Pissgrave - Posthumous Humiliation Chronique
Pissgrave Posthumous Humiliation
Apu et Sandeep sont sur un bateau. Apu tombe à l’eau, qu’est-ce qu’il reste ? Et bien pas grand-chose à en juger par l’état catastrophique de son faciès qui au passage à quand même dû heurter quelques rochers pour en arriver à ce degré de confiture. Quatre ans après un premier album particulièrement épicé, le groupe américain le plus sale de la scène Death Metal remet aujourd’hui le couvert le temps d’un second round que l’on espérait au moins aussi corsé. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’artwork choisi par le groupe de Philadelphie est encore plus explicite que celui de Suicide Euphoria. Là où cette photo verdâtre laissait encore une petite place au doute et à l’imagination, celle de Posthumous Humiliation est on ne peut plus directe. Une friandise visuelle qui rappellera à certains les heures heureuses du modem 56k et des pérégrinations en loucedé sur le fameux site www.rotten.com.
Pour cette nouvelle cuvée et hormis l’arrivée (ou le retour, c’est selon) du bassiste (live) Brad D. venu remplacer John Guarracino parti courant 2017, rien n’a véritablement changé dans le camp de Pissgrave. Les frères Mellon restent ainsi à la tête de cette entité fondamentalement dérangée (toujours accompagné par Demian Fenton) alors qu’Arthur Rizk assure une fois de plus tout le travail de production. Si au même titre que l’artwork, celle-ci a été l’un des principaux sujets de discussion à la sortie de Suicide Euphoria, sachez que le groupe n’a pas choisi de revoir sa copie et livre une fois de plus un album à la production particulièrement dense et abrasive. Une exigence supplémentaire pour un disque qui nécessitera encore une fois quelques écoutes avant d’être apprécié à sa juste valeur.
Reprenant ainsi les choses là où il les avait laissés en 2015, Pissgrave continue son travail de sape à l’aide de ces mêmes riffs rampants et insidieux dont le caractère aliénant (toujours à la manière d’un Antediluvian dans ce côté diffus et menaçant) rend chaque écoute particulièrement exigeante et surtout terriblement intense. Une intensité amplifiée par la nature répétitive de ces attaques impitoyables menées la rage au ventre (cette batterie au son très sec qui n’a de cesse de cavaler) et de ses voix ultra saturées et éreintantes dont le grain fini inlassablement par nous faire saigner les tympans. Une fois de plus, la filiation avec un groupe tel que Revenge n’est pas exagéré tant les deux groupes partagent cette même vision excessive et intransigeante de la musique (que l’on retrouve d’ailleurs jusque dans ces solos bordéliques pour ne pas dire inaudibles qui ponctuent ici Posthumous Humiliation).
Car tout chez Pissgrave n’est qu’excès. De ce visuel aussi brut que réaliste à cette production écorchée et rugueuse en passant bien évidemment par ces compositions volontairement cradingues, exécutées avec l’envie sournoise de faire mal, tout est fait pour pousser l’auditeur dans ses derniers retranchements et ainsi l’interroger sur ses capacités à subir et à supporter de telle déflagrations. Même lorsque le groupe baisse la garde le temps de séquences moins intenses (comme c’est par exemple le cas sur "Catacombs Of Putrid Chambers", un titre rythmiquement moins radical), il s’assure de rendre le voyage toujours aussi exigeant grâce à un chant encore plus incompréhensible et à quelques fulgurances permettant d’apporter de quoi contraster avec le reste.
Finalement, la seule source d’étonnement (voir de déplaisir pour certains) face à ce deuxième album concerne le titre "Rusted Wind" qui clôture ce Posthumous Humiliation et sur lequel Pissgrave a eu le culot de sortir sans crier gare à 2:30 un riff presque Doom (appuyé par un clavier) que l’on pourrait croire tiré d’un album d’Hooded Menace. Une approche mélodique pour le moins inattendue qui, loin de me déplaire en ce qui me concerne, ajoute en guise de conclusion une certaine touche de fatalisme à une musique qui pourtant ne respire déjà ni la joie de vivre ni l’optimisme.
Si l’effet de surprise est évidemment quelque peu passé, le caractère tellement sale et exigeant du Death Metal de Pissgrave rend la chose une fois encore terriblement excitante. Loin de partager l’avis de ceux qui estiment que les Américains se sont ici ramollis, je trouve que Posthumous Humiliation s’impose plutôt sans forcer comme une suite tout ce qu’il y a de plus directe à ce que le groupe a pu produire jusque-là. Ainsi, si vous n’étiez déjà pas client du son de Pissgrave auparavant, les choses ne risquent pas de changer avec ce deuxième album. Par contre, trouver à y redire alors que le groupe renoue ici avec tout ce qui faisait le charme de son prédécesseur me semble difficile à justifier. | AxGxB 20 Mai 2019 - 2075 lectures | | DONNEZ VOTRE AVIS Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer. 16 COMMENTAIRE(S) citer | Mais c'est pas grave hein tu sais ?
