Aggravator - Aggravator
Chronique
Aggravator Aggravator (EP)
Une fois n’est pas coutume (même si cela n’est pas la première fois que cela m’arrive), il aura fallu le sceau d’un label dont la réputation n’est plus à faire (en l’occurence celui d’Unspeakable Axe Records) pour que je m’intéresse à un groupe dont la carrière ne date pourtant pas d’hier. Formé en 2008 à San Antonio, Texas, Aggravator traîne dans sa besace une démo, deux EPs et deux albums parus respectivement chez Mulligore Productions et Headsplit Records. Si je suis pourtant avec attention les sorties du deuxième label, je dois bien avouer que celle-ci est complètement passée sous mon radar à l’époque. Du coup, plutôt que rattraper le temps perdu (même si j’y reviendrai sûrement), nous allons nous intéresser aujourd’hui à la toute dernière sortie des Texans.
Baptisé sobrement Aggravator, ce nouveau EP est d’abord sorti sous forme numérique en autoproduction (avril 2019) avant de tomber sous la coupe du label américain Unspeakable Axe Records qui, fin septembre, en proposait une version CD. Pliée en moins de vingt minutes, cette dernière petite livraison propose six titres d’un Thrash particulièrement virulent et efficace qui ne devrait pas manquer de titiller la curiosité de tous les amateurs de Demolition Hammer, Epidemic, Solstice et autres formations du même acabit.
Avec une moyenne de trois minutes par titre, Aggravator ne laisse planer aucun doute quant à ses intentions belliqueuses. Afin de renforcer cette puissance de feu, le groupe texan se prémunit ici de toute forme de digressions, préférant de loin l’attaque frontale et immédiate à la tergiversation mélodique ou samplée. De fait, aucune forme d’introduction ne vient nuire à cette atmosphère tendue et revancharde que le groupe impose tout au long de ces presque dix-huit minutes menées à toute allure. Car même si d’un point de vue purement rythmique on a déjà entendu beaucoup plus impitoyable (le groupe n’a clairement rien à envier à personne en matière de rythme mais sa capacité à modérer parfois son propos fait qu’il ne peut prétendre à figurer parmi les groupes les plus véloces du genre), difficile de ne pas reconnaître à Aggravator cette espèce de rage violente et venimeuse qui animait déjà les premiers albums de ces quelques groupes évoqués plus haut.
Alors non, le groupe ne réinvente rien mais son interprétation fidèle et implacable du genre a tout pour convaincre, à commencer par ces riffs nerveux et affûtés (je ne vais pas tous vous les citer) accompagnés pour l’occasion par quelques solos bien sentis et plein de feeling ("Desensitized Devotion" à 1:58, "Redundancy" à 1:34, "Carved Apart" à 1:29, "Carnal Forms" à 1:06...) que l’on doit au guitariste Jesse Lopez aujourd’hui disparu... On retiendra également ce sens du groove absolument redoutable qui va faire de ces quelques séquences ou titres plus modérés (le début de "Carved Apart", les vicieux "Carnal Forms" et "Suspended Agonal Breathing" sur lesquels les liens de parentés avec Demolition Hammer n’ont jamais été aussi évidents) des moments particulièrement musclés sur lesquels il fait bon briser des nuques et plier en deux le mobilier de jardin. Une atmosphère urbaine qui pue les chicots et le vieux trottoir ensanglanté que vient très justement renforcer le chant abrasif et véhément d’un Derek Jones qui en a décidément très gros sur la patate.
Servi par une production aux petits oignons (moderne mais pas trop, offrant impact sans pour autant dénaturer l’atmosphère ni même le propos de l’ensemble), Aggravator livre avec ce nouveau EP l’une des bonnes surprises de l’année en matière de Thrash véhément et vindicatif. Un Thrash flirtant bien évidemment avec le Death Metal et qui à défaut de renverser l’ordre établi ou de réinventer la roue à eau chaude pour couper le beurre, génère suffisamment de satisfaction pour que l’on s’en satisfasse. En espérant que le groupe, malgré le décès de son guitariste lead, continue ses pérégrinations sous le giron d’Unspeakable Axe Records pour un futur album au moins aussi tendu et efficace que ce court petit EP.
| AxGxB 3 Janvier 2020 - 1170 lectures |
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Écouté qu'une fois mais effectivement ça a l'air extra. Un poil répétitif peut-être mais sur moins de 20 minutes ... dans le genre j'ai toujours la compil de Laceration à m'occuper d'ailleurs ... |
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1 COMMENTAIRE(S)
04/01/2020 07:49