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Misþyrming - Algleymi

Chronique

Misþyrming Algleymi
Il y’a un peu plus de quatre ans le monde découvrait le monumental « Söngvar Elds Og Oreiðu » qui permettait à la scène islandaise déjà prometteuse d’exploser totalement, et ainsi d’apparaître totalement dans la lumière où elle est encore aujourd’hui. Si la petite île a depuis engendré de nombreux rejetons de qualité similaire, MISÞYRMING bien que très discret a conservé une aura et un certain mystère fort agréable en cette période où l’affichage massif et permanent est de rigueur. Ce fut le cas pour l’annonce de ce nouvel opus qui est tombée brutalement et sans préavis, personne ou presque n’étant au courant que le combo s’était enfermé en studio pour y mettre en boîte sa prochaine et tant attendue création. Car dire que l’on était enthousiaste après cette courte dépêche était un doux euphémisme, et après l’impatience de la découverte il ne faisait pas de doutes que chaque note jouée par le quatuor serait scrutée, analysée et commentée. Et en effet le moins que l’on puisse dire c’est que ce second album va faire énormément parler dans un sens comme dans l’autre, les sentiments les plus divers vont s’y mêler et si certains seront déçus d’autres vont au contraire crier au chef-d’œuvre, preuve de l’importance prise désormais par les islandais. Il y’en aura effectivement pour tous les goûts, et en plus ce qui est également certain c’est qu’il va falloir du temps et de la patience pour se faire un avis définitif sur cet opus, tant les impressions vont se mélanger et se contredire avant qu’enfin une position claire et définitive n’apparaisse pour de bon… ou pas !

Car parler correctement de cette galette ne fut pas une sinécure vu que probablement comme la plupart des auditeurs il y’a eu ce goût tenace d’étonnement, de déception voire même de loupé, si bien qu’il était même logique de penser que la bulle et la hype venue de Reykjavík et de sa province était en train de se dégonfler. Pourtant à force d’insister et de décortiquer chaque instant ou presque (et de l’écouter dans toutes les situations possibles et inimaginables) force est de constater que sous ses airs opaques ce « Algleymi » réussit parfaitement son rôle. Si le chanteur-guitariste Dagur Gonzales avait précédemment affirmé ne pas savoir où il comptait emmener son projet il avait en revanche concédé ne pas vouloir faire deux fois la même chose, et sur ce coup-là il ne nous a pas menti vu qu’il a préféré miser sur les ambiances et renforcer le côté brumeux propre à la musique de ses compatriotes. Du coup rien d’étonnant que la machine semble impénétrable la première fois, ressenti d’autant plus présent par cette batterie proéminente et très synthétique qui donne un côté froid et lunaire à des compos qui n’en avaient pas besoin à l’origine. Cela est flagrant dès l’ouverture avec le redoutable « Orgia » où toute la palette du quatuor est de sortie, sans pour autant avoir ce grain de folie et ce tabassage intempestif auquel on avait droit auparavant. Celui-ci est remplacé là par un côté épique important, où l’on passe de la préparation du raid viking à son action et aux conséquences qui en découlent, tant le riffing qui va à l’essentiel et le mid-tempo entrainant portent les guerriers vers le combat, surtout quand le clavier discret s’en mêle et amène juste ce qu’il faut sans dénaturer l’ensemble. Proposant nombre de variations de rythmes on passe par tous les états sans temps-mort ni longues pauses (seuls quelques courts breaks permettent de souffler un instant), avant que le tout aussi réussi « Með svipur á lofti » ne s’enchaîne directement et sans prévenir. Reprenant les mêmes éléments que précédemment il donne cependant envie de secouer fortement la tête grâce à un entrain plus prononcé, et contient là-encore toute la panoplie technique de ses créateurs, qui continuent d’étonner tant on est loin de ce qu’on connaissait d’eux. Bien que changeant de facette la patte proposée jusque-là était malgré tout encore reconnaissable, mais avec « Ísland, steingelda krummaskuð » le changement c’est maintenant, et le moins que l’on puisse dire c’est que cette compo va faire causer (comme d’autres qui vont suivre), et l’on est en droit de se demander si les nordiques ne se sont pas inspirés du dernier CHAPEL OF DISEASE. Sans pousser néanmoins le délire aussi loin que les allemands on se retrouve ici avec quelquechose de presque groovy qui donne envie de se dandiner, aidé en cela par des blasts quasiment absents et un rythme global plutôt posé où la brutalité n’apparaît que fugacement à la fin, comme pour montrer que la lumière et l’optimisme entrevus ici n’étaient que provisoire. D’ailleurs le court interlude intitulé « Hælið » va renforcer ce sentiment de calme avant la tempête où l’on sent le chaos prêt à arriver, où juste avant qu’il ne se mette en place des notes mélodiques surprenantes en arrière-plan (qui ont pu être inspirées par Sergio Leone et les western spaghetti), dont le mélange semble préparer l’imminence de l’explosion.

