Il fallait bien que ça arrive. Je complète mon quatuor de groupes de métal bordelais. Après Warattah, Heresians, et Gojira, ultime baffe sur ce tsunami de vin tannique et de décibels en fusion, Jenx sort son premier album, "Fuseless", après une démo fort remarquée par la presse spécialisée et des tas de concerts que même ta grand-mère elle aurait voulu y aller. (Je sais c'est stupide et pas drôle, mais il faut bien que le fan-club de Michael Youn puisse nous lire aussi). Cela leur a permis de partager l'affiche (rarement 50/50, mais on n'est jamais content) avec de nombreux groupes de métal, ou d'électro-métal du même tonneau (de chêne, essence qui sublime les vins graves en leur ajoutant des arômes que même ton caviste de chez Nicolas, il en voudrait), tels Gojira, Dagoba, Watcha, ou Caca (cherchez pas, c'est pas un groupe, c'est juste pour l'allitération en A, ça sonnait bien).
Jenx sort donc son premier opus chez Season of Mist, et les bougres n'ont pas fait les choses en huitième (ça, c'est quand on ne fait pas les choses à moitié, et qu'ensuite on ne les refait pas à moitié et qu'on ne les refait pas à moitié une troisième fois) : un artwork soigné métallo-gothique (pour visualiser, imaginez un soudeur des Chantiers de l'Atlantique en noir de travail- l'équivalent gothique du bleu de travail - avec du kohl – le mascara, pas le chancelier – sous les yeux) ; donc un artwork soigné, une production au petits oignons avec des herbes de Provence pour relever le goût des oignons, un peu synthétique par moments, mais agréable au tympan, et très équilibrée et dynamique. Donc que valent les 11 chansons de ce "Fuseless" en fusion (hin hin……bon c'est pourri, mais il me restait des vannes à placer de mon almanach vermot) ?
Au départ, je croyais avoir à faire à un clone de Fear Factory en moins répétitif ("Hole", et surtout "Acht", dont l'intro fait immédiatement penser à un morceau sorti d'Obsolete). Jusqu'à ce que j'arrive à "Kira", dont le sample m'a fait penser à du Rammstein…Et ce jusqu'à "Mute", dont l'intro évoque irrésistiblement White Zombie, dans sa période "Astro-creep 2000", la seule que je connaisse, à vrai dire. Donc je crois que si on essaye de faire un diagramme ternaire et d'attribuer des coefficients de répartition à chaque groupe, comme on pourrait le faire pour établir un procédé d'extraction de l'huile de Colza en milieu hétérogène (mais là je parle uniquement aux lecteurs qui l'intégrale de la collection de Techniques de l'Ingénieur chez eux), on doit pouvoir approcher l'essence de Jenx, à savoir un mix condensé des groupes qui ont déjà mélangés des samples ou de l'électro avec du métal : Fear Factory pour les coups de doubles et les accélérations, Rammstein pour le côté posé avec les gros accords qui écrasent la gueule, et White Zombie pour les samples de films d'horrreur.
Cependant, ce n'est pas rendre justice à Jenx que de les confiner dans un groupe uniquement bon à régurgiter ses influences comme un occupant du Canal St Martin régurgite son vin sur les pieds d'un travailleur social. Car le groupe sait justement varier ses chansons, composer des morceaux posés à l'ambiance pour le moins oppressante, comme
"Unusual", qui avec ses grosses percussions, m'a irrésistiblement évoqué Static-X dans "Wisconsin Death Trip". Ah merde, j'ai encore cité une ressemblance. Bon alors, s'il y a bien un truc qui ne ressemble pas aux autres groupes, c'est bien le chant de Xav. Celui-ci est parfois usant, car il joue sur des registres identiques au long des chansons, mais sa manière de pousser la voix de façon à donner une intensité aux chansons est efficace (écouter "Acht") donc infiniment respectable. De plus le groupe sait sortir des chansons immédiatement efficaces, bigrement dynamiques sans pour autant être linéaires et (trop) attendues.
En fait le reproche que j'aurai à faire au groupe c'est de faire des intros " introquifépenserà". Qu'est ce qu'une introquifépenserà ? Eh bien c'est un début de la chanson qui évoque une influence qu'on préjuge tellement prégnante qu'elle alourdira le propos du groupe. Et c'est justement l'écueil dans lequel j'ai failli tomber (et que j'ai évité avec brio, admettez-le……….Admettez-le !.........................................................Bon, vous allez l'admettre bordel !..), puisque passé cette introquifépenserà, Jenx développe la chanson dans un sens qui est totalement le sien, avec une propension à beaucoup poser les morceaux, les appuyer sur du mid-tempo, afin de mieux les laisser s'envelopper dans les samples (assez judicieusement choisis je dois le dire, pas révolutionnaire, mais en tout cas fort-à-propos), et les monter en intensité par le chant et un travail d'arrangements guitaristiques inspirés.
Bref, tous ces mots pour dire que oui, les influences du combo sont présentes, il faudrait être aveugle pour pas l'entendre (ou sourd pour pas le voir), mais il faudrait faire preuve d'une mauvaise foi sans nom pour ne pas voir que ce groupe est promis à un bel avenir s'ils creusent encore plus dans leur voie. Cet album en est la preuve auditive.
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27/02/2007 06:51
26/02/2007 17:36