Patronymicon - Ushered Forth By Cloven Tongue
Chronique
Patronymicon Ushered Forth By Cloven Tongue
Avec déjà plus de dix ans de carrière au compteur le quintet de Sandviken n’est pas né de la dernière pluie bien qu’il soit encore aujourd’hui totalement méconnu, la faute à une distribution réduite à son minimum et à une musique beaucoup trop basique pour se démarquer au sein d’une concurrence exacerbée. Pourtant certains semblent croire à son talent et en premier lieu Osmose Productions qui vient de les faire signer, lui offrant ainsi une visibilité qu’il n’avait jamais connu auparavant et qui risque d’être décisive pour la suite de ses activités. Car ce troisième album est sans doute la dernière chance pour lui d’exploser à la face du monde, autant dire qu’il joue donc son avenir tant il ne peut pas se permettre de se louper, au risque de rester définitivement calé dans une deuxième division d’où il est de plus en plus difficile de s’extraire. Bien que le nom de PATRONYMICON ne parle à personne ou presque les musiciens qui composent cette entité sont en revanche loin d’être des anonymes et amateurs, vu qu’ils ont fait leurs armes dans des formations stylistiquement différentes comme DEVOURER, SORDID FLESH ou SORCERY, ce qui s’avère sur le papier rassurant quant à la qualité globale de ce long-format.
Malheureusement on a souvent remarqué qu’une accumulation de noms expérimentés n’était pas forcément un gage de qualité, et malgré les efforts des suédois cette galette n’est pas encore celle qui les fera grimper dans la hiérarchie, tant elle se révèle inégale qualitativement et surtout beaucoup trop longue. En effet avec pas moins de quarante-huit minutes au compteur elle possède la durée la plus élevée de toute leur carrière (avec des compos qui oscillent toujours au minimum autour des cinq minutes voire même bien au-delà), et cela va se ressentir tant elle se montre trop rapidement linéaire. Cela va être flagrant d’entrée avec le linéaire et répétitif « Haissem » qui va jouer le grand-écart entre tabassage intensif et parties lourdes écrasantes, mais hélas l’ensemble est plombé par une prévisibilité à toute épreuve où l’on sait presque à l’avance où tels plans et patterns vont tomber, à l’instar de « The Funeral Of A Passive God » qui enchaîne dans la foulée. Même constat ici, certes ça alterne régulièrement mais on a tellement l’impression d’avoir entendu ce genre de riffs et d’écriture par le passé qu’on est totalement blasé, surtout que ça s’étire à n’en plus finir et que le peu d’intérêt présent à la base s’est finalement évaporé avant qu’on en termine.
Pourtant alors qu’on pensait que ça ne décollerait jamais voici que déboule « XI Kings XI Curses » qui va marquer positivement les esprits, et montrer que tout espoir n’est pas perdu. En effet ici la dynamique va rester constante via un rythme global particulièrement élevé et enlevé, pas de place ici aux ralentissements vu que tout reste basé à la fois sur la vitesse et les blasts, ainsi que sur un mid-tempo entraînant et remuant à souhait (au rendu très old-school) qui font de cette plage une vraie réussite bourrée d’énergie et qui n’aura aucun mal à cartonner sur scène. Après cette explosion de violence addictive et accrocheuse les bonnes choses entrevues vont se confirmer avec le très agréable « Lightless Flames » où toute la palette technique des zicos y est présente, ceux-ci jouant sur l’équilibre des forces et leur diversité pour offrir un rendu impeccable basé sur l’explosivité débridée et aussi des ambiances rampantes glaciales à l’intérêt certain. Cette partie centrale est d’ailleurs la plus réussie de ce « Ushered Forth By Cloven Tongue » riche en surprises, vu que « Womb Of Rejection » conserve ces bons points en mettant en avant encore une fois l’équilibre des forces tout en poussant plus loin les parties médium de haute tenue, qui donnent envie instantanément de remuer la tête comme un dératé.
Malheureusement c’est aussi la fin des haricots car le dernier tiers proposé va être le plus ennuyeux et il n’y aura pas grand-chose d’intéressant à se mettre sous la dent, d’autant plus que les gars vont carrément y mettre leurs titres les plus longs (qui n’avaient aucunement besoin de l’être). Cela saute aux oreilles avec l’ennuyeux « From The Depths Of Damnation » qui donne la sensation d’être joué en pilotage automatique et de tabasser dans le vide, ainsi qu’avec « A Star That Shineth Not » qui ne décolle jamais vu que la rapidité et les accélérations sont aux abonnés absents. Nulle trace d’instants déchaînés ou d’un rythme qui s’affole car ça reste calé en première tout du long afin de renforcer la sensation d’oppression et de froideur, au détriment de l’intérêt qui est totalement inexistant à l’instar de l’ultime plage qui arrive. Celle-ci intitulée « Death Itself » a le mérite de revenir à quelquechose de plus équilibré et puissant, mais c’est beaucoup trop léger tant ce déluge de blasts quasi-continu donne l’impression de ne jamais se terminer, surtout que ça dure comme ça pendant pratiquement huit minutes.
Du coup difficile de s’enthousiasmer tant les points négatifs sont plus nombreux que les positifs, certes il y’a de très bonnes idées mais elles sont noyées par celles plus neutres et déséquilibrées. Entre riffs interchangeables des guitaristes et un batteur qui se contente de répéter les mêmes roulements et breaks en permanence, l’impression de monotonie ne quitte pas un instant les esprits et une fois arrivé au bout de l’écoute on s’aperçoit qu’on n’a rien retenu ou presque, malgré les efforts déployés. Il est donc sûr que ce disque prendra rapidement la poussière et ne sortira de sa boîte qu’en de rares occasions, quand sur un coup de tête son propriétaire aura l’audace de lui redonner une chance. Autant dire que ça n’est pas avec ça que la bande va marquer les esprits, et il vaudrait mieux pour chacun de ses membres qu’ils restent cantonnés dans leurs groupes principaux (où ils trouvent un terrain de jeu plus propice et inspiré), au lieu de s’obstiner inutilement dans cette voie et de contribuer ainsi à la saturation d’une scène Black qui n’en a absolument pas besoin.
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