As Light Dies - A Step Through The Reflection

Alors que je n'avais jamais encore chroniqué de groupe espagnol de ma vie (le truc de fou quoi), me voilà avec deux de ces formations entre les mains en l'espace de deux semaines, et pas des moindres. Dans un tout autre style que celui de Nahemah (signé chez Lifeforce), Mondongo Canibale Records réédite le premier album de As Light Dies (à ne pas confondre avec Daylight Dies évidemment), "A Step Through The Reflection" sorti à l'origine en 2005 chez Geek Records. Et pour ceux qui n'en ont pas eu vent à l'époque (on doit être assez nombreux dans ce cas) et qui croient qu'il n'y a rien niveau metal en Espagne, ceci devrait remettre les points sur les 'i'.

Pas évident de rentrer dans un tel album. En plus d'une durée assez exceptionnelle, le style des espagnols ne facilite rien. Pour vous donner une idée, l'ensemble résulterait d'un croisement artisto-génétique entre la fureur d'un Borknagar, la sophistication d'un Vintersorg, les délires soniques d'un Arcturus et le côté progressif d'un Opeth. Et si je fais allusion à toutes ces formations scandinaves, c'est que les influences sont ici clairement exposées mais As Light Dies n'en est en rien complexé et arrive malgré tout à dégager une réelle personnalité. Alors c'est sûr, dans ces 67 minutes, on se dit souvent "Ah tiens ! Ca, ça ressemble trop à machin !" ou "Oh ! Ce passage c'est presque du plagiat de bidule !". Mais après être arrivé au terme du CD, on n'en a plus rien à foutre et on n'a qu'une seule envie, se le remettre.

Pour être plus précis, la musique des espagnols trouve sans doute ses racines dans le pagan black metal dont on ressent encore l'atmosphère et les mélodies. Sur cette base, le groupe a empilé de nombreuses couches et laissé parler son imagination, pour un résultat qui part dans toutes les directions. Les titres sont souvent très longs (jusqu'à 11 minutes !!!) et alternent passages violents et calmes avec une aisance déconcertante. Bien sûr, on retrouve deux types de chant (voir trois si on sépare les chants death et black) dont un chant clair imparfait mais néanmoins impressionnant, entre Mikael Akerfeldt et Vintersorg (excusez du peu). Mais ce qui m'a le plus frappé à l'écoute de "A Step Through The Reflection", c'est la richesse des morceaux pour un premier album, aussi bien du point de vue de la composition que de l'instrumentation : les mélodies sont très accrocheuses et parfaitement réparties entre les divers instruments, chaque instrument est parfaitement exploité sans tomber dans la surenchère, notamment les claviers et le violon. Ce dernier joue d'ailleurs un rôle prépondérant dans la beauté de certains passages. Par contre, l'interprétation n'est pas toujours très carrée et ça choque aux premières écoutes, mais on s'y fait bien.

En fait, le plus gros problème de cet album réside dans la présence de pures merveilles parmi ces 13 titres, qui placent le reste forcément en dessous. Impossible de ne pas se laisser envoûter par "Out of the Cave", "Imprisioned Forever" ou par ce grand final qu'est "The Sinking of Atlantis", le meilleur titre de l'album selon moi. Quoiqu'il en soit, même si certains titres valent mieux que d'autres, on ne s'ennuie pas une seconde, chaque tiroir des structures ouvrant une nouvelle porte qui donne envie d'aller plus loin. "A Step Through The Reflection" est donc à prendre comme un voyage, d'une beauté et d'une richesse qui valent vraiment le détour. A ne pas manquer assurément.

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