La logique aurait voulu que j’attaque la discographie des Texans de Devastation par la chronique de leur premier album mais très franchement, je ne me voyais pas attirer le chaland avec un disque aussi mauvais que l’imbuvable
Violent Termination. Quitte à aborder un groupe de seconde division qui, soit dit en passant, n’a jamais eu la reconnaissance qu’il mérite alors autant le faire par un (ou des) album(s) qui en vaille(nt) véritablement la peine.
Sorti en 1989 sur Combat Records,
Signs Of Life se différencie d’emblée de son prédécesseur par quelques changements de line-up relativement importants. Outre la présence d’un nouveau batteur en la personne de Louie Carrisalez (venu remplacer David Lozano qui remplaçait lui-même Jesse Lopez), c’est surtout l’arrivée d’Henry Elizondo en guise de second guitariste qui va venir absolument tout bouleverser. Jusque-là timide et particulièrement anodin, le riffing de Devastation assuré exclusivement par Dave Burk va prendre alors un très sérieux coup de fouet. Aussi, après une tournée US déjà particulièrement significative (Violent Retribution Tour), Devastation va se retrouver embarquer dans une nouvelle tournée nord-américaine, cette fois-ci en compagnie de Death chargé d’assurer la promotion de
Spiritual Healing. Un timing idéal pour un groupe véritablement transcendé.
Un poils moins efficace et abouti que l’excellent
Idolatry sorti deux ans plus tard,
Signs Of Life en trace néanmoins les prémices et même davantage. A l’exception de l’artwork qui a effectivement pris aujourd’hui un petit coup de vieux, ce deuxième album est servi par une production qui quant à elle n’a pas pris une ride. Le travail de remasterisation effectué dans le cadre de ces rééditions (celles de Century Media parues en 1999 et non celles de Punishment 18 sorties tout récemment et sur lesquelles je n’ai pas posé mes oreilles) a été fait avec soin et sert très justement le propos d’un groupe dont l’approche a donc quelque peu changé.
Si vous aviez déjà jeté une oreille attentive à l’excellent
Idolatry, sachez que l’on retrouve tout au long de ces neuf compositions ce qui fait le charme de ce troisième et dernier album. Seule petite nuance au tableau, un riffing sensiblement moins percutant ainsi que des compositions aux structures également un peu moins élaborées. Attention toutefois, il n’y a là rien de préjudiciable, surtout après un premier album qui, une fois encore, ne laissait absolument pas présager d’une telle transformation. Malheureusement, nous sommes en 1989 et
Signs Of Life doit faire face à une concurrence absolument redoutable. La même année vont effectivement sortir
Extreme Agression,
Agent Orange,
Fabulous Disaster,
Beneath The Remains,
Handle With Care,
Leave Scars,
Practice What You Preach ainsi qu’une tripotée d’autres albums de groupes peut-être moins connus mais tout aussi intéressants (Forced Entry, Defiance, Paradox, D.R.I., Believer). Autant vous dire que sans passer complètement inaperçu,
Signs Of Life s’est donc vite retrouvé noyé dans la masse.
Pour tenter alors de tirer son épingle du jeu face à des partenaires tous plus redoutables les uns que les autres, Devastation va faire le choix pertinent de revoir sa copie de bout en bout. Sans bouleverser les standards établis depuis déjà belle lurette, les Texans vont élever leur niveau de jeu vers un Thrash effectivement assez peu novateur mais alors particulièrement efficace. Mené cette fois-ci pied au plancher, ce deuxième album des Américains va s’imposer par la force des choses grâce à un rythme particulièrement soutenu à base de cavalcades quasi ininterrompues et de séquences encore un peu plus appuyées (on ne parlera pas de blast mais une chose est sûre, il va vous falloir du souffle pour espérer suivre la cadence imposée ici par les Texans). A la manière d’un Demolition Hammer, ces accélérations radicales sont mis en reliefs par des séquences au groove absolument imparable où l’on a envie que d’une chose, tout défoncer autour de soi ("Eye For An Eye" à 1:13, "Desolation" à 1:44, "Signs Of Life" à 1:37, "Retribution" à 2:05, "Tomorrow We Die" à 2:19). Si de ce côté-là les choses vont donc beaucoup mieux, difficile de ne pas s’enthousiasmer également face à ce riffing (et ces solos, ces solos !) très largement inspiré(s) par celui de Jeff Hanneman et que l’on doit en grande partie au petit nouveau, le prophétique Henry Elizondo. Ce dernier, soucieux d’apporter rapidité et efficacité, va donner à Devastation davantage de nerf et de tranchant là où le groupe ne suscitait jusque-là qu’ennuie et embarras. Et même si effectivement l’influence de Slayer semble donc plutôt évidente, il faudrait être fou pour en tenir rigueur à Devastation qui se faisant passe aisément de la 36ième division à la second league. Il n’y a finalement que le chant de Rodney Dunsmore que je trouve ici encore un peu faiblard, surtout si on compare sa prestation à celle qu’il a pu faire sur
Idolatry. On sent que ça manque encore un peu de hargne et de puissance même si le cœur est effectivement bien là.
Après un premier album qui semble-t-il n’a pas su intéresser grand monde (ça semble d’ailleurs encore être le cas aujourd’hui étant donné qu’il n’a jamais été réédité – le premier pressage CD datant de 1996 ne compte pas vraiment comme une réédition), Devastation a su opérer avec
Signs Of Life une transformation des plus salutaires qui va alors placer les Texans sur le devant (effectivement très encombré) d’une scène Thrash s’apprêtant malheureusement à opérer son propre déclin. Si le groupe n’est donc pas parmi les premiers cités lorsqu’il s’agit d’évoquer les grandes heures du Thrash, reste qu’il a produit deux albums particulièrement solides sur lesquels tous les amateurs du genre devraient jeter un peu plus qu’une oreille attentive.
2 COMMENTAIRE(S)
28/04/2021 14:14
29/12/2017 19:11