chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
126 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Dirge - Lost Empyrean

Chronique

Dirge Lost Empyrean
Définitivement, Dirge fait ça : cette impression de retrouver une musique familière, au point d’y baigner naturellement dès ses premiers babillements, et de se perdre dans mille réflexions à son écoute, quand se cherche la phrase qui la délimitera, la formule qui la désignera parfaitement.

Et, comme à chaque fois, c’est un peu honteux que l’on constate que c’est tâche impossible. Dirge, encore, ne se circonscrit pas, susurre à l’oreille les noms de Neurosis, Godflesh ou Red Harvest sans pour autant offrir une porte d’entrée certaine pour les scribouillards souhaitant un discours facile à son sujet. Ainsi, Lost Empyrean avance camouflé, laisse penser au premier abord qu’il est potentiellement le disque par lequel les Français trouvent leur voie et se simplifient, perpétuant cette plongée dans l’espace vécue plein-pot lors de Hyperion, leur essai de 2014. L’espace comme terrain de jeu, ces nouvelles cinquante-neuf minutes transmettent en effet des sentiments d’apaisement et de voyage que, en plein survol, on pourrait avoir déjà l’impression de connaître, regrettant la magnificence franche qui guidait les posteux chez l’ainé direct du disque nous intéressant aujourd’hui.

Idiotie que tout cela, de la part d’une personne qui ne semble pas avoir retenu la leçon. Celle de ne pas se fier à cette lisibilité de surface, cette simplicité qui est en réalité la fluidité d’un groupe sûr de son identité. Celle de ne pas oublier que tout est dans les nuances, ce monolithe trouvant ses attraits principaux dans ses aspérités, ses courbes qu’il faut deviner derrière son opacité, ses mouvements en gravité zéro. Enfin, celle de ne pas se dire trop vite que l’on a peut-être assez goûté cette musique-ci, alors qu’elle est d’une teneur autre, hybride et inédite, même après tant d’années et de détours. Lost Empyrean, sans surprise, est une nouvelle preuve de la suprématie de Dirge sur le paysage post metal. Et c’est bien la seule chose certaine que l’on peut déclamer à son endroit.

Ainsi, Dirge affine davantage son style particulier sur Lost Empyrean, grattant et limant le bloc colossal qu’est son cœur, pour un résultat qui évoque l’imagerie stellaire de Hyperion tout en possédant la fragilité, l’extrême transparence, du vitreux Elysian Magnetic Fields. Il y a une aigreur et une nostalgie palpables dans ces boucles de guitares, ces voix humaines à la clarté semblant provenir d’un autre temps, ces claviers qui explorent le vide entre les étoiles comme des signaux de machines satellitaires à destinataire inconnu. Emmené hors du temps, comme pris dans un état contemplatif frôlant celui végétatif, on stationne dans des compositions s’écoutant comme des chapitres d’une histoire de science-fiction où le décor aurait le rôle principal, contant les ruines de civilisations technologiques désormais disparues. Il y a pourtant une certaine vigueur ici, dans cette statique qui pique, ces planètes indifférentes rendues à la taille de billes. Comme une vie qui continue, au-delà de la conscience, au-delà d’un regard cherchant à y trouver du sens. L’immuable cours des choses, à l’échelle de l’univers.

Autant dire que ce n’est pas bien peu, que Dirge ne fait pas ici qu’uniquement offrir une plongée plus approfondie tout en restant connue : il y développe une autre facette de lui-même, continue son évolution aux racines industrielles, metal et hardcore vers une concision qui n’oublie pas la magnitude, des ambiances ascensionnelles qui n’oublient pas l’émotionnel. Formellement sans défaut, la petite heure en sa compagnie s’écoulant hors de la réalité quotidienne (ce qui est bien ce qu’on recherche dans ce genre de disque – et que l’on trouve si peu !), Lost Empyrean se départage chez moi des meilleures œuvres de la bande qu’en fonction de facteurs externes, hautement personnels. En effet, là où Wings of Lead Over Dormant Seas m’avait donné le coup de foudre pour la formation, And Shall the Sky Descend rappelé mon amour pour les terres mécaniques et désolées de ma Lorraine d’origine, Hyperion subjugué de ses atmosphères grandioses, ce nouveau longue-durée, lui, m'évoque surtout l’admiration que j’ai pour ces vieux de la vieille paraissant errer dans une dimension parallèle à la nôtre, où leur art se développe selon des logiques propres. Autrement dit, une œuvre qui, bien qu’excellente, ne me marque pas autant que d’autres mais reste constamment à la mesure de ce groupe marquant qu’est Dirge.

