chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
160 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Neurosis - A Sun That Never Sets

Chronique

Neurosis A Sun That Never Sets
Neurosis avait laissé comme dernier témoin de notre second millénaire Times of Grace. Un monument qui faisait figure d’aboutissement dans la quête musicale engagée depuis le début de la décennie 1990. Comment poursuivre après avoir vraisemblablement touché son but, effleuré du doigt son essence la plus pure ? De nombreux artistes ont eu à se poser la question avec le recul. Aller chercher autre chose, une autre forme d’émotion ? Non, nos Californiens sont bien trop obsessionnels pour ça. Leur solution ? Repartir à la recherche de leur « Graal musical » (pour les citer), mais en empruntant un autre chemin afin d’y parvenir.

Car oui, la vision du groupe pour sa musique reste la même : l’exploration de notre nature humaine et de ses souffrances. Sur A Sun That Never Sets, Neurosis apparait dépouillé, presque résigné. Il prend l’allure d’un doom psychologique enrichi de nombreux ornements (les instruments exotiques donnent encore un impact supplémentaire aux compositions à de nombreuses reprises), où l’ambiance, mystique, voire shamanique par moment (l’interlude « From Where Its Roots Run ») se ressent pendant toute la traversée. Les changements sur la forme ainsi négociés sont toujours cohérents avec les ambitions du sextet : Dave Edwarson, la composante brutale, est totalement mis en retrait, et Jason Roeder élague son jeu pour se concentrer sur une frappe lourde et métronomique. Steve Albini, reconduit avec succès à la production, donne au disque un son plus sobre, dissonant et brut (mais soigné dans ce sens, c’est tout le savoir-faire du personnage). On pourrait être tenté de dire « terne » si les nuances proposées par l'album à ce niveau n’étaient pas si nombreuses. Les guitares claires, folk même, sont bien plus présentes et appuient la teneur plus mélodique et apaisée du disque.

Apaisé, on croit Neurosis l’être lorsque résonne la première partie planante et acoustique de « The Tide ». Mais au-delà d’une construction en deux temps, exemplaire, où le cataclysme de saturation propre aux Californiens nous oblitère à mi-parcours, c’est un constat terrible que l’on fait dès ce premier véritable morceau : les tourments n’ont pas disparus, et nous sommes toujours hantés par nos démons. Les chants de Steve Von Till et Scott Kelly, touchant pour l’un, déchirant pour l’autre, se font les vecteurs principaux de ces émotions et deviennent primordiaux. On est ainsi soufflé par un « From the Hill » désespéré et ses parties hurlées à la limite de la rupture. Le groupe est toujours meurtri et en colère contre l’existence même, cependant il s’exprime pour la première fois avec parfois une note de soulagement, comme si le pire était passé, et qu’il le sait. « Crawl Back In » représente tout cela avec ses riffs en souffrance et son superbe pont presque lumineux entre arpèges et violons fragiles.

L’évolution amorcée par A Sun That Never Sets est donc assurément bien menée, bien que l’on ne retrouve pas la multiplicité des ambiances et des détails de Times of Grace. On pardonnera alors quelques longueurs quasiment non-significatives (« Watchfire », malgré l’apport des voix filtrées) à cet album peut-être plus hermétique et difficile à percer que son prédécesseur. L’énigmatique titre éponyme en est assez représentatif, de par des riffs assez sludge et sa marche lente du début à la fin. Peu mémorable en fin de compte, d’autant que sa durée étonnamment courte (pour les Californiens, cela s’entend) fait qu’il tient assez mal la comparaison avec les autres, plus amples.

Un titre d’ampleur justement, c’est le colossal « Falling Unknown » qui, entre guitares pachydermiques et mélodies vocales hypnotiques, atteint le sommet de l’album lors d’un crescendo vertigineux débouchant sur des vocaux entrelacées et a cappella, pour finir une fois de plus dans la lourdeur. Treize minutes que bien peu de groupes pourraient égaler, tant l’art de la progression est ici porté à son paroxysme. L’exploit est même réitéré sur le final du bien nommé « Stone from the Sky », les machines se dérèglant pendant que les saturations prennent des propensions déraisonnables sur le mouvement principal, pour enfin s’arrêter brusquement. Fin de la transmission.