Moi ça me fou la gerbe mais vraiment, je le vis bien | citer | AxGxB 21/05/2019 11:02 | note: 8/10 | Ohlala, les bébés... | citer | MoM a écrit :
Coquin que tu es, tu l'as fait exprès, je le sais, tu avais vu sur le forum que ça me fait froid dans le dos cette cover
En vrai, depuis la parution de la chro, je visite le site franchement à reculons...
Oui, je sais, petite nature, mauviette, etc. J'assume | citer | AxGxB a écrit :
Sinon MoM et DSD, de rien
Coquin que tu es, tu l'as fait exprès, je le sais, tu avais vu sur le forum que ça me fait froid dans le dos cette cover
Même si, en effet, je trouve celle du précédent bien plus effroyable, surtout lorsque dévoilée en entier. Musicalement aussi, Suicide Euphoria me mettait plus mal à l'aise.
Après, clairement pas ma came, c'est pas ce que je cherche en terme de Death Metal.
Et la kro permet de bien signaler ce qu'on a dedans et à qui ça s'adresse | citer | Ah j'avais jamais écouté en entier du coup je pigeais toujours pas bien ce que vous entendiez tous par "emo". Là je viens de téma sur bandcamp et j'ai cru à un featuring avec My Dying Bride. Sûr que vu sous cet angle, ça a quelque chose de dérangeant. | citer | Sim 20/05/2019 18:56 | note: 8/10 | Undergang c'est la mort sous une version visqueuse, liquide. Pissgrave c'est un timelapse d'une décomposition.
Le vrai groupe perfide c'est Autopsy ! | citer | Je retenterai un jour où j'ai rien de mieux à faire. | citer | AxGxB 20/05/2019 18:43 | note: 8/10 | gulo gulo a écrit : Antediluvian ?? Franchement j'ai trouvé les riffs très basiques sous les gimmicks, j'aurais plutôt dit (avec la mesure et la précision qui me caractérisent) Six Feet Under.
Après, ce sont des notions toujours subjectives, mais pour la saleté et la perversité, s'il en fallait un parangon pour moi ce serait Embalmer, plutôt que Pissgrave.
Je ne dis pas que les riffs sont hyper recherchés. Effectivement, ce n'est pas le cas. Mais je dis que Pissgrave à cette manière de les faire tourner qui rend le truc aliénant, presque abrutissant par cette aptitude à bourdonner. Et oui, je trouve ça dans l'ensemble bien crados. Pas aussi dégoulinant qu'un Undergang mais plus vicieux.
Sinon MoM et DSD, de rien | citer | Drug-Sniffing Dog a écrit :
gulo gulo a écrit : pour la saleté et la perversité, s'il en fallait un parangon pour moi ce serait Embalmer, plutôt que Pissgrave.
M'enfin ?!? T'avais dit Undergang l'autre fois !
L'un n'empêche pas l'autre mais tu as raison, j'ai oublié de mettre un "par exemple", ou "là, de suite".
Pff, tu fais chier, déjà que ça fait des semaines que je dois ressortir Misantropologi et que je trouve pas le temps... | citer | Excellent ce Pissgrave. Merci pour les chros, j'avais découvert ce groupe grâce à celle de Suicide Euphoria.
Chez eux, j'aime beaucoup les passages où le tempo est nettement ralenti. C'est là que je trouve que les riffs se font les plus vicieux et malsains.
Concernant l'artwork, il est plus "frontal" que celui de S.E. , mais je préfère ce dernier car il se révèle vraiment une fois qu'on a ouvert le boitier, et qu'on peut voir la scène dans son ensemble.
Le dernier riff reste un peu étrange, mais j'aime bien le voir comme un genre d'ombrelle délicatement placée sur cette coupe de sorbets saveur putréfaction et dégueulis.
Ça a l'air d'être leur dada ce genre de riff "d'adieux", c'était la même sur S.E. ... en moins Emo.
@gulo²: c'est franchement bien plus vindicatif (comme les panneaux) que tout ce que j'ai pu entendre de SFU.
gulo gulo a écrit : pour la saleté et la perversité, s'il en fallait un parangon pour moi ce serait Embalmer, plutôt que Pissgrave.
M'enfin ?!? T'avais dit Undergang l'autre fois ! | citer | Noooon, pas cette cover !
| citer | Sim 20/05/2019 13:36 | note: 8/10 | Tout d'abord déçu avec les premières écoutes mais comme indiqué dans la chronique, au fur et à mesure l'album se bonifie. Je préfère quand même le premier, plus marquant dans le riffing. Là le groupe balance un vrai bloc, bien plus compact que Suicide Euphoria j'ai trouvé. Y a toujours des riffs de tueur, sur Emaciated à 1m28..., mais il manque un truc que Suicide Euphoria avait, je ne saurais pas trop dire quoi. | citer | Le genre de disque qui nécessite une bonne douche après écoute. Tout ce que j'attends d'un groupe de Death, en fait. | citer | Antediluvian ?? Franchement j'ai trouvé les riffs très basiques sous les gimmicks, j'aurais plutôt dit (avec la mesure et la précision qui me caractérisent) Six Feet Under.
