Ca fait un paquet d'années déjà que l'on a l'habitude de voir débouler sur nos platines des formations metal issues du terreau fertile du Nord de la France. Je n'ai cependant pas le souvenir que la ville de Cambrai ait souvent fait parler d'elle dans ce domaine. C'est pourtant de ce haut lieu de la bêtise (
Note à ceux qui ne connaîtraient ni les Calissons d'Aix, ni les Moules de Bouchot: ce début de phrase n'est pas le pendant édulcoré de la bannière stigmatisant l'inceste chti qu'on a pu voir flotter dans l'une de ces tribunes qui fleurent bon la bière et le neurone orphelin), de ce haut lieu de la bêtise disais-je donc avant la parenthèse, que nous vient Syn. Mais au vu du torrent de death mélodique qui sourd (
le verbe, pas le handicap) par tous les trous de ce « Road to Ruin » - premier album du groupe -, il semble que ces chtis gars se sentent enracinés encore plus dans le nord, du côté de Göteborg pour être exact. Pourtant leurs influences revendiquées semblent plus modernes, de
Lamb Of God à
Gojira en passant par
DevilDriver. OK, il y a de relativement discrètes touches modernes sur cette galette, ce qui montre que leur inspiration vient effectivement peut-être plus des US, mais de groupes metalcorophiles qui auraient eux-mêmes été largement puiser à la source
Dark Tranquillinflamienne alors.
« Et il y a encore quelque chose à tirer de la source du mélodeath/metalcore hyper sucré à l'américano-suédoise ? Elle n'est pas définitivement tarie avec ce pompage intensif des dernières années ?»
Eh bien il est vrai qu'il est assez dur de proposer quelque chose de très excitant dans ce domaine, surtout si l'on adopte une approche plutôt classique du genre. Et de ce point de vue, Syn fait plus dans le péché originel (
bien que son patronyme provienne de « Smash Your Neighbor » et non d'un hommage à Eve) que dans le pêchu original. Sur « Road to Ruin », la machine à recycler tourne à plein, le résultat allant du « Bof bof, ça a déjà était fait en bien mieux » (
« Scars of Dawn » et surtout « My Revenge », pas hyper enthousiasmants) au « Pas mal là! Finalement il reste des choses à dire dans le genre! » (
le tubesque « My Sweet Disaster », ainsi que « Feel My Power » qui retrouve un second souffle en matraquant sa mère à 2:39, peu de temps après une fin en queue de poisson), en passant par une grosse majorité de « Ouais, pas mal, mais foutrement classique ». De toutes façons peu importe que certains ressentent une certaine lassitude face à cette Nième offrande melodeath: le groupe est manifestement fan du genre et il est plus que probable que de ces reproches blasées Syn n'ait cure (
désolé, fallait que ça sorte ! :))
D'autant plus que finalement, preuve que leurs influences proviennent en effet également de formations plus récentes, le groupe réussit à inclure dans certains de ses morceaux des saccades bien senties (
à 2:10 sur « Inside Me », à 0:27 sur « My Sweet Disaster » …), voire un léger brin de dissonances et de déstructuration rythmique (
sur le très sympa « Inacccurate », à 0:33 par exemple), ce qui l'ancre donc pour partie dans son époque. M'enfin à côté de ça, les poncifs du genre sont consciencieusement respectés, de l'intro mélancolico-accoustique de « #08 » au délicat répit de « The Hollowing » (
sur lequel on retrouve au chant Kathy de Dylath-Leen … Tiens au fait, est-ce que je vous ai dit que c'est Bertrand, du même D-L qui est à la batterie ? Non ? Bah voilà c'est fait !), en passant par les leads aériens, les rythmiques joufflues mais toujours empruntes de mélodies et les ambiances sombrement mélancoliques …
Bref, tout ça respire le bon death Göteborgien des origines, et dans cette optique « Road to Ruin » saura vous séduire si vous restez un indécrottable fan du genre - qui toutefois devra savoir également apprécier le groove saccadé de la nouvelle génération métallique pour adhérer corps et âme à ces compos. Pour ma part, les années et les albums s'accumulant, il faut vraiment qu'une touche de génie ou qu'une personnalité très forte vienne transcender la musique pour que je puisse pleinement prendre mon pied sur un album respectant de façon aussi orthodoxe les codes d'un genre déjà bien exploité. Mais nul doute qu'il faudra bien plus que la relative tiédeur de mon accueil pour clouer le bec à Syn (
… c'est ma cousi-neuh! Désolé, je sais que la Convention de Genève interdit de finir une chronique sur ce type de jeu de mot merdique mais c'est plus fort que moi …).
4 COMMENTAIRE(S)
24/08/2008 00:54
Oui, bon, on va s'arrêter là peut être...
23/08/2008 23:59
22/08/2008 18:09
"Syn n'ait cure."
"bec a Syn"
Formidable !
Y a pas à dire, les jeux de mots, c'est vraiment une condition Syn equa non de tes chroniques.
22/08/2008 17:11