Commençons cette chronique par la Minute culturelle nécessaire de Mr Thrasho, featuring M.C. Wiki:
Toumaï est le surnom d'un crâne fossile de primate découvert en 2001 au Tchad.
Armé de cette information, puis confronté à la musique et à l'univers visuel assez orienté « L'armée des 12 singes » du groupe, il n'est pas rare que l'auditeur avisé se voit replongé dans les lointains échos du
« Give a monkey a brain … » de
Fishbone. En effet les provençaux de Toumaï pratiquent selon leurs dires un « psyché funk de la jungle » qui puise « ses racines dans tout ce qui groove à la sauce
Rage Against the Infectious Peppers ». On est d'accord, en particulier pour la référence à Infectious Grooves. On pense aussi à d'autres influences revendiquées:
Fishbone donc, mais aussi Primus,
Mr Bungle, FFF,
Psykup. Le groupe s'ébat ainsi joyeusement dans une fusion funk metal énergique, peut-être un peu moins furieusement metal que les références précédentes, mais toute aussi barrée et jouissive. D'ailleurs le groupe cite également parmi ses chouchous Philippe Katerine, Georges Brassens, Thomas Fersen, Portish Head, Ben Harper, Miles Davis … Bref, fans de
Brodequin, c'est sympa d'être passés, mais la fête va commencer, donc si vous pouviez remballer la barbaque et virer votre pick-up du parterre de bégonias des voisins, ça nous irait droit au cœur …
Sur les 4 titres de cette 2nde démo, la guitare ne fait rien qu'à swinguer à grands coups de pédale à effet, la basse est livrée avec son trampoline de série, le batteur n'a de cesse de chatouiller son kit dans une bonne humeur rock/jazz'n'groove, le chanteur s'acharne sur son câble – qu'il réussit par conséquent à péter à intervalles réguliers … et Martin (
remplacé depuis par Célia) s'en donne à cœur joie au piano rock, contribuant au passage pour une grande part à la « patte Toumaï », et permettant ainsi au groupe de se démarquer efficacement de ses références. Certes, cet ajout démétalifie un brin la musique (
cherchez pas, ça ne se dit pas), mais cela assoit le groupe un peu plus confortablement dans la niche qu'il est en train de se forger à coups de bonne humeur et de bonne zic. Et pendant qu'on en est à faire le tour d'horizon des individualités, petit zoom sur Antoine qui brille tout particulièrement derrière le micro. Ses interventions se situent toujours entre le Woody Woodpecker Pattonien, le raggamuffin man sachant montrer les crocs et le chanteur pop/rock à tendances zébuloniennes. Qu'il se pare de tel masque vocal ou de tel autre, le bougre se livre régulièrement à de petits délires cartoonesques – ou juste bien barrés – (
cf. le « solo » à 5:11 sur « Madness in Mind ») qui pimentent encore un peu plus le funk metal sur ressorts du groupe.
Des 4 morceaux, je retiendrai « Wikki Puppies » et « Madness in Mind » comme les 2 grosses réussites de la démo … Peut-être en partie parce que ce sont les plus metal (
le premier des 2 titres finit même sur un plan thrash bien furieux, et le second se fend d'un hommage à l'Immigrant Song de Led' Zep') et les plus expérimentaux (
« Madness in Mind » surtout, qui étend ses délires sur plus de 7 minutes). « Anachron » est plus purement funk (
j'ai pensé à Jamiroquai parfois) – mais également plus « space ». Le morceau semble – à ce que j'en ai partiellement compris – développer l'histoire délirante d'un voyage dans le temps qui ne se passe pas tout à fait bien pour le protagoniste principal. « Raven » reste dans une approche « snap you' fingaz », mais il passe dans un mode plus léger et mélodico-tout mignon moins propice à l'agitation frénétique. Pour embrayer sur les moins roses des aspects de cette démo, on constatera que la prod – bien qu'elle laisse l'ensemble des protagonistes s'exprimer dans la plus limpide des cohabitations – manque encore de cojones… M'enfin le format et le budget expliquent aisément cela.
Pour conclure, cet amuse-gueule risque de vous donner drôlement faim, pourvu que vous soyez sensibles aux mots funk et groove, ou que vous soyez nostalgiques de la fusion du début des 90's. Notez dès à présent qu'un EP 6 titres est prévu pour l'année prochaine – et j'avoue avoir hâte d'entendre tout ça avec l'enrobage d'un gros son. De là à dire qu'il n'y a que Toumaï qui m'aille, il y a encore un pas que je ne franchirai pas, mais on est en bonne voie. Et je tiens à finir cette chro sur une citation pleine de bon sens d'Antoine qui, sur « Wikki Puppies », nous rappelle à juste titre cette vérité trop souvent négligée:
Dllrrrrrrit Pop-tou-pop
Dllrrrrrrit Pop-tou-P'hey!!!
4 COMMENTAIRE(S)
14/01/2010 17:43
14/01/2010 17:01
14/01/2010 16:49
En tous cas, ca met la patate !
Vivement plus de titres !
13/01/2010 17:16
* wikki puppies
* anachron
sont également dispo sur Youtube ...