Après, ce sont des notions toujours subjectives, mais pour la saleté et la perversité, s'il en fallait un parangon pour moi ce serait Embalmer, plutôt que Pissgrave. | AJOUTER UN COMMENTAIRE | notesChroniqueur : | 8/10 | Lecteurs : | (4) 8/10 | Webzines : | (1) 8/10 |
plus d'infos sur | Pissgrave Death Metal - 2013 - Etats-Unis | | |
tracklist01. | Euthanasia (03:40) | 02. | Canticle Of Ripping Flesh (05:13) | 03. | Funeral Inversion (04:24) | 04. | Catacombs Of Putrid Chambers (06:01) | 05. | Into The Deceased (04:28) | 06. | Posthumous Humiliation (04:19) | 07. | Emaciated (05:02) | 08. | Celebratory Defilement (04:42) | 09. | Rusted Wind (05:37) | Durée : 43:26 |
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16 COMMENTAIRE(S)
21/05/2019 17:29
Moi ça me fou la gerbe mais vraiment, je le vis bien
Non, non, t'en fais pas, je le sais bien
Perso, je me sens pas bébé dans le sens où cette cover a justement pour but d'être répugnante
Donc qu'elle fasse réagir, c'est voulu.
21/05/2019 12:35
Moi ça me fou la gerbe mais vraiment, je le vis bien
Non, non, t'en fais pas, je le sais bien
21/05/2019 12:07
Moi ça me fou la gerbe mais vraiment, je le vis bien
21/05/2019 11:02
21/05/2019 10:53
Coquin que tu es, tu l'as fait exprès, je le sais, tu avais vu sur le forum que ça me fait froid dans le dos cette cover
En vrai, depuis la parution de la chro, je visite le site franchement à reculons...
Oui, je sais, petite nature, mauviette, etc. J'assume
20/05/2019 22:21
Sinon MoM et DSD, de rien
Coquin que tu es, tu l'as fait exprès, je le sais, tu avais vu sur le forum que ça me fait froid dans le dos cette cover
Même si, en effet, je trouve celle du précédent bien plus effroyable, surtout lorsque dévoilée en entier. Musicalement aussi, Suicide Euphoria me mettait plus mal à l'aise.
Après, clairement pas ma came, c'est pas ce que je cherche en terme de Death Metal.
Et la kro permet de bien signaler ce qu'on a dedans et à qui ça s'adresse
20/05/2019 18:59
20/05/2019 18:56
Le vrai groupe perfide c'est Autopsy !
20/05/2019 18:49
20/05/2019 18:43
Après, ce sont des notions toujours subjectives, mais pour la saleté et la perversité, s'il en fallait un parangon pour moi ce serait Embalmer, plutôt que Pissgrave.
Je ne dis pas que les riffs sont hyper recherchés. Effectivement, ce n'est pas le cas. Mais je dis que Pissgrave à cette manière de les faire tourner qui rend le truc aliénant, presque abrutissant par cette aptitude à bourdonner. Et oui, je trouve ça dans l'ensemble bien crados. Pas aussi dégoulinant qu'un Undergang mais plus vicieux.
Sinon MoM et DSD, de rien
20/05/2019 18:28
gulo gulo a écrit : pour la saleté et la perversité, s'il en fallait un parangon pour moi ce serait Embalmer, plutôt que Pissgrave.
M'enfin ?!? T'avais dit Undergang l'autre fois !
L'un n'empêche pas l'autre mais tu as raison, j'ai oublié de mettre un "par exemple", ou "là, de suite".
Pff, tu fais chier, déjà que ça fait des semaines que je dois ressortir Misantropologi et que je trouve pas le temps...
20/05/2019 18:11
Chez eux, j'aime beaucoup les passages où le tempo est nettement ralenti. C'est là que je trouve que les riffs se font les plus vicieux et malsains.
Concernant l'artwork, il est plus "frontal" que celui de S.E. , mais je préfère ce dernier car il se révèle vraiment une fois qu'on a ouvert le boitier, et qu'on peut voir la scène dans son ensemble.
Le dernier riff reste un peu étrange, mais j'aime bien le voir comme un genre d'ombrelle délicatement placée sur cette coupe de sorbets saveur putréfaction et dégueulis.
Ça a l'air d'être leur dada ce genre de riff "d'adieux", c'était la même sur S.E. ... en moins Emo.
@gulo²: c'est franchement bien plus vindicatif (comme les panneaux) que tout ce que j'ai pu entendre de SFU.
gulo gulo a écrit : pour la saleté et la perversité, s'il en fallait un parangon pour moi ce serait Embalmer, plutôt que Pissgrave.
M'enfin ?!? T'avais dit Undergang l'autre fois !
20/05/2019 17:59
20/05/2019 13:36
20/05/2019 12:36
20/05/2019 11:41
Après, ce sont des notions toujours subjectives, mais pour la saleté et la perversité, s'il en fallait un parangon pour moi ce serait Embalmer, plutôt que Pissgrave.