Zapruder - Fall In Line
Chronique
Zapruder Fall In Line
Les Poitevins de Zapruder sont au Core ce que David Lynch est au cinéma ; en témoigne ce premier full length dont la cover nous invite à une mise en abyme composée de plusieurs lignes d’exploration, laissant à chacun son interprétation finale.
Une œuvre fractale dont l’idée de départ ne préfigure en rien la richesse de compos aussi contradictoires que complémentaires.
Qualifiant leur genre de Post-Thing Music composé de références aussi diverses qu’inattendues, le combo démontre des velléités plus que certaines à apporter une nouveauté salutaire tout sublimant les fondements.
Fall In Line, successeur du très prometteur premier EP Straight From The Horse’s Mouth, nous offre une plongée viscérale, un regard nihiliste sur un monde gangrené qui se cannibalise.
A commencer par We are Orphans. Carré voir millimétrique, porté le chant désespéré d’Isaac et une rythmique chaotique, ce premier titre à la mérite de planter l’univers du groupe.
Le climax ne retombe pas, Cyclops propose une rythmique très groovy, limite keupon, débutant sur un blast très eighties puis soutenue par une double pédale blast frénétique ; une alternance entre un chant hurlé et grawlé sur la seconde partie en mid tempo.
Une confluence de genres sans influence, prouvant que Zapruder a su imposer sa propre identité. Respect.
Modern idiot débute sur une petite intro très néo avant de laisser éclater une massivité jouissive, un refrain accrocheur qui fera des dégâts dans une fosse, des pauses saxo limites funky qui donne un côté déstructuré et dynamisant au morceau.
Moloch ne relâche pas la pression ; plus classique mais particulièrement dense dans sa première partie, le morceau semble taillé pour le mosh avant de surprendre à nouveau par une pause musicale minimaliste débouchant sur un harmaguédon sonore de riffs lourds et hypnotiques.
Delusion Junction est des plus surprenants ; une forme d’interlude blues à souhait où flotte l’esprit Ennio Morricone; rien d’étonnant pour un album dont l’âme sent la poudre.
Doppelgänger, probablement le titre le plus radical de l’album, ouvre de nouveau sur un grawl maîtrisé laissant place à un mid tempo rageur et vindicatif.
Monkey on my Back propose une rythmique 'spasmophilique' très fusion et complètement décalée ; ambiances caverneuses, sonorités multiples et morbides ; des complaintes gutturales où des âmes torturées viennent clôturer le morceau le plus abouti.
Loquèle, petite pépite acoustique au chant clair, lourd et mélancolique, nous propose une pause salutaire mais non dénué d’intérêt. Alors que dans bien des cas, l’avant dernier titre est sans intérêt, parfois bâclé par les groupes afin obtenir un quota temps nécessaire à la sortie d’un full length, Zapruder nous surprend de nouveau.
Imaginez Hypno5e croisant le fer avec un Death in June et vous obtiendrez un titre aux antipodes de ce que le genre propose.
Pas très étonnant vu l’ossature sonore complexe et particulièrement riche de ce premier album.
En témoigne l’opus final, Je ferai de Ma peau Une Terre Où Creuser ; tout un programme en forme de conclusion aux thèmes précédemment évoqués; retour à un Core plus traditionnel pour ce qui sonne comme donc comme une mise à mort longtemps annoncée.
Avec un son primal et racleux, véhiculant une urgence spontanée, nous pourrions aisément envisager ce premier opus comme un one shot conceptuel si le combo n’était pas coutumier d’une telle originalité.
Interprété en anglais ou en français, bénéficiant d’une construction limite cinématographique, ce premier effort empreint de maturité ne restera pas vain et prédit un avenir créatif des plus intéressants aux Poitevins.
| KOLONEL 3 Décembre 2014 - 576 lectures |
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citer | Pouvez écouter l'intégralité de l'album sur bandcamp : http://zaprudertheband.bandcamp.com/ |
citer | Le morceau en écoute ne fonctionne pas. |
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03/12/2014 12:55
03/12/2014 12:24