Pourtant cela ne va pas être le cas (du moins pas tout de suite) tant le surprenant « Og er haustið líður undir lok » va laisser circonspect dans un premier temps, et aura besoin malgré tout qu’on lui donne sa chance. Car l’accessibilité y est totale et on sort carrément du Black-Metal pour quelquechose d’inclassable à la mélodie affirmée, qui là-encore donne envie de bouger en l’absence d’agressivité mais qui après la multiplicité des écoutes révèle une subtilité cachée, vu qu’il fallait lui gratter la surface (et lui laisser du temps) pour qu’elle soit découverte. S’il est certain que le rendu ne va pas manquer là-encore de déchaîner les passions par son manque de puissance et de tabassage, ce qui suit va en revanche calmer les râleurs … ou pas. En effet « Allt sem eitt sinn blómstraði » va voir le retour d’une météo exécrable où le vent et le volcanisme vont retrouver le devant de la scène, mais malheureusement on s’aperçoit rapidement que le tout sonne un peu bordélique (un choix assumé ?), et là où leurs compatriotes de SVARTIDAUÐI arrivent à canaliser cette tambouille ici on a l’impression que celle-ci échappe parfois à ses créateurs, visiblement dépassés par ce mélange inabouti de clarté et de ténèbres. Du coup on ne peut qu’être déçu du résultat car si les idées sont bien présentes le rendu est lui plus laborieux, mais heureusement ceci va être oublié dès la plage suivante (le redoutable « Alsæla ») où l’on se croirait revenu dans un passé proche, grâce à cette brutalité revenue et à cette violence typique de leur réalisation de 2015. Plus directe et rentre-dedans celle-ci montre que les gars n’ont pas totalement renié ce qui a fait leur succès, en proposant de légères variations et en privilégiant le tabassage débridé et sans concessions, même si le son de batterie proéminent (via notamment une charley au mixage démesuré) gâche légèrement le rendu en ne faisant pas suffisamment ressortir le jeu de Helgi Rafn Hróðmarsson. Mais si contrairement à ces autres projets récents il se montre moins inspiré et carré que d’habitude, il reste malgré tout un des meilleurs frappeurs de son pays de par sa créativité et sa rapidité, ce qui va s’entendre une ultime fois avec le morceau-titre qui conclût les débats. Après ce déchaînement de violence le quartet a décidé de se calmer en proposant des notes de guitares plus glaciales et coupantes que jamais, et en ralentissant franchement l’allure pendant les deux-tiers de sa durée, avant de remonter en pression et de finir par une ultime dose épique, histoire de bien montrer que le beau temps va faire son retour à travers les nuages.

