Dire que cet album était attendu est un euphémisme. 6 ans, oui 6 ans auront été nécessaire pour que Borknagar nous gratifie enfin d'une nouvelle œuvre électrique (je met de côté le conceptuel
« Origin » sorti en 2006). Sur cette longue période, le line-up a quelque peu changé : exit Asgeir Mickelson (et crois moi, on te regrettera), au profit de David Kinkade, qu'on aura vu massacrer quelques fûts chez Malevolent Creation, Divine Empire ou bien Arsis. Les vétérans sont eux toujours là : Vintersorg à la tête de l'ensemble des parties vocales et Øystein Garnes Brun à la 6 cordes.
Malgré ces 6 années, on reconnaît immédiatement le style Borknagar dès l'ouverture d' « Havoc » : un mélange complexe de folk, de black metal, teinté d'une forte dose de textures progressives. Inclassable, avant gardiste, et definitivement pas destiné à tout le monde, Borknagar ne cherche pas à faire de la musique consensuelle. Ici, chaque mélodie, chaque riff, chaque note de clavier fait partie d'un ensemble qui ne s'apprécie qu'en prenant un peu de hauteur, et en considérant le morceau voire l'album comme une œuvre qu'on ne découvrira qu'à travers des couches successives, souvent teinté d'émerveillement. C'est ainsi qu'
« Empiricism » fut un véritable coup de cœur à sa sortie, tant il rentrait parfaitement dans cette catégorie d'album proche de la perfection et qui peut se découvrir de mille façons différentes.
Qu'en est-il alors de ce « Universal » tant attendu ? Pour être franc, je suis un peu déçu. Bien que l'on retrouve ici toutes les composantes qui font l'essence du groupe, aussi bien dans sa furie que ses passages plus mélodiques, je trouve que Borknagar a trop dilué sa formule cette fois ci. L'équilibre rage / calme est brisé, cette fois ci la prédominance de passages calmes est flagrante, avec un chant clair de Vintersorg qui devient omniprésent. Son chant black ne sert plus qu'à accompagner les quelques envolées rageuses que le groupe daigne encore délivrer et le qualificatif « black metal » devient bien difficile à maintenir.
On regrette également le départ d'Asgeir : bien que le CV de son successeur soit bien rempli, son jeu n'est pour autant pas aussi riche et détaillé que son prédécesseur ; quand l'on voit les groupes dans lesquels il a officié, basés davantage sur la puissance que sur un jeu de cymbales à la limite du jazz, on peut comprendre un peu mieux le changement drastique d'ambiance. C'est un peu comme si vous preniez n'importe quel batteur de heavy / speed pour remplacer au pied levé Flo Mounier, toutes proportions gardées bien entendu.
Et puis…il y a un petit quelque chose qui manque ici. Pourtant, tout est en place : Vintersorg chante on ne peut mieux, les mélodies sont bien amenées et magistrales de subtilité, mettant un certain temps à rentrer en tête mais n'en sortant plus ensuite… pourtant je sens comme un vide, une absence qui m'empêche d'aller plus loin dans mes éloges.
Alors je veux bien apprécier sans remords la mélodie si simple, si belle, qui mène la danse sur « Fleshtower » (et qui voit le claviériste pousser la chansonnette de fort belle manière), admettre que j'ai pris mon pied sur le solo époustouflant de « Reason » et sur les harmonies vocales en arrière plan de « The Stir of Reason » ; ou enfin reconnaître que « My Domain » renoue avec le coté grandiloquent des débuts (et marquant le come back réussi de Vortex, ancien vocaliste du groupe), et en conclure qu' « Universal » est un bien bon album.
Mais ces petites touches de magie, aussi belles et délicates soient-elles, ne seront pas suffisantes pour qu'il mérite une place de choix au coté de ses grands frères ; est-ce une question de temps pour que j'apprécie davantage cette évolution non conforme à mes attentes ? Est-ce que l'album est si complexe et prenant qu'il ne s'ouvrira à moi que dans quelques centaines d'écoutes ? Toujours est-il qu'au moment ou j'accouche de ces quelques lignes, je ne ressens qu'une affection certes sincère mais retenue envers « Universal », là ou j'attendais de pouvoir le hisser sur un piédestal pour le bilan annuel…Pas une déception, mais un bon album ni plus...ni moins.
3 COMMENTAIRE(S)
25/03/2010 19:02
09/03/2010 16:12
En fait, le mélange Black/rock 70's est vraiment bien foutu et on est souvent pris à contre-pied par des mélodies se terminant par une harmonie dissonante. Le clavier est vraiment original et apporte sa p'tite touche non négligeable aux compositions. Les passages clean me rappellent énormément un certain Damnation de Opeth d'ailleurs.
Malgré celà j'ai du mal à rentrer entièrement dans chaque morceau même si ça fait un p'tit moment que j'ai eu tout le loisir d'apprécier l'excellent Havoc. Personnellement j'ai vraiment eu du mal à apprécier le titre Fleshflower, pas vraiment à cause du chant, mais le titre est en complet décalage avec le reste je trouve surtout à la batterie, qui d'ailleurs est joué par le claviériste et ça se sent, beaucoup plus basique, moins de breaks surprenant comme ce breaks "ternaires" venant donner un sacré coup de fouet lors des transitions. Le jeu du nouveau batteur est vraiment super même si ça manque de"folie" sur les passages plus calme. Le dernier titre également... je n'ai jamais été très fan de Vortex et ce titre me laisse un goût d'inachever en fait...
Chaque titre a son ou ses moments de gloire comme le break monstrueux de Reason, l'harmonie vovale sur fond de guitare dissonante de The Stir Of Seasons ou le refrain bien accrocheur de Abrasion Tide ou celui de Worldwide et son riff jouissif. On est loin d'un The Black Canvas ou d'un Soul Sphere cependant... Vintersorg est toujours aussi impressionnant au chant en tout cas!
Sûrement un de ces albums qui se laisse découvrir sur la durée mais pour le moment j'ai un peu de mal encore...
03/03/2010 16:34
J'ai eu pas mal d'échos sur cet album et c'est apparemment un des albums les moins accrocheurs ou plutôt, accessibles du groupe et qu'il faut vraiment approfondir les écoutes pour vraiment rentrer dedans.
Hâte d'entendre ça en tout cas, je compte bien en faire le tour de cet album!