Qu’en tirer à la fin de l’écoute ? Neurosis continue à avancer, et le contrecoup de Times of Grace n’est que peu perceptible sur ce A Sun That Never Sets, tant sa qualité est évidente, certaines de ses meilleurs chansons y figurant. La névrose propose toujours un voyage intense, une immersion forte dans une terre désolée, post-apocalyptique, où étrangement l’on est plongé dans une torpeur relaxante, concerné mais détaché dans le même temps. Un des essais les plus singuliers du groupe, à n’en point douter.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

1 COMMENTAIRE(S)

Neuro citer
Neuro
10/01/2016 21:14
note: 8.5/10
L'album est disponible en écoute sur bandcamp.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Neurosis
Post-Metal
2001 - Relapse Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (15)  8.37/10
Webzines : (13)  8.62/10

plus d'infos sur
Neurosis
Neurosis
Post-Metal - 1985 - Etats-Unis
  

vidéos
A Sun That Never Sets
A Sun That Never Sets
Neurosis

Extrait de "A Sun That Never Sets"
  

tracklist
01.   Erode  (1:49)
02.   The Tide  (8:48)
03.   From the Hill  (9:26)
04.   A Sun That Never Sets  (4:59)
05.   Falling Unknown  (13:10)
06.   From Where Its Roots Run  (3:41)
07.   Crawl Back in  (6:50)
08.   Watchfire  (8:26)
09.   Resound  (1:26)
10.   Stones from the Sky  (9:45)

Durée : 68:27 minutes

line up
parution
7 Août 2001

voir aussi
Neurosis
Neurosis
Times of Grace

1999 - Relapse Records
  
Neurosis
Neurosis
Honor Found in Decay

2012 - Neurot Recordings
  
Neurosis
Neurosis
Enemy of the Sun

1993 - Alternative Tentacles
  
Neurosis
Neurosis
Souls at Zero

1992 - Alternative Tentacles
  
Neurosis
Neurosis
Given to the Rising

2007 - Neurot Recordings
  

Teitanblood
Seven Chalices
Lire la chronique
Blood Red Throne
Nonagon
Lire la chronique
Severoth
By the Way of Light (Шляхом...
Lire la chronique
Mathilde
32 décembre
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Fleshwater
We're Not Here To Be Loved
Lire la chronique
Houwitser
Sentinel Beast
Lire la chronique
Chapel Of Disease
Echoes Of Light
Lire la chronique
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
A Somber Funeral
Summertime Sorrow
Lire la chronique
Purulency
Transcendent Unveiling Of D...
Lire la chronique
Panzerchrist
All Witches Shall Burn (EP)
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
Ost
Œuvres Mortes (Démo)
Lire la chronique
Benighted
Ekbom
Lire la chronique
Yattering
Genocide
Lire la chronique
Cave In
Creative Eclipses (EP)
Lire la chronique
Exocrine
Legend
Lire la chronique
Yawning Man
Long Walk Of The Navajo
Lire la chronique
Rivers Like Veins
Architektura przemijania
Lire la chronique
Råtten
La Longue Marche
Lire la chronique
Vircolac
Veneration
Lire la chronique
Dwarrowdelf
The Fallen Leaves
Lire la chronique
Purulent Remains
Fermented Death (EP)
Lire la chronique
Griffon
De Republica
Lire la chronique
Anthropovore
Parthénogenèse
Lire la chronique
Bleak Sanctuary
The Dark Night of the Soul
Lire la chronique
Drunemeton
Tir nan Og
Lire la chronique
Resistance
Cyclic Terror (EP)
Lire la chronique
One Day In Pain
In Pain We Trust
Lire la chronique