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Sale Freux - Vindilis

Chronique

Sale Freux Vindilis
Je voulais faire la chronique du nouvel album de SALE FREUX. J’aurais vraiment voulu la faire, parce que l’album sorti un peu moins d’un an auparavant, Adieu, Vat!, m’a marqué et en a marqué beaucoup, au point de se retrouver tout en haut de mon classement annuel. Je faisais déjà chauffer la souris et le clavier en écoutant en boucle les 5 nouvelles pistes. Je me disais déjà que j’allais présenter le thème avant tout, et pourquoi pas expliquer le titre, Vindilis. J’aurais pu rappeler qu’il s’agissait de l’autre nom prêté à Belle-Île, et que celui-ci était cité dans l’Itinéraire d’Antonin, ce guide de voyage de la Rome Antique daté du IIIème siècle qui avait listé les villes-étapes de l’Empire Romain. J’aurais pu enchaîner en rapportant que les pistes de l’album racontaient le périple du géniteur de notre formation française - le toujours aussi seul Dunkel – et qu’elles avaient été mises dans l’ordre du voyage. Il est tout d’abord passé par Skeul, la pointe du sud-est, s’est dirigé vers l’ouest pour arriver à Goulphar et son phare, a continué pour arriver à Donnant et sa plage, puis l’Apothicairerie réputée pour sa grotte, et enfin a terminé son avancée par la pointe des Poulains, au nord-ouest. J’aurais même pu m’amuser à vous glisser un plan pour que ce soit plus parlant :





J’aurais sans aucun doute poursuivi les explications en présentant le livret, support indispensable pour mieux pénétrer ce séjour, contenant 24 pages, d’innombrables photos des lieux au gris nocturne déjà mélancolique, et les paroles de chaque rapport. Oui, j’aurais sûrement préféré parler de « rapports » que de « morceaux » puisque c’est véritablement le concept, l’envie de retranscrire, en musique certes, ce qu’a vécu, senti, expérimenté notre amoureux de la nature et de l’introspection. 24 pages qui parviennent à nous embarquer vers l’île, et qui nous montrent ces vagues que nous entendons sur certains passages. Qui peuvent nous faire entrevoir ces pies de mer et goélands dont les cris introduisent le premier « rapport » - « Vindilis »- et s’invitent sur le deuxième, « à flanc de cormorans ». Et qui rappellent que la nature y est d’apparence hostile, inviolée et intemporelle mais toujours aussi impressionnante.

Il aurait alors fallu que je tente de retranscrire la musique, en vous disant que les guitares étaient à nouveau claires, hurlant des mélodies assoiffées. Que le rythme est presque continuellement emballé, laissant quelques aérations salvatrices nous poser légèrement à terre avant de repartir dans les tourments. Que les vocaux y sont toujours égaux à eux-mêmes et qu’ils seront à nouveau critiqués par les mêmes insensibles, qui mettront en avant leur côté trop nasillard. Et pourtant, ils sont ce qu’ils doivent être pour mettre la tension au maximum et surtout aussi bien retranscrire la misère de... de quoi en fait ? C’est ce que je me demande de plus en plus à chaque sortie, car autant Dunkel semblait perdu, mal à l’aise, torturé par notre monde jusqu’à Crèvecœur (2015), autant ses thématiques et ses travaux depuis me laissent croire qu’il a trouvé sa voie, qu’il a réussi à se débarrasser de ses démons pour vivre la vie qui lui convient. A défaut de lui plaire peut-être ? Tant d’autres auraient alors composé du black atmosphérique, essayant de reproduire la sérénité d’un environnement, la plénitude d’un lieu majestueux. Mais non, SALE FREUX joue une musique terriblement forte, sans issue, uniquement éclairée par ces breaks et ces riffs mélodiques cités plus haut. Mais parler de sérénité et de plénitude à l’écoute de cette petite heure de musique ? Non.

Je pense que j’aurais poursuivi en précisant que si Vindilis est un album spontané, il ne faut absolument pas penser qu’il est improvisé. La différence est grande, car la spontanéité est un sentiment, une sensation qui se transmet, alors que l’improvisation est juste un fait. Et j’aurais aimé disserté sur un point. Je me serais allé à une hypothèse sur l’envie de Dunkel de ne pas être pris pour un improvisateur. Car cela signifierait que son œuvre ne découlerait pas d’une réflexion et d’un véritable travail. Ce n’est pas le cas, il a tout agencé, tout pensé afin de créer une force musicale créatrice d’images puissantes. Il n’y aurait pas eu ces sons rajoutés à la musique s’il s’agissait d’improvisations. Ni ces magnifiques chœurs sur la fin du deuxième « rapport ». Et comme si Dunkel voulait nous donner la preuve qu’il a retourné dans tous les sens son esprit afin de transcrire de la meilleure manière possible son voyage, il s’est compliqué la tâche en s’imposant une durée égale à chaque piste. Oui, chaque piste fait exactement 11:11 minutes. Une synchronisation parfaite qui ne peut pas découler d’un hasard ! L’album de 5 « rapports » fait donc 55:55. Et pour cela il a ajouté ou rallongé des passages instrumentaux, soit en début de titre, soit à la fin. Mais pourquoi cette durée fixe de 11:11 ?Il y a peut-être une histoire derrière ce choix, un sens qui m’échappe, lié à Vindilis. Des coordonnées peut-être ? Une distance ? Quelqu’un aurait pu nous éclairer si j’avais réellement fait la chronique de cet album qui reste sur la lancée du précédent et ne peut être décevant que pour celui qui a besoin d’effet de surprise pour trouver un album excellent. Car voilà le seul défaut qui pourrait être prononcé par les rapides de la lassitude et les blasés : la nouveauté n’est pas au rendez-vous. C’est une extension d’Adieu, Vat !, une suite logique et attendue.

