Miserist - Miserist
Chronique
Miserist Miserist (EP)
Si, tout au fond de toi, tu as toujours voulu savoir comment se sentait Steve Irwin face à un pays qui, définitivement, veut la mort de chacun de ses habitants, tu peux te réjouir. Car l'objet dont il est question ici est, à sa manière, une belle métaphore de la faune australienne - toute en rimes : vicieuse, dangereuse, venimeuse.
Miserist frappe fort en ce début d'année, avec un EP éponyme tirant presque vers le full-length (30 minutes au compteur), sorti chez Krucyator Productions. Croyez-moi, le projet ne dépareille pas dans l'écurie qui produit les méfaits d'Autokrator et N.K.V.D. Et cet album maquillé en format court est plutôt impressionnant : de son concept travaillé de fond en comble (Entre démence enfantine et couloirs crasseux d'un HP laissé à l'abandon) jusqu'à son exécution technique, l'éponyme tient plus de la BO d'un found-footage scabreux que d'un simple disque. Je comprends aisément le coup de coeur de L.F., qui envisageait, initialement, de consacrer Krucyator uniquement à ses productions personnelles.
Crevons l'abcès immédiatement : Oui, ce que joue Miserist ressemble très fortement aux compositions labyrinthiques de leurs compatriotes Portal. Et alors ? Le projet se fait, pour le coup, bien plus accessible, préférant envelopper l'auditeur courageux que de le noyer sous des couches de riffs tentaculaires, de grognements sourds et de rythmes impossibles. Le vertige n'est pas transmis par le niveau technique des musiciens, mais bel et bien par tout ce que "Miserist" peut évoquer à travers son Death/Black instrumental. Après tout, pas besoin de voix quand la musique est aussi cinématographique.
Pour conter la rouille des lourdes portes des chambres capitonnées, les cris et les pleurs, Miserist conjugue le blast-beat aux parties plus écrasantes, presque Sludge, en témoigne la progression de "Skin, Mold & Flame" qui ouvre les hostilités. L'atmosphère est rendue encore plus oppressante par une production d'usine, lourde, en forme de chappe de plomb, de la teinte gravissime des guitares jusqu'à la boîte à rythme, massive en essence mais encore augmentée artificiellement par des samples judicieusement choisis et mixés. Miserist ne cherche pas à être tendre avec ses auditeurs : il les jette en pâture aux sadiques en blouses blanches, tenant plus des mains moites d'Herbert West que de la gueule d'amour de Derek Shepherd. Seul, balancé en chemise d'hôpital jaunie au milieu d'un couloir aux murs suintants, les images de Grave Encounters ou Outlast vous reviennent en tête. Oubliez les cathéters stériles et l'odeur du désinfectant, Miserist n'utilise que lanières en cuir et électrodes d'un autre temps. Les rares percées mélodiques, en forme d'injections de morphine, s'apparentent plus à un délire enfiévré qu'à de véritables passages reposants. Tenez le vous pour dit, l'EP entier est aussi tordu qu'intéressant, et fait tout entier appel à la curiosité macabre en chacun de nous : essayez de l'écouter en musique de fond, il y aura systématiquement un détail qui fera tiquer vos oreilles et vous rapprochera des enceintes.
Cet EP éponyme est une réussite sur tous les points. Le format court aidant, Miserist distille une ambiance qui ne faiblit ni ne lasse à aucun moment, à grands renforts d'instrumentations inquiétantes et d'arrangements rampants. Espérons que ce "Miserist" ne soit pas qu'un one-shot : je suis curieux de voir comment le projet peut se défendre sur de plus longues durées. A découvrir pour les amateurs de sensations fortes.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | "Simples et efficaces", et je n'ai pas encore écouté pourtant...
Quoi ?
Et bien cette chronique, cette pochette, ce cadeau offert lors d'une commande arrivée aujourd'hui même, passée auprès dudit Krucyator !
Alors bien sûr que je vais l'écouter (et reviendrai ici), mais déjà : merci ! |
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1 COMMENTAIRE(S)
16/11/2017 14:18
Quoi ?
Et bien cette chronique, cette pochette, ce cadeau offert lors d'une commande arrivée aujourd'hui même, passée auprès dudit Krucyator !
Alors bien sûr que je vais l'écouter (et reviendrai ici), mais déjà : merci !