Stormwarrior - Norsemen
Chronique
Stormwarrior Norsemen
En tant qu'Européen, je ne pensais jamais dire ça un jour... mais bon sang, je suis content de les revoir, ces vikings.
En effet, cinq ans après la mandale cosmique qu'était ce Thunder and Steele dont, on se souvient, l'album suait Iron Savior par tous les pores, Piet Sielck étant aux commandes, le quartet teuton revient pour une sixième opération pillage sur nos côtes. Cependant, cette idée ne date pas d'hier : il faut savoir que le processus de création de cet album remonte à 2008, juste après la sortie du célèbre Heading Northe, qui a plus ou moins révélé le groupe et sa passion de mettre des "e" muets et inutiles un peu partout dans leurs titres. On retrouvera donc des morceaux comme "Norsemen" ou "Shield Wall", écrits à cette période là, ainsi que quelques éléments dans "Blade on Blade" et "Odin's Fire". Ce point est intéressant à mentionner puisqu'il permet d'expliquer la nouvelle direction de cet album. Enfin, nouvelle, il s'agit plutôt là d'un revirement : le groupe rompt avec la dimension heavy et posée qu'il s'était imposée sur "Thunder and Steel" pour revenir à une déferlante de speed/power à fond la caisse comme on pouvait l'entendre sur les albums Nothern Rage et Heading Northe (et, plus généralement, sur le début de carrière du groupe). De ce fait, on aura un album qui ne se repose presque jamais et dont la durée pourra peser pour certains, affichant cinquante minutes au compteur avec, fait assez exceptionnel pour ce groupe et pour ce genre, une piste de conclusion de plus de onze minutes.
Et donc, après une intro au piano, aux chœurs, sur fond de bruit ambiant de drakkar qui vogue au gré des flots, l'album part à 400 à l'heure avec la piste éponyme où tout défile vite, en tremolo picking, avec des murs entiers de guitares qui chantent leurs hymnes joyeux. En somme, pour ce morceau, "tonitruant" est le mot. Il l'est d'ailleurs pour pratiquement tous les autres titres, l'album changeant rarement sa formule. On a souvent un power metal brut et sans concession, qui délaisse les balades ou les considérations plus mélancoliques pour rester dans un cadre d'offensive speed metal constante. Et c'est d'ailleurs le principal défaut que je lui reproche : puisqu'il s'oriente vers une dynamique rappelant les débuts du groupe, on a au final un album très monolithique, sans grandes variations, où tout est construit suivant le même schéma - une erreur que font souvent les groupes de power metal. Et autant ça peut passer quand les compositions sont originales ou proposent des mélodies ou des refrains bien marquants, autant autant concernant Norsemen... j'ai un peu plus de mal. Pour une raison simple, qui m'amène à parler du deuxième défaut de cet album, c'est qu'il ne propose rien de vraiment marquant, que ce soit en terme de riffs, ou pire, de chant, qui ne semble jamais vraiment s'envoler. Alors, elle est puissante, la voix de Lars Ramcke, et elle a toujours cette tessiture unique, mais le registre vocalique reste bien souvent restreint et ne tente rien d'exceptionnel. Pour en revenir aux riffs, on aura tout un tas de bonnes choses et de bonnes idées, mais au final, après plusieurs écoutes attentives du disque, rien ne semble vraiment se détacher. Dommage, donc, car ce sont ces deux défauts assez conséquents qui m'empêchent de qualifier ce disque de chef-d'oeuvre.
Parce que pourtant, il ne manque pas de potentiel tant tout est bien exécuté. Premier constat, Piet Sielck est toujours aux commandes du mix, mais cette fois-ci il dote l'album d'un son plus propre au groupe, ce qui fait du bien aux oreilles. J'ai beau adorer Thunder and Steele, j'ai toujours été dérangé par ce mix qui me faisait complètement oublier que j'écoutais du Stormwarrior et qu'il me suffisait de fermer les yeux pour croire à du Iron Savior. Avec un mix bien différent cette fois-ci, toujours aussi lourd mais plus propre à Stormwarrior, l'écoute se fait déjà de manière bien plus agréable. Ensuite, l'exécution est sans faille. Falko Reshöft ayant réintégré le groupe, on retrouve cette batterie ultra dynamique que l'on avait sur Heading Northe, à fonctionner principalement à coup de double pédale bien lourde qui nous assomme presque par moments et qui se permet quelques originalités comme sur "Shield Wall". Les guitares, grande spécialité de ce groupe - le principal compositeur étant un guitariste -, sont nombreuses, débordent même, parfois, et pourtant elles s'organisent toutes parfaitement. Globalement, les soli et les harmonies sont toutes très bien gérées, que ce soit sur "Odin's Fire", "Storm of the North" ou "Sword of Valhalla", dont on ne sent pas les onze minutes passer, et qui sait se renouveler par moments pour garder de l'intérêt, donnant un point bonus au groupe dans la case "composition". Le mix étant bien géré, on aura même droit par moments à entendre en plus le son de la fameuse basse super lourde de Yenz Leonhardt, dont le jeu très Motörhead-esque participe à alourdir encore plus la bête.
L'album n'est pas non plus totalement dénué de moments magistraux, en terme de mélodies on a de beaux moments dans "Storm of the North", "Freeborn" et "Shield Wall" et en terme de riffing bien heavy on trouve mon passage préféré de l'album, le main riff de "Sword Dane", épique à souhait - notion renforcée par ces cris de foule guerrière en fond - et qui donne vraiment envie, pour le coup, de se jeter corps et âme dans la bataille et de rejoindre ces vikings dans leurs méfaits. Le seul problème, et ça recoupe avec ce que je disais plus haut, c'est qu'après ça, le morceau redevient terriblement lambda... ce qui est d'autant plus frustrant quand on sort d'une claque pareille.
Ne vous attendez donc pas à entendre quelque chose de nouveau : Stormwarrior fait du Stormwarrior période Heading Northe, avec son style de jeu facilement reconnaissable mais dont la composition est extrêmement classique, avec des riffs bien lourds façon Running Wild, constitué quasi-intégralement de tremolo picking, qui s’enchaînent vite sans trop se poser de questions. Le mix redonne ses lettres de noblesse au groupe et nous permet de pleinement apprécier l'oeuvre. Le groupe s'essaie quelques fois à varier son style avec des compositions un peu plus poussées comme sur les deux derniers titres "Shield Wall" et "Sword of Valhalla", en incluant guitares cleans et passages mid-tempo plus posés. Malheureusement, tout ce beau ciel bleu marin se couvre de quelques nuages bien gris qui tempèrent ma joie, à savoir des riffs au final assez plats et qui n'osent pas grand-chose et une voix qui reste plutôt monotone malgré la surabondance de chœurs grandiloquents et qui ne propose jamais de mélodies ou de refrains marquants. Dommage, donc, mais espérons que ces vents mauvais ne feront pas s'écraser tous ces drakkars sur de cruels récifs.
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