Nova - Veniamo Dal Cielo
Chronique
Nova Veniamo Dal Cielo
Si la scène Black venue de chez nos voisins Italiens n’est ni la plus réputée ni la plus connue, celle-ci à l’instar de son pays en général ne manque pourtant pas d’atouts comme de charme. Inconnu au bataillon jusqu’il y’a peu NOVA n’est pourtant pas né de la dernière pluie vu qu’il en activité depuis 2003, et ce même s’il lui a fallu encore attendre dix ans supplémentaires pour entendre enfin quelquechose de sa part. Car si le combo avait bien réalisé deux démos auparavant celles-ci n’ont finalement jamais été publiées, et c’est donc seulement en 2014 qu’il sortait directement son premier album chez ses compatriotes de Aeternitas Tenebrarum Musicae Fundamentum (ou ATMF pour faire plus simple). Toujours présent au sein du catalogue de l’écurie locale (aux côtés de certains noms relativement vindicatifs), le quatuor signe aujourd’hui son troisième opus qui est le plus court de son histoire, mais aussi celui qui va lui apporter une reconnaissance méritée bien au-delà du cercle restreint des initiés. Car son Metal noir martial aux relents identitaires est bien plus fouillé qu’on ne pourrait le croire de prime abord, même s’il n’en reste pas moins que la brutalité sera prépondérante et prioritaire tout au long de ces trente-quatre minutes qui vont passer telles des rafales de mitraillettes.
Cependant la formation a décidé de ne pas tout miser dès le départ sur la radicalité, préférant au contraire jouer sur la surprise et la variation, ce à quoi elle arrive parfaitement sur le redoutable « Durezza A Ascetismo » qui va mettre en avant toute sa palette technique. Alternant entre parties rapides et d’autres plus posées celle-ci y glisse également des passages tribaux entêtants qui renforcent le sentiment de malaise, notamment via cette voix puissante et aboyée qui donnent la sensation que la guerre est proche. Et effectivement on va la ressentir à plusieurs reprises sur cette galette avec les courts et radicaux « Veniamo Dal Cielo », « Fregata Covadonga » et « Crudele Alba », qui ont pour point commun de tabasser pratiquement sans discontinuer, car les blasts sont majoritaires (il faut d’ailleurs saluer le boulot du batteur qui reste d’une précision chirurgicale à chaque fois) même si quelques variantes sont là pour différencier chacune de ces compositions. Si la première voit un court break apparaître pour reprendre ses esprits, la seconde va elle voir l’ajout de parties mid-tempo épiques et remuantes bien foutues et destructrices, quant à la troisième c’est une conclusion plus lente et oppressante qui ajoute de la noirceur à un disque qui en est pourtant déjà rempli à ras-bord. Si le groupe sait se montrer efficace en mode char d’assaut il prouve aussi qu’il sait conserver sa force de frappe même en levant le pied, preuve en est avec l’excellentissime « In Lotta Eleveta » où des arpèges doux et mélancoliques émergent d’un chaos qui n’attend qu’un signe pour revenir exploser à la face du monde. Si le calme avant la tempête est parfaitement cohérent avec la violence exacerbée, les arrangements martiaux et totalitaires trouvent aussi parfaitement leur place, portés par des roulements de caisse claire implacables et un riffing général qui donne envie de bouter l’ennemi hors de son territoire, à l’instar du rampant « Noi Mai Vinti ». Conservant son instinct bestial et hargneux de par une vitesse là-encore présente de façon principale, ce morceau a cependant la bonne idée de proposer quelques cassures et alternances sans pour autant baisser en intensité (grâce encore une fois au frappeur qui éclaire le tout via quelques accélérations et ralentissements parfaitement en raccord), et qui ne dépareillent pas avec le reste en conservant une intensité primale. Ce constat s’applique aussi le très court mais redoutable « Dio Del Ghiaccio E Del Lampo » qui va afficher une facette légèrement différente du reste, car la brutalité est mise un peu de côté pour laisser plus de place à des plages lentes lourdes et massives d’où émergent une rythmique défilant au pas comme une parade militaire. Cela amène donc un supplément d’âme idéal pour clôturer les hostilités, et laisser le chapitre ouvert pour une suite que l’on espère entendre un jour.
Car si cette ultime compo malgré sa qualité intrinsèque laisse un léger d’inachevé c’est pour mieux surprendre l’auditoire (notamment via l’outro instrumentale « Trovare Chiuso ») et le maintenir en haleine, sans pour autant le frustrer. Du coup on peut être déçu que cela soit si court et ne s’éternise pas en longueur, mais ceci est un mal pour un bien car en étant si primitif tout aurait fini par être redondant sur la durée. Au lieu de ça on est maintenu sous pression de la première à la dernière seconde, porté par cette relative sobriété musicale où les arrangements se font extrêmement fouillés, prouvant donc ainsi que les Transalpins ont réalisé une œuvre dense et profonde (où la finesse et la mélodie ne sont pas absentes), qui ne laissera pas indifférent. Jouant sur les divers sentiments de mal-être réels ou imaginaires ce troisième volet de leurs aventures est le meilleur de leur part à ce jour, même si l’imagerie proposée pourra en rebuter certains (la photo des membres pouvant faire penser à un rassemblement de fans de nostalgiques du Duce), tout en jouant sur l’ésotérisme sous toutes ses formes (des diableries jusqu’au Soleil Noir). Cependant il serait dommage de passer à côté de cette trouvaille qui sans révolutionner quoi que ce soit fait le boulot avec sérieux, maîtrise et application. Ceci confirme donc que sans faire de bruit ses créateurs ont réussi leur coup avec un disque qui ne manquera pas de faire parler, dans le bon sens du terme, et qui mérite que l’on s’y attarde dessus sans se fier à son impression initiale et aux à priori qui en découlent.
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