Décidément, du début à la fin « Semeïon » aura tout eu du rendez-vous manqué … Et ce dès la mise en bouche – qui aura finalement constitué une mise en abyme préliminaire visionnaire: en effet le premier promo s'étant perdu dans la nature postale, plusieurs semaines plus tard, un 2e trouva finalement le chemin de ma boite aux lettres, simple CD « gravé maison » enrobé d'une photocopie couleur de la pochette de l'album … OK, pas de quoi fouetter un chat, un
Whourkr au packaging pourtant encore moins doté de paillettes s'étant déjà vu porté aux nues. Ce n'est pas ces présentations cheap qui freineront mon enthousiasme, crénom!
Sauf que sans m'en rendre compte, j'avais insidieusement laissé monter la pression et m'étais mis à attendre beaucoup trop de cet album. Au vu des très nombreuses bonnes surprises hexagonales de ces dernières années, des quelques premiers bons échos glanés ci et là sur le Net et de la présence au sein du groupe d'un fan d'
Amoral (
Bertrand) – preuve indéniable de bon goût s'il en est -, je m'étais inconsciemment préparé à recevoir la bombe de l'été. Et manifestement, bien que « Semeïon » ne soit pas non plus un pétard mouillé, je n'aurais pas du m'emporter de la sorte si j'avais voulu apprécier les bienfaits de cet album en toute objectivité et sans amertume aucune.
A la première écoute, petite déception: pas de grosse baffe dans la tronche, plutôt de l'anodin. Mais après maintes écoutes répétées, j'étais quand même un peu rassuré: de plus en plus de passages agréables se mettaient à me rester accrochés dans la caboche. Finalement, il semblait bien que l'album pourrait passer sans trop de problème l'épreuve finale et décisive avant l'élaboration de cette chro: l'écoute attentive de l'album crayon en main, qui permet à votre serviteur de tirer la substantifique moelle de la bête. Mais en fait de réussite haut la main, plouf: beaucoup trop d'imperfections, retour à la déception initiale.
Le décor étant maintenant planté, venons-en aux faits. Sur « Semeïon », Dylath-Leen pratique un death mélodique certes varié, mais à l'indéniable dominante « atmosphérique » old school, faisant tantôt penser à
Arch Enemy (
pas très old school ça, j'en conviens), Catacomb (
les français),
Loudblast (
d'ailleurs le mixage est de S. Buriez),
Tiamat, voire
Nocturnus pour certains plans de synthé. Car oui, il est bien question de synthé ici, mais pas du truc encombrant
Children of Bodomien qui lutte au coude à coude avec la guitare pour aligner les plans branlette, non: on parle bien ici de l'instrument destiné à poser des ambiances tantôt éthérées, tantôt épiques, tantôt mélancoliques. Côté prod', le travail est OK … pour un bon album de death mélodique des 90s. Bref rien de bien violent à reprocher, mais ça manque un peu de la puissance chaleureuse et de la clarté des gros groupes de mélodeath actuels. En gros, on n'a pas tout à fait l'impression d'être face à la dernière grosse bombe scandinave du moment quoi ...
Point fort mis en avant par beaucoup, le chant de la très polyvalente Kathy ne m'a pas convaincu plus que ça. Mais j'avoue que personnellement, les éructation black, féminines ou non, ne sont pas ma tasse d'été. Par contre quand la miss se positionne dans un grain plus death
Angela Gossowien, ça passe plutôt bien (
voire carrément mieux quand c'est Igor qui growle). Concernant le chant clair, celui-ci peut-être tout à fait bien senti (
à 0:30 sur « Adoring wounds », à 2:49 sur « Frozen … ») comme il peut être pataud (
»No-one-else, can-feel-my dis-te-ress » à 1:49 sur « Buy Me a Smile »), voire carrément crispant (
à 1:33 sur « Leering sky » ou encore les « hi-ho » à 1:51 sur « So Ill-Fated »). Bref, du bon comme du moins bon d'après les oreilles à bibi.
Pour finir, et c'est le plus important, la qualité des compos est inégale. D'un côté on a « In memory of those halcyon days » qui propose un bon death atmosphérique aux relents épiques légèrement
Septic Fleshien, « Abhoth » qui fait dans le
Loudblast mélodique inspiré, « Frozen reflect in a broken mirror » qui fait mouche et « So Ill-Fated » qui montre une vraie personnalité. Mais de l'autre on a aussi le poussif « Leering Sky », le début balourd de « Scars as victories » et des lourdeurs ou des naïvetés éparses, comme ce passage terriblement pataud qui arrive comme un cheveu sur la soupe de 1:57 à 3:05 sur « Contain », où la cassure à 1:59 sur « Adoring wounds » et son prolongement à 2:35, qui brisent un instant la magie du morceau.
A l'écoute des meilleurs moments de l'album, j'ai un peu l'impression d'avoir été sévère avec le groupe: mon attente était sans doute trop grande. Il est sûr que Dylath-Leen n'est pas encore à un niveau de maturité qui permette la comparaison avec les plus grands du death mélodique, que ce soit en terme d'écriture ou de production. Ainsi je doute que l'accueil soit aussi dithyrambique à l'étranger que ce que j'ai pu lire pour l'instant par chez nous. Mais on trouve quand même sur « Semeïon » beaucoup de ces très bons passages, de ces idées lumineuses et de ces instants magiques qui font les grands albums. Une fois gommées les imperfections que j'ai essayé de mettre en avant dans cette chro, je ne doute pas un instant que Dylath-Leen acquerra une envergure tout autre.
3 COMMENTAIRE(S)
23/10/2008 00:50
Au hellfest j'avais cependant bien pris mon pied (2007).
22/10/2008 16:27
15/09/2008 00:45