Ah ça, j’aurais aimé vous en parler de cette sortie, mais je me suis souvenu qu’au moment de l’annonce de sa sortie, un message avait été envoyé en complément. Et que celui-ci pouvait très bien remplacer une chronique, tant il parvenait à faire comprendre ce que contenait Vindilis. Je n’avais plus rien à faire, si ce n’est vous en faire une copie, en précisant qu’il n’est pas signé, simplement présenté comme « anonyme ». Alors je lui dis à la fois "merci", pour m'épargner l'écriture d'un long pavé, et "merde" pour ne pas me laisser la liberté d'interpréter la musique librement. Voilà le commentaire :

« Vindilis surprend telle une marée montante qui nous attrape les pieds et nous tire au fond de l'océan pour mieux nous fracasser contre les rochers.

On connait Dunkel, il ne fait jamais les choses à moitié, alors s'il dédie un album à Belle île en mer, c'est une galette complète qui nous attend : 24 pages et une heure de grisaille et de dégueulasserie bien bretonne, tranchante, humide, pénétrante et combien délicieuse... Cette oeuvre est une vague qu'on se prend en pleine gueule, qui fait mal, mais d'une douleur jouissive, perversement agréable, une tempête violente et pourtant si rafraîchissante qu'on en redemande. C'est, parallèlement, une flânerie solitaire et nostalgique le long des côtes, dans une marche revigorante. On chantonne ses embruns, on se grise de ses écueils, on siffle avec les goélands, comme poussé par le vent, car une fois qu'on y a goûté, on ne peut plus s'en passer. Les airs nous balancent à la cadence du ressac, sur ce voilier incertain qu'on ne quitterait pour rien au monde ; les blasts martèlent quasi continuellement, tel les flots qui viennent frapper la roche noire sans répit ; les riffs tranchent à l'image des récifs sculptés d'une cruelle beauté, dans le brouhaha de la houle ; les mélodies, tant épiques que mélancoliques, défilent comme autant d'hymnes à la splendeur sauvage, que de souvenirs amers laissés ici et là, au gré des sentiers, des panoramas enivrants, aux crépuscules enivré, des lames jetées sur la grève... Le chant, comme toujours écorché et saisissant, déclame avec une maîtrise parfaite la poésie viscérale de la plume du freux. Quelques marins aux chants exaltants s'invitent même pour un départ bourré de vague à l'âme, mais aussi d'espoir, parce que ce n'est qu'un au revoir, et on n'a déjà qu'une envie : embarquer à nouveau pour s'émouvoir et s'exalter !

A l'ère de la fadeur et des platitudes qui polluent le Black Metal, Sale Freux, qui reste dans son coin et ferme sa gueule, se dresse humblement tel les aiguilles de Port Coton en plein océan pour jeter un fist magistral dans la mare avec son Black Metal du Ponant, je dirais même, du poignant. »


J'aurais peut-être juste ajouté que "Thrène" est un poème d'Anatole Le Bras qui a été un peu remanié pour coller à l'expérience de Dunkel...

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2 COMMENTAIRE(S)

Stockwel citer
Stockwel
06/03/2017 16:48
Je ne connaissais Sale Freux que de nom jusqu'à lire ta chronique de "Adieu, vat". Seulement je n'ai pas aimé l'album plus que ça et j'ai été plutôt déçu. J'ai quand même jeté une oreille à celui-là au cas où, et j'ai bien fait, j'ai pris une bonne claque.

Il est à la fois très proche du précédent, et pourtant je ne peux m'empêcher de le trouver très différent. Il est beaucoup plus rapide, le chant est moins compréhensible, et les riffs sont juste exceptionnels. En fait il me fait penser à du old Darkthrone (particulièrement Transilvanian) : un son plutôt crade (quand même moins que DT), des riffs mélancoliques et magnifiques qui tournent en boucle, un blast continu en retrait... avec juste des chansons plus longues, et quelques ajouts (breaks, samples...).
Je sais c'est la recette de base du BM, et beaucoup de groupes font ça, mais là c'est vraiment très réussi, et ça me fait ressentir les mêmes émotions que TH, ce que très peu d'albums arrivent à faire...
Niightwanderer citer
Niightwanderer
20/02/2017 16:10
Ta chronique m'a vraiment donnée envie de me pencher sur cet album.
Pour avoir passé 2 semaines sur cette île, je suis d'autant plus intrigué et je comprends la fascination qu'elle a pu exercer au point d'en inspirer un album "thématique/concept".

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Sale Freux
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (7)  8.64/10
Webzines : (3)  8.33/10

plus d'infos sur
Sale Freux
Sale Freux
Black Metal Rural - 2008 - France
  

tracklist
01.   Vindilis (le chant du Ponant)
02.   A flanc de cormorans
03.   Thrène
04.   Le rêve armoricain
05.   J'ai foutu Sale Freux en l'air

Durée : 55:55

line up
parution
27 Janvier 2017

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