Of the Wand & the Moon - Nighttime Nightrhymes
Chronique
Of the Wand & the Moon Nighttime Nightrhymes
Kim Larsen est probablement plus connu dans la sphère metal pour son investissement au sein de la célèbre formation de doom/death Saturnus. Notre Danois aura notamment imprimé son nom sur les deux premières oeuvres du groupe "Paradise Belongs to You" (1996) et "Martyre" (2000). Mais l’homme n'était pas fait pour ça et avant même la sortie de l'exceptionnel second album de Saturnus, il prend la route, seul, et donne naissance à ce projet aux antipodes de sa précédente expérience. Voilà Kim qui frappe à la porte du folk... et le folk l'a accueilli.
Avant toute chose, j'ai conscience de mon manque de références en la matière, étant plus familier des formations qui virent le jour à la fin des années 90 que celles qui ouvrirent la voie comme Death in June ou Sol Invictus. Surtout que Of The Wand & The Moon ne pratique pas ce folk uniquement tourné vers la nature comme pouvaient l'être ceux d'Empyrium ou Tenhi. Le style est ici plus froid, plus épuré, plus monochrome et vient ajouter cette dimension quasi industrielle caractéristique du néofolk. Comme une douleur lancinante que l'on peine à saisir, ces aspérités restent cependant en arrière plan et ce premier essai garde encore un pied dans la forêt, ce qui en fait une oeuvre assez atypique. Piliers de sa musique, les guitares acoustiques nous baladent à travers différentes ambiances, proposant peu de variations (voir aucune) au sein d'une même composition ; elles laissent le soin aux murmures de Kim et aux différentes participations (flûte, violon, piano, claviers...) de renforcer cette base, faisant pencher la balance vers une musique tantôt résolument négative, tantôt plus lumineuse. Les arrangements jouent également un rôle majeur dans la consistance des atmosphères dépeintes tout au long de ces 50 minutes : pourtant discrète, la présence de ces petits détails font toute la différence sur les pièces les plus sombres telles que "I Crave for You" ou "Lion Serpent Sun". Sur ses deux derniers titres, l'album prend une nouvelle direction en s'orientant vers un style ambient/folk (que l'on retrouvera par la suite) idéal pour conclure ce premier chapitre sur une note plus diffuse.
Si "Nighttime Nightrhymes" prouve au moins une chose, c'est que l'ami Larsen ne s'est pas trompé de chemin. On sent l'homme habité par son art. Cette entrée en matière humble, sans prétention, a quelque chose à nous conter et le fait d'une bien belle manière. Elle s'inspire de ses différentes influences pour produire une musique à plusieurs visages, allant des exigeants "I Crave for You" et "Lion Serpent Sun" aux champêtres "Raven Chant" et "She With Whom Compar'd the Alpes Are Vallies" en passant par les mélancoliques "Sól Ek Sá" et "In the Colours of Night" ou encore sa mystérieuse conclusion. Durant ce périple, on ressent toutefois une certaine pudeur, une certaine retenue. Si ce choix accentue l'aura mystique qui plane sur ces compositions, cette prise de position volontairement en retrait bride aussi l'impact émotionnel de l'ensemble. L'album ne décolle jamais réellement et nous maintient dans un état de contemplation qui s'avère frustrant par moments ; pour moi, il manque quelques envolées, quelques temps forts.
Sans bousculer les règles du folk, ce premier essai a le mérite de proposer un voyage plaisant et captivant aux paysages variés. Un album gracieux dont la beauté naît de sa simplicité, l'équilibre naturel entre l'homme et la guitare, entre l'homme et ce qui l'entoure, entre l'homme et ses pensées. "Nighttime Nightrhymes" demeurera unique dans la discographie du Danois ; les productions qui suivront perdront peu à peu cette innocence pour embrasser toutes les contradictions du néofolk.
| Dead 15 Août 2013 - 1808 lectures |
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4 COMMENTAIRE(S)
citer | Vous qui vous intéressez aux travaux de Larsen, jettez une oreille à son projet Doom Death Black Wreath. Ca vaut aussi sont pesant de cacahouètes mélancoliques. |
citer | Oui, je connais ROME mais je préfère OTWATM franchement!
Y a toujours un gros feeling "païen" et naturaliste sous-jacent avec le Danois qui semble toujours gonflé d'émotions puissantes à rabord et ça fait de plus en plus leur patte personnelle à mes yeux. "A Tomb of Seasoned Dye", ouch quoi.
Pour composer des tueries mélancoliques comme ça depuis un bon moment déjà quand même, le père Larsen doit être bien atteint...
Enfin j'ai bien hâte de lire la suite de tes chroniques du coup franchement. Bon courage! |
citer | Merci Geist
Oui je connais the lone descent et c'est vrai qu'il est bien différent, plus froid et indus que les précédents, dans la pure tradition neofolk. Ça m'a bcp fait penser a Rome, je sais pas si tu connais. Je comptais m'occuper de la disco dans l'ordre chronologique alors on aura l'occasion d'en reparler |
citer | Excellente chronique cher collègue, tu résumes à merveille tout le bien que je pense de ce disque même si je pense que je lui aurais mis une meilleure note tant j'y reviens fréquemment avec un plaisir inchangé.
Comme tu le dis, là dessus :OF THE WAND & THE MOON: n'innove en rien mais reste fidèle à une tradition, je lui trouve une certaine connivence avec SOL INVICTUS pour le côté païen mais la voix distingue bien ce groupe des autres. À ce sujet, j'apprécie beaucoup ses murmures sur les premiers albums mais je goûte encore davantage au chant grave qu'il développera plus tard.
Personnellement j'ai été séduit par son dernier, The Lone Descent, il a trouvé une vraie personnalité sur celui-ci pour le coup. Je sais pas si tu l'as écouté... |
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4 COMMENTAIRE(S)
17/08/2013 12:34
17/08/2013 11:18
Y a toujours un gros feeling "païen" et naturaliste sous-jacent avec le Danois qui semble toujours gonflé d'émotions puissantes à rabord et ça fait de plus en plus leur patte personnelle à mes yeux. "A Tomb of Seasoned Dye", ouch quoi.
Pour composer des tueries mélancoliques comme ça depuis un bon moment déjà quand même, le père Larsen doit être bien atteint...
Enfin j'ai bien hâte de lire la suite de tes chroniques du coup franchement. Bon courage!
17/08/2013 10:59
Oui je connais the lone descent et c'est vrai qu'il est bien différent, plus froid et indus que les précédents, dans la pure tradition neofolk. Ça m'a bcp fait penser a Rome, je sais pas si tu connais. Je comptais m'occuper de la disco dans l'ordre chronologique alors on aura l'occasion d'en reparler
16/08/2013 14:43
Comme tu le dis, là dessus :OF THE WAND & THE MOON: n'innove en rien mais reste fidèle à une tradition, je lui trouve une certaine connivence avec SOL INVICTUS pour le côté païen mais la voix distingue bien ce groupe des autres. À ce sujet, j'apprécie beaucoup ses murmures sur les premiers albums mais je goûte encore davantage au chant grave qu'il développera plus tard.
Personnellement j'ai été séduit par son dernier, The Lone Descent, il a trouvé une vraie personnalité sur celui-ci pour le coup. Je sais pas si tu l'as écouté...