Necrot - Blood Offerings
Chronique
Necrot Blood Offerings
Il faut savoir assumer ses choix. Je vous le dis donc ouvertement : Necrot à subit de ma petite personne ce que l’on appelle un délit de sale gueule. C’était en 2016 lors de la sortie sur Tankcrimes Records d’une compilation intitulée The Labyrinth réunissant les trois premières démos des Américains. Si je n’ai pas spécialement d’excuse pour justifier ce délit de faciès, la raison de mon désintérêt est à chercher du côté de l’artwork et du logo tous les deux particulièrement très médiocres et qui ne m’ont pas particulièrement convaincu de jeter une oreille à tout ça.
C’est donc absolument sûr de moi, notamment après une écoute sans grand enthousiasme de ce premier album, que je décide de faire l’impasse sur la prestation de Necrot lors de la dernière édition du Kill-Town Death Fest. Sauf que pour aller prendre l’air et profiter ainsi de ces 45 minutes de pause salvatrice, je suis contraint de passer devant la scène où le groupe californien entame tout juste le début de son set. Et là, contre toute attente, c’est finalement la putain de claque ! Un retournement de situation tout à fait inattendu pour ce qui sera finalement l’un des meilleurs souvenirs de ce week-end pourtant particulièrement chargé en bons moments.
Formé en 2011 sur la base d’un trio, le groupe compte aujourd’hui dans ses rangs des membres d’Acephalix, Vastum, Scolex, Mortuous ou encore Saviours. Un line-up plutôt intéressant pour quiconque suit la scène Death Metal US actuelle et qui a sorti en 2017, toujours sur Tankcrimes Records, un premier album intitulé Blood Offerings. L’illustration de ce dernier est signée Marald Van Haasteren (Baroness, Kylesa, Mortuous...) et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle ne donne pas spécialement envie, bien plus à cause de cette couleur verdâtre peu engageante que pour le coup de pinceau toujours aussi assuré du hollandais (je l’aime bien mois cette espèce de Sauron au rabais).
Mené par le sosie de Dan Lilker (grand, mince et frisé), Necrot, comme bon nombre de ses compatriotes cités juste au-dessus, n’entend pas mettre à mal les fondements même du Death Metal mais simplement apporter sa modeste contribution, aussi standardisée soit-elle, à ce genre qu’il affectionne tout particulièrement. Car en effet, mieux vaut ne pas attendre de Necrot qu’il bouscule votre conception du Death Metal tant ce qu’il propose aujourd’hui s’inscrit dans un schéma depuis longtemps établi. Mais à la différence d’un Mortuous, d’un Vastum ou d’un Acephalyx, Necrot se distingue par des sonorités empruntés non pas à la scène US de la première moitié des années 90 mais plutôt à un certain Bolt Thrower, groupe que j’affectionne particulièrement. On trouve en effet chez les Américains une manière de rouler sur l’auditeur qui rappelle celle du groupe de Birmingham. Certes, Necrot n’est pas vraiment porté sur les mid-tempo comme pouvait l’être Bolt Thrower en son temps mais il y a cependant dans les riffs dispensés ici par Luca Indrio et Sonny Reinhardt ainsi que dans le jeu de batterie de Chad Gailey cette image d’un char d’assaut lancé à pleine vitesse et que rien ne pourrait arrêter. Un ressenti plus qu’une véritable copie qui s’immisce dès les premières secondes de "The Blade" (en se poursuivant ensuite pas bribes). Un savant mélange entre groove et mélodie qui, par certains aspects, renvoie donc à l’un des meilleurs groupes de Death Metal sans pour autant réussir à l’égaler (faut pas déconner non plus).
Mais comme je l’ai déjà dit, Necrot n’est pas spécialement porté sur les mid-tempo. Certes, on trouve bien évidemment quelques séquences bien plus lourdingues (ce passage introduit par un break sur "Rather Be Dead", la dernière partie de "Blood Offerings") mais le credo des Américains est bel et bien celui d’un Death Metal à l’énergie Punk évidente. Ces trente-neuf minutes sont ainsi marquées le plus clair du temps par de nombreuses cavalcades sur fond de tchouka-tchouka voir d’accélérations à base de blasts et de tapis de double. Une cadence générale qui fait de Blood Offerings un disque relativement soutenu duquel émane une véritable urgence.
On appréciera également le travail mélodique effectué par les deux guitaristes tout au long de l’album. Si le jeu des deux garçons n’est pas spécialement des plus impressionnants, ces derniers savent cependant produire des riffs capables de très vite se frayer un chemin jusqu’à votre cortex ainsi que des leads et des solos toujours particulièrement bienvenues ("The Blade" à 4:35, "Rather Be Dead" à 3:37, "Empty Hands" à 2:50 ainsi que celui de "Layers Of Darkness" qui pourra en surprendre quelques-uns pour ses appétences envers le Death Mélodique de Göteborg). Un sens de l’efficacité au service de compositions simples, faciles d’accès, plutôt directes (même si certaines jouent parfois les prolongations en passant la barre des cinq minutes) et sans aucun compromis. Certainement pas de quoi crier au génie mais assurément de bons moments en perspective.
Pour les soiffards en quête perpétuelle de Death Metal à se mettre sous la dent, Necrot possède assurément de quoi satisfaire vos plus grandes attentes. Pour les gens plus ambitieux à la recherche d’un groupe unique marqué d’une aura et d’une personnalité ultra développée, les Américains feront par contre bien pâle figure. Il est en tout cas certain qu’avec Blood Offerings, Necrot ne bouleversera ni rien ni personne. Pourtant, après avoir vu ce dont est capable le groupe sur scène, nul doute que vous ne pourrez ressentir qu’une vive et sincère sympathie à l’égard de ce premier essai ultra efficace qui, à part effectivement un manque d’envergure certain, n’a pas spécialement à rougir de son contenu.
| AxGxB 7 Novembre 2018 - 1286 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Ca déboîte sévère, et le manque d'originalité ne dérange absolument pas à l'écoute. |
citer | Keyser 07/11/2018 19:39 | note: 8/10 | Ultra efficace, j'adore! |
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2 COMMENTAIRE(S)
10/11/2018 17:41
07/11/2018 19:39