Paramnesia - Paramnesia
Chronique
Paramnesia Paramnesia
La France à toujours fait preuve d'un vif intérêt envers le Black Metal. Dans les années 90, nombreux étaient déjà les groupes à se plonger corps et âme dans la pratique de cet art noir, faisant émerger au passage quelques groupes aujourd'hui mondialement reconnus (Blut Aus Nord, Deathspell Omega, Peste Noire, Seth...). Il semble alors tout à fait normal qu'en 2014, le pays continue de suivre de très près les mutations d'un genre que certains s'évertuent à réinventer chaque jour.
Après Regarde Les Hommes Tomber et The Great Old Ones, Les Acteurs De l'Ombre récidivent avec la découverte de Paramnesia, groupe français se révélant une fois encore plutôt intéressant. Originaire de Strasbourg et formé en 2005, le groupe vient de sortir en l'espace de quelques semaines seulement un split en compagnie des Allemands d'Unru ainsi qu'un premier album dont nous allons parler ici.
D'emblée, Paramnesia affiche de quoi séduire. L'artwork, tout en mystère et en sobriété, intrigue et pousse inéluctablement à la découverte. Le soin apporté à cette version digipack (gracieusement envoyée par le label - merci à eux) est tout aussi intéressant avec notamment l'usage d'un vernis sélectif pour mettre en relief quelques parties de l'artwork (ce personnage sur la pochette, les quelques empruntes digitales, ces mains à l’intérieur de l’album etc…). Des détails me direz-vous mais des détails souvent révélateurs du soin apporté à la musique elle-même.
Mais l'intérêt de ce premier album de Paramnesia ne réside pas uniquement dans son emballage mais bien évidement dans ses deux titres qui affichent l'un et l'autre un tout petit peu plus de vingt minutes au compteur. L'auditeur aguerri aura très vite compris de quoi il retourne, pour les autres disons que les Strasbourgeois officient dans un Black Metal atmosphérique aussi appelé "Cascadian Black Metal" ou "Post Black Metal". Dénominations plutôt étranges que l'on voit désormais fleurir depuis l'avènement d'un certain Wolves In The Throne Room.
Fidèle à ce que l'on connaît du genre, le groupe ne surprend pas dans la manière qu'il a de construire ses morceaux. Il faut dire que le format de ces compositions impose une certaine mise en forme plutôt systématique, ceci afin de conserver un soupçon d'attention de la part de l'auditeur. Aussi, les séquences se suivent mais ne se ressemblent pas toujours, se mouvant petit à petit, au fur et à mesure que le temps avance. Comme souvent, l'auditeur doit ainsi apprivoiser des titres à géométries variables, des titres qui minute après minute ne cessent d'évoluer pour, de ses multiples parties, ne constituer qu'un tout. Ainsi, aux passages lumineux, mélodiques et contemplatifs succèdent naturellement des séquences beaucoup plus soutenues à grand renfort de blast beat aliénants et de riffs froids et mélancoliques. À ces atmosphères apaisantes et éthérées succèdent également des ambiances beaucoup plus tendues et anxiogènes magnifiées ici par cette voix lointaine, plaintive et en souffrance. Tellement lointaine qu'elle semble complètement hors du tableau, camaïeu de gris, que dresse ici Paramnesia.
Enfin, comment ne pas saluer l'envie de foncer tout simplement tête baissée dans cette interprétation riche en émotions de ce qu'est pour eux le Black Metal? La production toute sèche et naturelle va dans le sens d'une certaine pureté du propos. Sans artifice, sans distraction... Une représentation crue et violente de sentiments sombres, tristes et mélancoliques.
Toujours aussi délicat à appréhender de part son format peu académique, ce premier album devrait néanmoins réussir à convaincre très facilement les amateurs du genre. Paramnesia ne cherche pas ici à surprendre mais plutôt à convaincre par sa capacité à s'approprier les codes régissant aujourd'hui ce qu'est (en partie) le Black Metal atmosphérique. Pour être assimilé et ainsi prendre part à ce voyage douloureux, il faudra faire preuve de détermination et de patience. Un album exigeant et contemplatif, tantôt subtil, tantôt frontal. Un album de paradoxes à la portée de quelques uns seulement.
| AxGxB 29 Mai 2014 - 4011 lectures |
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3 COMMENTAIRE(S)
citer | Haa un des groupes de post- obscur qui m'avait bien accroché quand je l'ai découvert. Le split avec Unru m'avait bien plus aussi.
A re creuser.
Et oui l'artwork est superbe, dans la même veine que ceux de Sun Worship qui sont très bons aussi. |
citer | à noter que l'artwork est de Pierre de Business For Satan et batteur du groupe ! Bon album sinon, le groupe a bien développé son style depuis leur demo tout en gardant ce qui fait leur atout (un bon sens de la dynamique qui fait qu'on ne s'ennuie jamais durant l'écoute de ces pourtant longs morceaux). |
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3 COMMENTAIRE(S)
05/06/2014 19:25
A re creuser.
Et oui l'artwork est superbe, dans la même veine que ceux de Sun Worship qui sont très bons aussi.
29/05/2014 11:11
29/05/2014 10:01