chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
115 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Gruzja - I Iść Dalej

Chronique

Gruzja I Iść Dalej
Pour une surprise, c'est une surprise. Straight outta Poland, Gruzja fait figure de véritable petit insolent de l'hyperactive scène Polonaise, en témoignent les nombreux memes postés sur leur page Facebook, se moquant tour à tour du Black Metal au sens large comme de leurs compatriotes de Behemoth ou Furia. Fort en gueule, vous dites ? Comment ça, ça vous rappelle Sektemtum qui brûlait des disques de DsO et Darkthrone pour faire rager les puristes ? Ne vous y trompez pas, contrairement aux Français, Gruzja a quelque chose à défendre, et c'est du solide - habituel chez les formations d'Europe de l'Est. S'éloignant volontairement des préoccupations et thématiques les plus prisées par le genre, Gruzja veut raconter la banlieue et tout ce qu'elle suppose. Les longues soirées estivales, sous la chaleur écrasante et la pollution, où les jeunes, un peu par nihilisme, beaucoup par désœuvrement, descendent de l'alcool bon marché jusqu'à en dégueuler, se butent à la rustine et baisent tout ce qui passe. Il faudra vous y faire, Gruzja est vulgaire, volontairement provocant, mais surtout diablement efficace.

Toute première manifestation de ce qui est manifestement un duo (si j'en crois la photographie promotionnelle hautement retouchée présente derrière la galette), "I Iść Dalej" a pris tout le monde de court. Bénéficiant des moyens de Godz Ov War, il jouit d'un habillage soigné, du visuel de couverture aussi énigmatique que séduisant jusqu'au livret en papier "luxe". Pas moyen de savoir qui se planque derrière la mise en page, ni de mettre un nom sur les musiciens, voulant rester anonymes. D'aucuns avancent les noms d'Odraza (partageant un goût prononcé pour la saleté) ou de Furia (probablement pour la voix grave rappellant celle de Nihil). Laissons les curieux spéculer, concentrons nous plutôt sur ce que Gruzja nous délivre sur cette petite demie-heure.

Il va en falloir, du courage. Puisque qu'au delà de la production clean, "I Iść Dalej" est un disque profondément vrai. Gruzja pose ses mains sales partout, le sourire aux lèvres. Plutôt que de dessiner des concepts abstraits, de sorcellerie, de satanisme ou que sais-je, Gruzja parle réel, Monsieur. "Contre l'esthétique" comme l'annonce le groupe lui-même. Moche, boîteux, oui, mais sans jamais perdre ne serait-ce qu'un chouïa de l'intensité qu'il délivre au cours des sept titres de l'opus. "I Iść Dalej" est aussi corrosif qu'intriguant. J'y retrouve les sensations purement street des rappeurs qui passent leurs morceaux à parler de la dalle et des cages d'escalier - celles qui me font aimer le style, d'ailleurs. Gruzja capture parfaitement l'essence de ces clapiers urbains, ou la population dans la dèche n'en peut plus de mourir d'ennui. Et il n'a pas besoin d'artifices cheapos pour le faire : il incarne les longs week-ends d'ennui au milieu d'une jungle de béton, le parking de la grande surface la plus proche où l'on traîne à défaut de faire quelque chose de sa vie. Clairement, ça pue le vécu, et c'est ce qui fait toute la différence.

Chaque titre de "I Iść Dalej " raconte quelque chose de différent. Les soirées défonce matérialisées par "Opuść mnie " et son rythme effréné ponctué par ce duo de voix, l'une hystérique, l'autre bien plus profonde, l'ivresse qui fait oublier le train-train quotidien sur "Manam", dont le plan presque psychédélique semble tout droit extrait d'un disque de Furia (bah alors, on se moque des copains, mais on tape chez eux quand même ?)... Et, en toute logique, les douloureux lendemains de cuite que l'on ressent dans "Iść dalej", chimère immonde de nappes Noise saccadées par une basse empruntée aux plus énervés des rappeurs Soundcloud... De l'abrutissante routine de ces périurbains désœuvrés, rendu palpable par le mid-tempo solide de "Moja Ratyzbona", jusqu'à la camaraderie avec ses frères de galère, traduite par les chœurs de hools à moitié avinés (presque Oï) de "Jego głos", "I Iść Dalej " rappellera certainement aux banlieusards d'hier et d'aujourd'hui des souvenirs - plus ou moins douloureux. Et pour ceux qui restent totalement étrangers à cet univers, Gruzja reste une formation purement Black Metal, avec les qualités que cela suppose. Elle joue vite, bien, respire le malaise et saura, j'en suis certain, toucher jusqu'au CSP+ dans sa banlieue pavillonnaire. Parce que l'ennui, la routine, les substances, les excès, sont bien loin d'être exclusifs aux précaires.

