Forlorn Hope - Over The Hills
Chronique
Forlorn Hope Over The Hills
Connaissez-vous l'expression "ne jamais juger un livre à sa couverture"? Je pense que oui. Vous devez alors savoir ce qu'elle signifie: qu'il ne faut jamais juger quelqu'un ou quelque chose par son apparence. Personnellement, j'ai souvent entendu cette expression utilisée dans un contexte qui visait à défendre quelque chose plutôt qu'à le critiquer ou l'attaquer: "cette personne est différente mais qui te dit qu'elle est méchante? Il ne faut pas juger un livre à sa couverture, voyons!" C'est dans ce genre de contexte que j'entend cette expression utilisée. Du moins, je n'ai jamais eu d'exemples du contraire... jusqu'à aujourd'hui.
En effet, cette expression, je pourrais - et je suis fou, je dis plutôt "je peux"! - parfaitement l'employer pour le debut-album des anglais de Forlorn Hope, groupe qui sort un peu de nulle part, je dois le dire: formé en 2017 sous le nom de Fatal Disappointment, la plupart des membres viennent du groupe de folk symphonique Cathar, qui n'a vécu qu'un an, de '14 à '15, le temps d'un EP. Vous en conviendrez, nous n'avons pas affaire là à des professionnels de la scène, d'autant qu'aucun des membres n'a l'air d'avoir des activités externes comme producteur, ingénieur du son, artiste... ou simplement invité ailleurs. Pourquoi m'embêter à détailler leur carrière musicale? Car elle permet de comprendre l'album que je m'apprête à décrire.
Revenons-en au premier point de cette chronique: ne jamais juger un livre à sa couverture. Et oui, en effet, cette expression s'applique également à cet album. Regardez sa pochette: un logo doré qui claque et qui est bien détaillé, un dessin style peinture à l'huile avec un super ciel et des nuages détaillés et un champ de bataille tout en couleurs qui représente une scène complexe. Cela dit, ne portez pas trop attention aux détails, vous risquez presque de voir le strabisme des soldats dessinés façon Gaston Lagaffe en arrière plan. Moi, quand je vois ça, je me dis une chose: ça annonce du heavy épique, ça annonce quelque chose de glorieux et de tonitruant, ça annonce des lignes de chant mémorables avec derrière des samples de canons dont seul Tchaïkovsky en est le maître! Et pourtant...
Pourtant, rien de tout ça. Forlorn Hope, c'est du même acabit que Civil War, pour ceux qui connaissent (pour les autres, c'est un groupe formé par d'anciens membres de Sabaton et que j'apprécie plus que ce dernier): il propose un heavy metal à mi-chemin entre les grosses productions modernes allemandes et une petite touche de oldschool en saupoudrant le tout de claviers (bien qu'ici ils ne sont pas très présents, on est pas sur du symphonique). Et comme Civil War, ils prennent leur pied sur les guerres napoléoniennes. Mais la comparaison avec le groupe suédois s'arrête à ces deux points: On ne retrouve rien d'intéressant chez Forlorn Hope, et qu'on peut retrouver ailleurs. Les claviers sont en retrait, pour ne pas dire qu'ils sont inexistants, le son des guitares est épouvantable et le chanteur a une voix extrêmement faible, ce qui ne donne aucun charme aux refrains qui le forcent à monter dans les aigus (et là, c'est la boucherie...) et les riffs... je peux même pas dire qu'ils sont mauvais, parce que ça sous-entendrait qu'il y en a.
Les mélodies ne sont pas vraiment présentes non plus, et quand il y en a, le groupe n'hésite pas à les copier-coller, comme dans les refrains de "Rifle" et "Forlorn Hope". Et non, je n'exagère pas sur l'expression "copier-coller": même tempo, même mélodie, même gamme. Le seul changement, c'est les paroles. Et ça blablate, et ça blablate... on a plus l'impression d'entendre un prof d'Histoire donner cours à des étudiants plutôt qu'un album de metal bien pêchu. Déjà que la voix n'est pas très charismatique et franchement faiblarde et limitée (bref, tout l'inverse de ce que l'on est en droit d'attendre pour du heavy), le groupe nous fait l'affront de la supporter pratiquement à chaque minute du disque, au détriment évidemment des autres parties instrumentales qui s'effacent complètement. Civil War, au moins, même si ce n'est guère plus original en terme de compositions, avaient l'excellent Nils Patrik Johansson derrière le micro qui sauvait les meubles. Ici... rien.
Tout bon album sans imagination utilise toujours la même formule magique: composer un morceau extrêmement générique sans prendre aucun risque et réutiliser cette méthode pour tous les autres titres. Et ici, c'est pareil: d'habitude, je suis assez friand de name-dropping pour illustrer mes propos quand je décris tout ce qui touche au détail musical comme un solo ou une mélodie, mais ici, même pas besoin: je peux parler pour l'album entier. La moindre chose s'applique partout, ce qui rend ce disque incroyablement répétitif et insipide.
Comprenez-vous, maintenant, pourquoi j'ai dressé un petit portrait des musiciens, un peu plus tôt? Sans carrière musicale, sans background derrière eux, il était difficile pour Forlorn Hope d'être le Dio britannique. Il est évidemment très compliqué de sortir un chef d'oeuvre dès le premier album quand on débute, mais cet album relève surtout de la mauvaise assimilation et ré-utilisation des codes du genre pour parvenir à convaincre l'auditoire. Dans un sens, cet album est bien, car il nous rappelle que tout ce que l'on prend pour acquis chez les groupes qu'on aime écouter ne l'est pas, en fait, et qu'il a fallu que les musiciens réfléchissent dessus. Il nous rappelle aussi que le parcours d'artiste est loin d'être aisé et que, quand on commence, il faut plus s'attendre à enchaîner les concerts avec autant de monde sur scène que dans le public que hurler "Bonsoir Paris!" à Bercy...
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4 COMMENTAIRE(S)
citer | Jean-Clint a écrit : C'est vrai que le chant est quand même pas fameux, j'ai déjà eu du mal sur l'extrait proposé alors sur l'album complet j'imagine même pas ...
Et encore, l'extrait que j'ai mis, c'est le seul morceau que je trouve à peu près sympa et punchy! |
citer | C'est vrai que le chant est quand même pas fameux, j'ai déjà eu du mal sur l'extrait proposé alors sur l'album complet j'imagine même pas ... |
citer | MoM a écrit : Le chant est pas dégueu du tout, mais la production est calamiteuse. Les instruments sonnent pas Heavy du tout, et le tout baigne dans une répétitivité assez forte.
Dommage car le chant a vraiment ce côté story teller qui passe bien.
Sérieux?? Purée, moi je le trouve d'une faiblesse, il me plaît pas, il me donne pas envie de poursuivre l'album avec lui. |
citer | Le chant est pas dégueu du tout, mais la production est calamiteuse. Les instruments sonnent pas Heavy du tout, et le tout baigne dans une répétitivité assez forte.
Dommage car le chant a vraiment ce côté story teller qui passe bien. |
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4 COMMENTAIRE(S)
28/07/2019 14:46
Et encore, l'extrait que j'ai mis, c'est le seul morceau que je trouve à peu près sympa et punchy!
28/07/2019 13:07
27/07/2019 23:42
Dommage car le chant a vraiment ce côté story teller qui passe bien.
Sérieux?? Purée, moi je le trouve d'une faiblesse, il me plaît pas, il me donne pas envie de poursuivre l'album avec lui.
27/07/2019 19:14
Dommage car le chant a vraiment ce côté story teller qui passe bien.