Incompréhensible.
Antithesis avait fait l'objet d'une couverture médiatique à la hauteur de ses qualités, avec un succès critique qui aida le groupe à propager la bonne parole. Son successeur,
Privilegivm, est annoncé à grand coup de teaser et morceaux myspace histoire de mettre l'eau à la bouche. Et pffff, que dalle, nada, rien : les principaux webzines ne le chroniquent pas et il faut faire appel à une longue recherche google (au moins cinq minutes, de quoi décourager, rendez vous compte !) pour trouver une chronique valable de l'album. Alors quoi ? Ce disque serait-il tellement infâme que, découragés, les chroniqueurs sont allés s'occuper d'autres choses (disques/impôts/cadeaux de noël) ? Loin de là, cher lecteur, ho oui, loin de là !
D'
Antithesis reste cette puissance noire et phénoménale portée par une batterie clinique et ces guitares si particulières, à la fois grouillantes et thrashy, faisant bomber le torse. Les refrains imparables sont encore de la partie (« Sulphur » mais surtout « I, Maldoror » qui donne l'impression d'être lancé dans une arène décadente) et le groupe a même encore plus plombé ces riffs pour notre plus grand plaisir (« For They Know Not » ou « Queen Among Rats » et son chant haché comme une litanie). Secrets of the Moon est toujours ce monolithe puant le souffre, imposant car surhumain. Le chant de la nouvelle bassiste, LSK (Vorkreist, Antaeus entre autres) y est pour quelque chose, peu présent mais avec un aspect incantatoire se mélangeant à merveille à la terreur exprimée par sG.
Si l'envie de lever un poing rageur est toujours de mise sur cet album, il est clair qu'aucune chanson n'atteint la puissance d'un « Versus » par exemple. Mais l'essentiel de cette nouvelle pièce des allemands se situe ailleurs, dans cette plus grande place accordée à l'occulte, comme le suggère cette pochette rappelant le péché originel. Décelable d'entrée de jeu avec l'introduction « Privilegivm » (qui fait penser aux « Prayer » de l'album
Si Monumentum Requires, Circumspice de Deathspell Omega), cette dévotion offre un nouveau souffle à la musique du groupe. En un mot comme en cent : « Harvest ». Ce morceau fleuve de plus de treize minutes, tout en arpèges dissonants évoquant le Black Metal Orthodoxe et possédant des paroles parmi les plus prenantes qu'il m'ait été donné d'entendre (We did not see the serpents moving/Underneath our feet…), est à mettre au Panthéon du groupe. Tout y est cassé et pourtant fluide, montée en puissance et abandon, transe et blasphème. La force de Secrets Of The Moon est plus que jamais insufflée par le Malin. Si cette atmosphère diabolique est la grande évolution de l'album, elle n'est pas la seule. Quelques claviers sont là pour porter cette église noire ainsi qu'une influence Doom mélancolique sur « Black Halo ». « Sheperd », qui termine l'album, peut être vue comme une ballade faite par Secrets Of The Moon : un morceau sombre et mélancolique (avec toujours cette dévotion présente) mais aussi étrangement apaisant et lumineux.
Cette surabondance d'éléments nouveaux ne gêne pas l'écoute. Secrets Of The Moon a toujours joué une musique difficile car étouffante et s'appréciant sur le temps long, mais
Privilegivm a une homogénéité qui manquait à
Antithesis (que je n'écoute plus que pour quelques morceaux). Tout est cohérent, ordonné, un monolithe qui s'écoute d'une traite comme une entité à part entière. Par contre, il est clair que les deux derniers morceaux, l'interlude « Descent », crispante et inutile, et « Sheperd » dénotent du reste de l'album et on peut se dire que celui-ci aurait pu finir sur « Queen Among Rats ». Cette fin d'album et quelques riffs moins inspirés (« For They Know Not » bien que possédant un final poignant ne fait pas le poids face à « Sulphur » ou « Queen Among Rats »), font que Secrets Of The Moon rate de peu le sans faute !
Le groupe en a quand même bavé : une refonte drastique de son line up et une visibilité réduite laissant penser qu'
Antithesis était un effet de mode. Pourtant,
Privilegivm est un album où le groupe se surpasse et se réinvente tout en gardant l'essence de ce qu'on aime chez lui : le souffre et le pouvoir. Grand !
10 COMMENTAIRE(S)
03/03/2010 00:09
Maintenant je pense que c'est plus lié à la multitude de sorties et à la multitude de sites ou on peut s'éparpiller.
Et sur un plan plus perso, je me contente de prendre ce qui est bon le plus souvent sans en discuter alors je ne suis pas un bon exemple. :-)
J'aime bien celui-ci cela étant, il a matière à y revenir.
02/03/2010 07:25
L'impression que les amateurs de ce style de musique n'ont plus l'envie de faire partager leur avis, ou qu'il n'y en a plus tant que ça.
Tu peux préciser ? tu veux dire que les amateurs de BM ne sont plus aussi nombreux et qu'ils ne veulent pas donner leur avis sur un disque ?
Pourtant il me semble que, avec le succès de quelques albums (le dernier funeral mist par exemple), le BM se porte bien...
02/03/2010 04:04
C'est fort possible.
02/03/2010 02:16
L'impression que les amateurs de ce style de musique n'ont plus l'envie de faire partager leur avis, ou qu'il n'y en a plus tant que ça.
28/02/2010 18:35
Il va vite falloir que je corrige ça.
Dommage qu'il soit passé inaperçu en France (comment l'expliquer ?) mais tant mieux si nous sommes les seuls !
28/02/2010 17:52
j'avoue, j'ai ri
28/02/2010 16:32
Déjà je rajouterai personnellement que c'est un album plus direct et rentre-dedans que Antithesis, déjà au niveau des paroles où ça relève du blasphème, chose à laquelle SOTM ne nous n'avait pas habitué ("Mary where is fortitude / let me puke on you / let me choke the shit out of you / you will be done on earth as it is in heaven" sur Black Halo par ex). Musicalement aussi, avec un Sulphur véritablement efficace ou Black Halo, justement, l'un de leurs morceaux les plus agressifs.
Sinon, For they Know Not est pour moi un morceau excellent, à l'ambiance plus que prenante, d'une noirceur intense, et au riff principal efficace au possible. Effectivement, l'album aurait pu terminer sur Queen Among Rats, mais Shepherd réussit bien le coup de jouer l'accalmie mélancolique et désespérée. Et au final, avec le nombre d'écoute, je trouve que Descent fonctionne bien, n'est pas aussi insuportable qu'au début.
Cet album surclasse Antithesis d'un haut niveau, qui aurait mérité d'être peut-être divisé en 3 EP distincts (Versus + Ordinance ; Confessions + Metamorphoses ; Ghost + Seraphim is Dead + Lucifer Speaks) pour avoir plus de cohérence.
Je mets 10/10 à Privilegivm, mais je descends Antithesis à 8.5/10.
Ah et au niveau de la couverture de cet album par les médias, c'est uniquement en France qu'il est passé à la trappe. A l'étranger, ce disque est encensé comme jamais, plusieurs fois album du mois et/ou de l'année dans pas mal de magazines/webzines.
28/02/2010 14:28
27/02/2010 23:05
Un album d'une force implacable, la BO d'une interminable descente aux enfers parsemés de questions existentielles...
Jolie chronique en tout cas
27/02/2010 16:11
Je ne me suis jamais penché sur ce groupe, que je connais pourtant depuis tant d'années...une érreur à réparer !