Ne parlant pas un mot de Polonais, il est fort possible que je me plante complètement au niveau de l'interprétation de ce premier album. Néanmoins, les compositions et ce qu'elles évoquent tapent tellement juste chez moi que je ne pouvais pas les laisser sous silence. Je retrouve chez Gruzja l'odeur du pot d'échappement troué, le sol qui colle dans les rayons de l'épicerie de quartier (vous savez, celle qui garde les alcools forts dans la vitrine à l'arrière du comptoir...), les après-midis passés à tromper l'ennui avec un peu de solvant et un sac en papier. Des souvenirs, un peu honteux, mais qui reviennent comme jamais à l'écoute de cet opus. Et ça, c'est fort. "I Iść Dalej" conjugue la qualité habituelle de l'alliage noir Polonais et la sincérité de ce qu'il raconte. Pas de cirque, pas d'arômes artificiels, juste l'impression d'avoir léché le sol d'un parking souterrain. Et l'album est suffisamment court pour qu'invariablement, on finisse par y revenir.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

6 COMMENTAIRE(S)

mayhem13 citer
mayhem13
11/10/2019 15:27
Sagamore a écrit : mayhem13 a écrit : On peut m'expliquer un truc. Cet album est de 2019, et il en sort un nouveau dans quelques jours. Celui là existe t- il depuis longtemps, mais n'est sorti que récemment? Ou alors ce sont des bourreaux des travail qui ont pondu deux skeuds dans la même année...
Tiens c'est drôle, de mon côté, la première écoute m'a fait très bonne impression. Par contre, je n'ai pas encore d'éléments de comparaison avec le premier album.
Ils sortent deux albums dans l'année. Après, l'album qui sort le 18 Octobre est franchement pas terrible...
Sagamore citer
Sagamore
11/10/2019 14:34
note: 8.5/10
mayhem13 a écrit : On peut m'expliquer un truc. Cet album est de 2019, et il en sort un nouveau dans quelques jours. Celui là existe t- il depuis longtemps, mais n'est sorti que récemment? Ou alors ce sont des bourreaux des travail qui ont pondu deux skeuds dans la même année...

Ils sortent deux albums dans l'année. Après, l'album qui sort le 18 Octobre est franchement pas terrible...
mayhem13 citer
mayhem13
11/10/2019 13:50
On peut m'expliquer un truc. Cet album est de 2019, et il en sort un nouveau dans quelques jours. Celui là existe t- il depuis longtemps, mais n'est sorti que récemment? Ou alors ce sont des bourreaux des travail qui ont pondu deux skeuds dans la même année...
AxGxB citer
AxGxB
15/03/2019 13:12
note: 7.5/10
Pas autant séduit que toi mais l'album est effectivement assez cool avec un grain bien particulier. Et oui, ça pue le tiequar à mort.
Sagamore citer
Sagamore
15/03/2019 12:17
note: 8.5/10
D'ailleurs, j'en profite pour te remercier de l'avoir posté dans le fil des écoutes et de m'avoir permis cette belle découverte ! Vraiment un excellent disque.
BBB citer
BBB
15/03/2019 12:12
Découvert par hasard, cette album revient très régulièrement dans mes playlists quotidiennes.

"..l'impression d'avoir léché le sol d'un parking souterrain.." c'est tellement vrai.

Il ne me manque plus que la version physique, qui ne saurait tarder.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Gruzja
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (3)  8/10
Webzines : (3)  5/10

plus d'infos sur
Gruzja
Gruzja
Black Metal - 2018 - Pologne
  

vidéos
Opuść mnie
Opuść mnie
Gruzja

Extrait de "I Iść Dalej "
  

tracklist
01.   Gruzini  (03:28)
02.   Moja Ratyzbona  (04:18)
03.   Opuść mnie  (03:59)
04.   Manam  (04:50)
05.   Jego głos  (03:08)
06.   Ilu nas było?  (04:40)
07.   Iść dalej  (04:20)

Durée : 28:48

parution
27 Février 2019

voir aussi
Gruzja
Gruzja
Jeszcze Nie Mamy Na Was Pomysłu

2019 - Godz Ov War Productions
  

Essayez aussi
Otargos
Otargos
Fleshborer Soulflayer

2021 - Xenokorp
  
Maȟpíya Lúta
Maȟpíya Lúta
Wóohitike

2022 - Åon Records
  
End of Mankind
End of Mankind
Antérieur à la lumière

2020 - Mallevs Records
  
Weakling
Weakling
Dead as Dreams

1999 - tUMULt Records
  
Sinmara / Misþyrming
Sinmara / Misþyrming
Ivory Stone / Hof (Split 10")

2017 - Terratur Possessions
  

Découverte de l'année
Teitanblood
Seven Chalices
Lire la chronique
Blood Red Throne
Nonagon
Lire la chronique
Severoth
By the Way of Light (Шляхом...
Lire la chronique
Mathilde
32 décembre
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Fleshwater
We're Not Here To Be Loved
Lire la chronique
Houwitser
Sentinel Beast
Lire la chronique
Chapel Of Disease
Echoes Of Light
Lire la chronique
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
A Somber Funeral
Summertime Sorrow
Lire la chronique
Purulency
Transcendent Unveiling Of D...
Lire la chronique
Panzerchrist
All Witches Shall Burn (EP)
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
Ost
Œuvres Mortes (Démo)
Lire la chronique
Benighted
Ekbom
Lire la chronique
Yattering
Genocide
Lire la chronique
Cave In
Creative Eclipses (EP)
Lire la chronique
Exocrine
Legend
Lire la chronique
Yawning Man
Long Walk Of The Navajo
Lire la chronique
Rivers Like Veins
Architektura przemijania
Lire la chronique
Råtten
La Longue Marche
Lire la chronique
Vircolac
Veneration
Lire la chronique
Dwarrowdelf
The Fallen Leaves
Lire la chronique
Purulent Remains
Fermented Death (EP)
Lire la chronique
Griffon
De Republica
Lire la chronique
Anthropovore
Parthénogenèse
Lire la chronique
Bleak Sanctuary
The Dark Night of the Soul
Lire la chronique
Drunemeton
Tir nan Og
Lire la chronique
Resistance
Cyclic Terror (EP)
Lire la chronique
One Day In Pain
In Pain We Trust
Lire la chronique