par l'utilisation de passages unplugged. Les compositions du précédent opus étaient, bien que jamais ennuyeuses, souvent linéaires, et construites sur le même schéma (en comparaison avec cet album j'entend). Ici plus que jamais, on sent que le groupe a pris le temps de bien travailler ses morceaux. On peut résumer grossièrement les compositions de Carved In Stigmata Wounds comme un enchainement de riffs en tremolo-picking tous plus fous les uns que les autres. Avec Antithesis, le groupe se pose parfois à l'aide des passages « unplugged » sus-mentionnés, pour mieux attaquer ensuite, à l'aide de riffs d'une puissance exacerbée. Puissance d'ailleurs développée par l'excellent travail de production : le son est massif, crade mais pourtant précis, la basse est audible, et la batterie est superbement produite. Alors avec un son comme celui-ci, des morceaux comme Ghost, Seraphim is Dead ou Lucifer Speaks, surtout lorsqu'ils sont enchaînés, cela fait mal. Car si la musique classieusement racée de Secrets of the Moon est composée de moments forts, ces trois morceaux sont les moments forts de l'album. Rien que la construction de ces compositions font rêver ; alors les riffs, autant ne pas les mentionner, tellement ils vous mettent une claque. Comment ne pas parler de Ghost, où l'on retrouve les roulements militaires, avec ses leads somptueux et avec son riff final de tueur ? Comment ne pas parler de Seraphim is Dead, le morceau le plus rapide de l'album, au riff principal fondamentalement Black et totalement apocalyptique, renforcé par l'utilisation d'un cor (à la manière du dernier Satyricon - mais dans un autre registre) ? Comment ne pas parler de Lucifer Speaks, où un riff qui donne l'impression d'un « balancier » amène vers un passage éprouvant, rapidement appuyé par des scansions d'une foule ?
Avec la mort de Dissection, il fallait bien un groupe qui prenne la relêve dans le genre "mélodies fantastiques". Alors, si vous ne deviez écouter qu'un album cette année, si tous les autres devaient passer au placard, ce doit être celui là. Car la manière dont il innove et dont il renouvelle un genre en chute libre est tellement magistrale, tellement grandiose, que passer à côté serait un non-sens total. Alors album de l'année ? Certainement. Album de cette décennie ? Pour l'instant du moins. Album de ma vie ? Complètement.
| Krow 11 Septembre 2006 - 4132 lectures |
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11 COMMENTAIRE(S)
citer | Diabolical 17/03/2014 11:52 | | album formidable et bonne chronique |
citer | Yz 29/05/2007 02:00 | note: 9/10 | Ha ha ha. |
citer | haha faut vraiment être le fils à personne pour écouter ça. en tout cas tes chroniques sont vraiment chiantes à lire man. coincoin ! |
citer | lkea 16/04/2007 23:32 | note: 8.5/10 | Un disque énorme de puissance ! On a l'impression de se faire absorber par un trou noir pendant presque 58 minutes, du grand art !
(ça y est Krow j'ai laissé un message comme promis, j'attends le chèque) |
citer | dimmuschneider 29/01/2007 20:07 | | cool l'extrait,jvé essayer de me le procurer
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citer | DR.Jkl 24/01/2007 23:56 | note: 8/10 | Du Black original et très bien foutu. Dans mon Top 5 2006. |
citer | Krow 21/09/2006 19:05 | note: 10/10 | Je tiens l'objet entre mes mains, et putain, ils se sont données les moyens. V'la le livret super classieux, sobre et sombre. L'un des plus beaux que j'ai pu voir. |
citer | Krow 11/09/2006 18:15 | note: 10/10 | J'ai légèrement modifié la chronique. J'y ai surtout inclu le mot "Dissection" qui devrait en attirer plus d'un. |
citer | Yz 11/09/2006 16:43 | note: 9/10 | "Alors album de l’année ? Certainement. Album de cette décennie ? Pour l’instant en tout cas."
eh ben dis donc :o, je vais commencer ma seconde écoute tout de suite ! |
citer | L'extrait en écoute est très bon, ça me donne envie.
Je ne suis pas trop fan de Black, mais si le reste de l'album est comme ça je crois que je vais vite me le procurer. |
citer | Krow 11/09/2006 6:38 | note: 10/10 | Sortie le 15 septembre, en même temps que la réédition de leur premier album, Stronghold of the Inviolables. |
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11 COMMENTAIRE(S)
17/03/2014 11:52
29/05/2007 02:00
29/05/2007 01:42
16/04/2007 23:32
(ça y est Krow j'ai laissé un message comme promis, j'attends le chèque)
29/01/2007 20:07
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21/09/2006 19:05
11/09/2006 18:15
11/09/2006 16:43
eh ben dis donc :o, je vais commencer ma seconde écoute tout de suite !
11/09/2006 9:31
Je ne suis pas trop fan de Black, mais si le reste de l'album est comme ça je crois que je vais vite me le procurer.
11/09/2006 6:38