Autopsy - Tourniquets, Hacksaws And Graves
Chronique
Autopsy Tourniquets, Hacksaws And Graves
Lors de ma chronique du Bloody Kisses de Type O Negative, je considérais l’absence du groupe new-yorkais dans nos pages comme l’une de nos principales lacunes, sous-entendant au passage qu’il y en avait évidemment quelques autres. En matière de Death Metal, l’absence d’Autopsy parmi les 5501 chroniques que compte aujourd’hui Thrashocore est assurément l’un des plus gros oubli de notre part. Un manquement intolérable pour tout webzine qui se respecte mais que nous allons tout de même tenter de combler (au moins un minimum) avec la chronique de leur dernier album en date intitulé Tourniquets, Hacksaws And Graves.
Sorti fin avril sur Peaceville Records, l’artwork de ce septième album a été confié à Wes Benscoter, l'homme derrière la pochette de Macabre Eternal. Le moins que l'on puisse dire c'est que le travail réalisé ici - ce zombie armé d'une scie en plein acte d'auto-mutilation - correspond plutôt bien à l'idée que l'on peut se faire de l'univers gore et dérangé d'Autopsy. Une mise en bouche visuelle plutôt encourageante sur le contenu de ce nouvel album.
Après un The Headless Ritual qui semble avoir laissé plus d'un auditeur dubitatif, Autopsy reprend naturellement le chemin de ce Death Metal qu'il a lui même façonné à la fin des années 80. Souhaitant probablement rassurer son public suite à cette légère déconvenue, le groupe californien reprend avec "Savagery" - titre d'ouverture - l'un de ses riffs les plus emblématique, celui de l'excellent "Twisted Mass Of Burnt Decay" présent sur l'album Mental Funeral. Une introduction tonitruante mais sans surprise qui pourrait laisser croire à un manque d'inspiration. Heureusement, il n'en est rien puisque malgré l'usage de nombreux poncifs aujourd'hui éculés, Autopsy fera preuve tout au long de Tourniquets, Hacksaws And Graves d'une certaine originalité parfois même préjudiciable.
Au delà de sa réputation qui n'est plus à faire et donc de son statut de groupe über culte, la force d'Autopsy réside dans l'architecture peu orthodoxe de ses compositions. Des titres souvent construits sur des structures à géométrie variable, capables de passer dans le même morceau (ou pas, cela dépend) de séquences explosives tout à fait efficaces bien qu'assez basiques à des passages plus ou moins tarabiscotés plutôt intéressants mais pas toujours très mélodieux ni même très heureux (mais on y reviendra). En 2014, ce constat reste tout à fait valable. Le groupe de Chris Reifert fait ainsi de sa personnalité un atout évident, proposant un Death Metal old school qui n'appartient qu'à lui. Une chose dont peu de groupes peuvent encore se vanter aujourd'hui. La puissance de ses riffs, le feeling de ses leads et soli (plutôt bien représentés ici bas) et finalement des ambiances sclérosées qui en découlent sont mis ici en avant par une production naturelle sans aucun artifice. Une production qui se contente de l'essentiel et qui vise tout à fait juste.
Mais cette force est aussi l'une des grandes faiblesses d'Autopsy. Dans le cas de Tourniquets, Hacksaws And Graves, nombreuses sont les séquences à venir rompre un peu trop franchement avec la dynamique de certains morceaux. Des cassures rythmiques qui finalement n'apportent pas toujours grand chose, au mieux une bonne dose de relief (Autopsy se permet ainsi de développer ses atmosphères à l'image du plutôt convaincant "King Of Flesh Ripped") au pire un certain sentiment d'ennui (la triste impression qu'il ne se passe plus grand chose: "The Howling Dead", "Forever Hungry" à partir de 2:59 ainsi que "Deep Crimson Dreaming" et "Burial"). D'autant que l'on constate un très net déséquilibre entre une première moitié d'album plutôt soutenue ("Savagery", "After The Cutting", "Forever Hungry", "Teeth Of The Shadow Horde") et une seconde partie marquée par davantage de détours et de demi-mesures (l'inutile interlude qu'est "All Shall Bleed", les rampants "Deep Crimson Dreaming", "Burial" et dans une moindre mesure "Autopsy").
Malgré des qualités évidentes qui continuent à faire d'Autopsy un groupe résolument incontournable, vous aurez probablement compris que ce nouvel album ne figurera pas dans mon bilan de fin d'année. Trop déséquilibré pour convaincre sur la longueur, Tourniquets, Hacksaws And Graves n'arrive pas du tout à me maintenir en haleine sur la durée. La faute à des changements de rythmes qui prennent souvent l'auditeur à contrepied, des riffs qui manquent parfois d'intérêt, un growl qui a tendance à m'agacer sur certaines intonations trop prononcées (le début de "Savagery" par exemple)... Bref un ennui relatif mais avéré qui fait de ce septième album des Américains un disque tout à fait sympathique mais pas vraiment mémorable. Je m'en retourne pour ma part à Severed Survival et Mental Funeral pour peut-être un jour combler cette fameuse absence évoquée plus haut.
| AxGxB 14 Mai 2014 - 3240 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Le meilleur album du groupe depuis sa reformation ni plus ni moins.
Hyper varié, agressif et plus travaillé que d'ordinaire, il garde son côté spontané tout en sortant son côté punk et à l'arrache !
Du grand art ! |
citer | Du AUTOPSY pur jus, torché en 3 jours et bien old school comme il faut mais je préfère le 1er album de la reformation ("Macabre Eternal").
Et ça ne vaudra jamais leur chef-d'oeuvre absolu selon moi : "Acts Of The Unspeakable". A quand une chronique ? |
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2 COMMENTAIRE(S)
12/10/2016 13:45
Hyper varié, agressif et plus travaillé que d'ordinaire, il garde son côté spontané tout en sortant son côté punk et à l'arrache !
Du grand art !
14/05/2014 11:00
Et ça ne vaudra jamais leur chef-d'oeuvre absolu selon moi : "Acts Of The Unspeakable". A quand une chronique ?