Là-encore conçue de façon très abordable cette conclusion ne fait pas tâche avec le reste, même si l’on peut regretter une certaine redondance au niveau des riffs et des plans qui s’éternisent parfois un peu trop, et qui ont aussi tendance à se montrer interchangeables. Alors certes ce long-format est très éloigné du précédent, mais il n’en reste pas moins d’un très bon niveau même si clairement il restera en dessous de l’autre, la faute également à une simplicité trop assumée où le style brumeux et tentaculaire de son pays natal est plusieurs fois mis trop de côté au profit d’un genre plus norvégien (et pas forcément adapté). Mais le plus dur sera de ne pas comparer ce dernier-né et son grand-frère qui n’ont rien à voir entre eux, et donc d’arriver à faire abstraction du premier afin de mieux prendre possession (dans le corps et l’esprit) du second, qui mérite que l’on s’y penche avec attention même si cela ne sera pas simple de prime abord. A voir donc ce que nous réserve dans l’avenir cette entité toujours aussi à part et mystérieuse, qui ne déroge pas à sa réputation et a le mérite d’oser s’éloigner de son terrain de jeu, mais qui doit quand même se méfier de ne pas trop en sortir au risque pour elle de voir son aura et sa réputation grandissante s’étioler plus ou moins sérieusement.

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6 COMMENTAIRE(S)

grintold citer
grintold
06/10/2020 12:41
Un chef d’œuvre, clairement !
Emperor68 citer
Emperor68
30/04/2020 16:24
note: 10/10
Grosse claque de 2019.
Mera citer
Mera
30/03/2020 15:47
note: 8.5/10
Je débarque un peu avec 1000 ans de retard mais cet album est vraiment excellent !
Complètement passé à côté de la chro à la parution, la mention Chapel of Disease aurait pourtant dû me faire tilter Sourire
Je ne connais pas les précédentes réalisations du groupe mais je me retrouve carrément dans la description qu'en fait Solarian, j'aurais pas écrit ça mieux ! Sourire
Découverte tardive mais très belle découverte en tout cas !
Dantefever citer
Dantefever
19/10/2019 14:44
note: 9/10
Tout pareil, plus fort et bien plus marquant, à la fois efficace et profond, émouvant même
Solarian citer
Solarian
19/10/2019 13:34
note: 9/10
Pour le coup je préfère aussi celui-là au premier, et de loin.
Autant Söngvar... avait la particularité de dégager un feeling très froid et massif, autant celui-ci joue à fond la carte de la limpidité et de l'émotion.
Carrément plus lumineux de par des mélodies incandescentes et une approche par moments presque rock, le style est ici littéralement transfiguré.
Honnêtement je ne vois pas où l'ensemble sonne "bordélique" comme prétendu dans la chro. Cette impression de densité chaotique se dégageait plutôt du premier opus où il y avait justement pas mal de dissonances, d'opacité structurelle et de parties assez chargées.
Enfin bref, là j'avoue que j'ai vraiment décollé.
Mention spéciale au triptyque d'ouverture qui est juste parfait, avec comme pinacle Ísland, steingelda krummaskuð où l'émotion atteint des sommets grâce à un souffle épique voire mélancolique absolument superbe.
Stockwel citer
Stockwel
27/06/2019 21:28
Je préfère largement celui-là au précédent.
Après ce qui me soulait le plus dans le précédent c'était les longues plages ambiantes chiantes à mourir (je sais pas pourquoi autant de groupes de BM en mettent dans leurs albums, ca casse toute le rythme d'un bon album je trouve).

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Misþyrming
notes
Chroniqueur : 7.5/10
Lecteurs : (14)  8.79/10
Webzines : (5)  8.97/10

plus d'infos sur
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Black Metal - 2013 - Islande
  

tracklist
01.   Orgia  (05:27)
02.   Með svipur á lofti  (07:05)
03.   Ísland, steingelda krummaskuð  (06:25)
04.   Hælið  (02:32)
05.   Og er haustið líður undir lok  (04:41)
06.   Allt sem eitt sinn blómstraði  (06:57)
07.   Alsæla  (06:05)
08.   Algleymi  (07:04)

Durée : 46:16

line up
parution
24 Mai 2019

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