Une fois effectué l'aménagement orthographique adéquate, l'ami Wiki nous apprend que la Droc(/s)era est
une petite plante carnivore vivant sur des sols humides, pauvres et acides. Bref, thématique Monstroplante en vue, appelez-moi « SOS – Conquérants de la Lumière » au 08106 J-A-Y-C-E, prix d'un appel local depuis la métropole. C'est le biotope limousin qui aura vu l'éclosion de cette drôle de plante, en l'an de grâce 2003 pour être exact. Et après quelques années d'errance où leurs spores ont erré à la recherche d'une terre accueillante où se développer, le groupe a finalement enraciné son style dans l'humus fertile d'un death metal moderne et progressif, tout au moins si l'on se fie à l'auto-description que nous en font nos amis limougeauds.
Drocera pratique en effet un death metal posé, dont le tempo moyen est - justement - plutôt moyen, de bonnes petites accélérations apparaissant certes de ci de là, mais la vitesse de croisière allant généralement plutôt du up/mid tempo à des plages calmes et aérées, lors desquelles le batteur à le temps de consulter les SMS reçus pendant les parties blastées. Le qualificatif « moderne » trouve sa justification à travers quelques détails annexes, mais le fond de commerce de Drocera, ce n'est pas non plus le pillage du patrimoine
Meshugguesque, ni l'adhésion de principe aux dogmes de la Klonosphere. Quoiqu'on puisse trouver des bribes de plans
Gojiriens ici et là (
allez tiens, à 1:33 sur « Misunderstood »). Même les vocaux de Jérémy n'ont pas tellement cette tendance à partir dans les aboiement coreux de la nouvelle vague. Par contre on pourra quand même reprocher à l'intéressé des interventions un peu monotonales, voire ternes, un peu comme du vieux
Loudblast, mais en plus rugueux.
Pour en revenir au style du groupe, s'il pratique un death metal mid tempo et aéré franchement mélodique, varié et emprunt pour une bonne part des 6 titres d'influences orientales, l'adjectif « prog » est un poil usurpé. OK le groupe laisse respirer ses morceaux, enchaîne les plans, varie les rythmiques, et décline les thèmes à un rythme relativement élevé, mais on n'en est pas encore aux constructions d'orfèvre généralement associées au terme « prog », d'autant que le groupe souffre encore d'un manque d'expérience certain, pas tant quant à la composition des morceaux que par rapport au rendu final, à la couche de vernis unificatrice qui doit servir d'écrin à toute bonne compo. Et à ce titre, la prod et le mix sont assez bof bof. Autant le son bourbeux parfois adopté par les grattes peut-être voulu, autant à certains moments tout cela sonne un peu confus, plein d'irritantes aspérités et « pas tout à fait fini ». A noter que le batteur – qui à mon humble avis, sans être franchement mauvais, n'est pas ceinture noire 6e dan de lattage de peaux – voit ses cymbales bien trop souvent mises en avant alors qu'il n'en fait rien de tellement folichon, ce qui m'aura irrité un certain nombre de fois. Côté guitares, la paire de gratteux assure déjà un poil plus, même si la prod aurait pu mettre mieux en avant leur prestation.
Mais plus que les prestations individuelles, le véritable plus du groupe est d'être capable de présenter des morceaux aux mélodies et structures intéressantes. Ainsi quand Drocera sort du registre du death pesant et bourbeux, il s'offre assez vite des incursions mélodiques à la suédoise (
cf. la fin de « Misunderstood » ou encore « Escape From … part II »), voire manifeste des velléités
Nilisantes, tout en évoluant dans un registre un peu plus soft, genre 70%
Nile, 30%
Orphaned Land. A ce titre, « Signs of Decline » est on ne peut plus clair sur ses intentions. Mais la coloration orientale ne se cantonne pas à ce titre, et le souffle chaud du sirocco commence à se manifester dès « The Need for Illusion » (
vers 2:21), et continue de charrier des effluves épicées, quoique moins évidentes, sur « Escape from … part I », dans la continuité du titre précédent. D'ailleurs il est assez étrange de constater que « Signs of Decline » et « Escape from … part I » semblent de ce fait beaucoup plus liés l'un à l'autre que ne le sont « Escape from … part I » et « Escape from … part II ».
Alors que faut-il retenir de cet EP? Que Drocera montre des qualités de composition certaines, mais qu'il reste encore assez clairement des lacunes du point de vue de la mise en forme et de la finition des compos. Le groupe aurait également besoin d'une prod plus claire, le style pratiqué et les prétentions « prog » nécessitant une qualité sonore sans faille. Il faudra enfin réussir ce je ne sais quoi indéfinissable qui fait que le mélange de mélodeath suédois aéré, de death mid poisseux et de mélodies orientales coule de façon complètement naturelle, tout en venant s'implanter bien profond dans les méandres de notre caboche … Car si je dois reconnaître la qualité des mélodies et du travail de composition – ah quel salopard ce cglaume, il va finir sur un mauvais point! –, je dois avouer ne m'en être vraiment rendu compte que lors des toutes dernières écoutes attentives de la galette, la dizaine de passages précédents – certes plus « légers » – ne m'ayant laissé absolument aucune trace. Bref, le fond est là, reste à bosser la forme!
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