Franchement, des fois, je me dis qu’il n’y a que Neurosis et lui…

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

4 COMMENTAIRE(S)

lkea citer
lkea
10/03/2019 12:19
note: 8/10
C'est une formule qu'on entend souvent quand on perd un groupe qu'on adore, un truc assez cliché à dire, mais... oh et puis merde : un des meilleurs groupes français s'en va, futur groupe culte, parcours injuste.

Zut de zut.
AlexP citer
AlexP
10/03/2019 11:59
Très grand album. La chronique lui rend parfaitement justice.
Je suis scotché d'apprendre le split du groupe!! quel terrible gâchis!!!
si cet album est leur dernier c'est un testament magnifique
Batu citer
Batu
10/03/2019 11:53
note: 9/10
Je ne suis tombé sur cet album qu'au détour d'un commentaire élogieux sur Amg. Eh bien grand mal m'a pris de passer à côté de ce joyau pendant aussi longtemps. Il va maintenant falloir que je me fasse l'entièreté de leur discographie, d'autant plus qu'ils ont annoncé leur dissolution...
lkea citer
lkea
08/03/2019 17:15
note: 8/10
Le groupe vient de splitter et impossible pour moi de ne pas trouver ça dommage... Respect.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Dirge
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (4)  8.13/10
Webzines : (7)  8.39/10

plus d'infos sur
Dirge
Dirge
Post Metal - 1994 † 2019 - France
  

tracklist
01.   Wingless Multitudes
02.   Hosea  (8:7)
03.   Algid Troy
04.   The Burden of Almost
05.   Lost Empyrean
06.   A Sea of Light
07.   Sarracenia

Durée : 58 minutes 56 secondes

line up
parution
14 Décembre 2018

voir aussi
Dirge
Dirge
Hyperion

2014 - Debemur Morti Productions
  
Dirge
Dirge
Vanishing Point (Compil.)

2021 - Division Records / Blight Records
  
Dirge
Dirge
Elysian Magnetic Fields

2011 - Division Records
  
Dirge
Dirge
Wings Of Lead Over Dormant Seas

2007 - Equilibre Music
  

Essayez aussi
Challenger Deep
Challenger Deep
III. The Path

2023 - Indépendant
  

Teitanblood
Seven Chalices
Lire la chronique
Blood Red Throne
Nonagon
Lire la chronique
Severoth
By the Way of Light (Шляхом...
Lire la chronique
Mathilde
32 décembre
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Fleshwater
We're Not Here To Be Loved
Lire la chronique
Houwitser
Sentinel Beast
Lire la chronique
Chapel Of Disease
Echoes Of Light
Lire la chronique
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
A Somber Funeral
Summertime Sorrow
Lire la chronique
Purulency
Transcendent Unveiling Of D...
Lire la chronique
Panzerchrist
All Witches Shall Burn (EP)
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
Ost
Œuvres Mortes (Démo)
Lire la chronique
Benighted
Ekbom
Lire la chronique
Yattering
Genocide
Lire la chronique
Cave In
Creative Eclipses (EP)
Lire la chronique
Exocrine
Legend
Lire la chronique
Yawning Man
Long Walk Of The Navajo
Lire la chronique
Rivers Like Veins
Architektura przemijania
Lire la chronique
Råtten
La Longue Marche
Lire la chronique
Vircolac
Veneration
Lire la chronique
Dwarrowdelf
The Fallen Leaves
Lire la chronique
Purulent Remains
Fermented Death (EP)
Lire la chronique
Griffon
De Republica
Lire la chronique
Anthropovore
Parthénogenèse
Lire la chronique
Bleak Sanctuary
The Dark Night of the Soul
Lire la chronique
Drunemeton
Tir nan Og
Lire la chronique
Resistance
Cyclic Terror (EP)
Lire la chronique
One Day In Pain
In Pain We Trust
Lire la chronique