Liva - Requiem

Le nom de Liva vous est probablement inconnu et, pour être franc, si le magazine Rock Hard n’avait pas eu la bonne idée d’inclure un extrait live de ce groupe sur l’un de ses samplers, je n’aurais certainement jamais entendu parler de cette formation originaire de Sherbrooke au Canada. Liva existe pourtant depuis bientôt 10 ans mais leur premier et unique album – « Requiem » - n’est distribué en France que depuis juin 2006 alors qu’il est tout de même paru en … octobre 2002.

Liva pratique un mélange assez personnel de metal extrême et de musique classique. Et pour cause : Pier Carlo Liva (guitare, chant death et baryton), Catherine Elvira Chartier (alto électronique, chant soprano) et Sébastien Breton (batterie) ont tous reçu une formation universitaire liée à la musique classique bien qu’ils se soient également produits sur scène aux côtés de formations d’horizons musicales diverses allant du Hard Rock au Jazz en passant par la musique latine. En fait, seul Simon Roy-Boucher (basse) est autodidacte et a fait ses armes « sur le terrain » avec des covers-bands.

Mais quand les quatre protagonistes décidèrent de se réunir au sein d’une même formation, c’est bel et bien du metal qu’il choisirent d’associer à leur musique de prédilection. Alors je vous entend dire d’ici « Ouais, c’est bon, le mélange metal et musique classique, on nous a déjà fait le coup avec Therion notamment. Rien de nouveau donc». Et je répondrai « Oui … mais non ». Car comme je le disais plus haut, Liva a réellement un approche personnelle de ce métissage. Jugez plutôt : le schéma de composition de l’album respecte strictement celui du requiem en musique classique et, de surcroît, toutes les paroles sont rédigées en latin. De plus, contrairement à certainement formations évoluant dans le même registre, Liva n’a pas opté pour des samples ou du synthé pour retranscrire les arrangements classiques mais a préféré avoir recours aux sonorités de l’alto électrique de Catherine Elvira Chartier, par ailleurs remarquable chanteuse soprano. Enfin, non content de se charger de toutes les parties de guitare, Pier Carlo Liva excelle également, avec une même assurance, dans le registre vocal death et baryton (oui, comme à l’Opéra).

Je tiens cependant à vous rassurez, vous les Thrashonautes plus habitués au Brutal Death, au Grind ou au Black-Metal : Pier Carlo Liva est également très doué lorsqu’il s’agit de balancer des gros riffs biens lourds (il joue sur 7 cordes), que ceux-ci soient connotés Death mélodique (Dies Irae, Sanctus), Thrash (Hostias) voire Black mélodique à la Cradle Of Filth (Tuba Mirum, Rex Tremendae). Quant à Sébastien Breton, il sait blaster quand il le faut (Kyrie) même si cela reste malgré tout très sporadique. En fait, les passages brutaux et les parties plus atmosphériques et mélodiques sont relativement bien équilibrés. Ce qui est d’autant plus vrai que le groupe a choisi de ne pas trop surcharger les compos d’instrumentations classiques. L’utilisation qui est faite de l’alto est en effet relativement sobre, cet instrument étant presque utilisé comme une guitare. On serait ainsi tenté de parler de riffs de violon, ceux-ci étant généralement parfaitement synchronisés et calqués sur les riffs de guitare (une marque de fabrique du groupe qui ressort au fil de l’écoute), donnant ainsi une sonorité bien particulière aux morceaux. Telle une guitare, l’alto est aussi parfois employé sur les parties lead, comme par exemple pour soutenir le superbe arpège d’intro de Kyrie.

Au final, les compos se révèlent être très accessibles même pour les néophytes en matière de musique classique, et, en dépit de la relative longueur de certains morceaux, ceux-ci s’avèrent suffisamment riches au niveau des arrangements et des ambiances pour solliciter continuellement l’attention de l’auditeur (hormis peut-être le gothic Lacrymosa à l’intro un peu ennuyeuse). Pour le reste, on dénichera même quelques tube en puissance à l’instar de Kyrie, Tuba Mirum ou Hostias. En fait, le seul gros reproche que l’on puisse faire à cet album se situera plutôt au niveau de la production que de la qualité de composition. Car si le mixage parvient à donner sa place à chaque instrument dans l’éventail sonore, la production s’avère elle très sèche et donc pas assez puissante et massive à mon goût. De plus, une seconde guitare rythmique aurait probablement été bienvenue en soutien de certains passages de lead guitare (une seule guitare, c’est parfois un peu juste).

Quoiqu’il en soit, voici donc un album dont l’impact mérite largement de dépasser les frontières de l’Amérique du Nord car il séduira à coup sûr le public européen déjà habitué aux sonorités de Therion ou Apocalyptica. Il a en tout cas les qualités requises pour.

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