Day Of Doom - The Gates Of Hell
Chronique
Day Of Doom The Gates Of Hell
Si Lavadome reste un petit label underground, le microcosme death metal surveille désormais ses productions avec attention. La signature de formations top niveau comme Beyond Mortal Dreams ou Chaos Inception nous pousse même à l'exigence envers le label tchèque. Alors quand on nous annonce la sortie du nouvel album d'un groupe dénommé Day Of Doom, ma curiosité s'en trouve piquée. Où ce cher Jan a-t-il été pêché ce combo? Je n'avais en effet jamais entendu parlé de Day Of Doom. Et pourtant, sa formation ne date pas d'hier puisque les Américains, aujourd'hui trio, fêteront l'année prochaine leur 15 ans d'existence. Une longévité à saluer pour un groupe jusque-là confiné dans l'underground le plus profond mais qui n'a donné lieu qu'à la sortie de deux full-length en auto-production et quelques démos plus ou moins officielles. Là où cela devient intéressant, c'est que sur le premier album Night Of Horror, on retrouvait rien moins que Doug Cerrito. Oui, l'ancien guitariste de Suffocation porté disparu! Me voilà encore davantage intéressé! La pochette ultra cool de Raul Gonzales renvoyant à Immolation, Blaspherian voire Angelcorpse achevait de me convaincre de passer les portes de l'Enfer.
Une excitation cependant vite refroidie par l'écoute de ce The Gates Of Hell aussi frustrant que particulier. Day Of Doom fait dans le death metal clairement old-school mais pas dans le Swedish ni le Incantation worship à la mode. Le combo se place en fait sur une niche peu occupée qui doit beaucoup à son origine new-yorkaise. Un death metal urbain et sombre que je qualifierai de evil NYDM, pour un retour impressionnant de réalisme sur la côte est des États-Unis au début des années 1990. Ce qui sonne prometteur ne l'est toutefois pas vraiment. Car si l'on a bien affaire à une musique de connaisseurs, le résultat se fait peu convaincant. La production typée demo tape concrétise la volonté d'authenticité et colle à la musique mais handicape surtout la musique. En particulier la batterie qui souffre d'un manque d'impact évident. Un son faiblard accentué par un jeu assez limité du point de vue technique. Dès que le batteur accélère le jeu par un peu de blastouille, j'ai de la peine pour le groupe tellement cela sonne bancal et inoffensif. D'emblée, nous voilà confrontés à un des plus gros défauts de The Gates Of Hell: l'album sonne daté (et pas comme j'aime) et d'une mollesse irritante.
S'il n'y avait que ça! On peut passer outre une production médiocre mais pas des compositions branlantes. Malheureusement, le manque de fluidité de celles des New-Yorkais se pose comme un obstacle important à l'appréciation de leur musique, tout du moins en ce qui me concerne. Le groupe semble jouer par à-coups. Très énervant! D'autant plus que niveau riffs, ce n'est pas vraiment la joie. Day Of Doom privilégie le mid-tempo et les riffs heavy as fuck qui jouent surtout sur leur lourdeur écrasante et leur groove lipidique. Des fois ça marche mais souvent, c'est juste plat, mou et inintéressant (difficile de passer les trois premiers morceaux assez pénibles). Le chant growlé presque déclamé n'aide pas non plus à revigorer le tout même s'ils ont un bon goût d'evil, sans parler des quelques shrieks moisis à abolir.
Les riffs lourdingues purement rythmiques ne représentent toutefois qu'une facette du death metal de Day Of Doom qui se base en fait sur le contraste. Contraste entre le poids de ces riffs et le côté atmosphérique de belles leads mélodiques aériennes. C'est ce visage du groupe qui m'a le plus conquis. Certains solos ne sont que branlette de vibrato mais la plupart sont recherchés et inspirés. Ce travail sur les ambiance est un des points forts du trio de Long Island qui commence à devenir plus intéressant à partir de "Slaughter Of The Lamb". On croise enfin des passages plus mémorables voire surprenants (bon ok, il y avait déjà un break limite jazzy sur le trop long titre d'ouverture "The Gates Of Hell" vers 4'20!). L'intro de "Slaughter Of The Lamb" est d'ailleurs composée d'arpèges et d'acoustique suivi d'un riff bien lourd mais qui lui fait mouche et des touches thrashies bienvenues. Le titre suivant, "An Evil Demoncy (The Last Days Of Doom)", est lui marqué par un break dissonant et plus technique au début alors que le quasi instrumental "Circle Of Eternal Aftermath", le meilleur titre de The Gates Of Hell, se voit introduire avec brio par du piano avant à la fois de s'alourdir par un riff pesant et de s'élever par des leads atmosphériques puis de se faire mélancolique sur un solo fort appréciable ainsi qu'un peu de claviers. On retrouvera aussi quelques arpèges en milieu et toute fin de parcours en transition avec le court instrumental "The Vomitorium Angel". Les samples qui parsèment l'opus ne servent eux à rien par contre. Rayon bonnes nouvelles, il ne faudrait pas oublier un autre point fort de Day Of Doom qui a donc tout de même quelques qualités à revendre. Celle-ci se fait en plus plutôt rare chez les combos de death metal. Il s'agit de la basse omniprésente, bien placée dans le mix et qui se montre agile et aventureuse, n'hésitant pas à se faire entendre entre les lignes de guitare. Clairement l'instrument le plus marquant hors guitare lead.
Sauvé du néant par des solos mélodiques inspirés contrastant avec la lourdeur de riffs simplistes, une basse aguicheuse et un travail intéressant sur l'ambiance, le death metal old-school entre ruelles sombres et grottes souterraines des New-Yorkais ne m'a pas vraiment convaincu. La faute à une production faiblarde, une batterie bancale, des riffs médiocres et des morceaux manquant globalement de fluidité et de brutalité. Quelques bons passages à retenir toutefois, en particulier à mi-parcours, mais pas suffisant pour que j'accorde à Day Of Doom davantage de crédit. Car malgré les bons points et un artwork aux couleurs chaudes, Day Of Doom et The Gates Of Hell m'ont laissé trop souvent froid. Les Américains jouent trop sur la lourdeur et quand ils accélèrent, le résultat ne fait peur à personne. Les Américains ont néanmoins le mérite de pratiquer un genre de death metal peu commun, sorte de mélange entre du NYDM et du death evil qui pourrait plaire aux nostalgiques des demo bands US du début des années 1990. Immolation meets Internal Bleeding? Il y a un peu de ça ainsi que du old-Suffocation et, plus obscur, du Imprecation et du Infester (là je dis bravo!). Des influences intéressantes pour un rendu malheureusement en demi-teinte. J'ai beaucoup de respect pour Lavadome Productions mais cette fois, ce sera sans moi!
| Keyser 14 Juin 2014 - 1023 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
2 COMMENTAIRE(S)
citer | Sans moi également. La production est dégueulasse et dessert complètement l'ensemble. Pour ma part, il n'y a strictement rien de percutant. Dommage, ça aurait pu le faire. |
citer | "evil NYDM" ouais c'est exactement ce qui m'était venu en tête quand j'avais écouté les extraits. Pour le coup pas sûr que j'aille plus loin, déjà suffisamment de trucs en retard à écouter... |
AJOUTER UN COMMENTAIRE
2 COMMENTAIRE(S)
14/06/2014 19:03
14/06/2014 18:00