Yacøpsæ - Timeo Ergo Sum
Chronique
Yacøpsæ Timeo Ergo Sum
Il y a certains groupes qui forcent le respect, et ne laissent personne indifférent. Yacøpsæ est fait de cette essence de bois rare, vernie à la bière tiède et au jus de cendrier : que l’on aime ou qu’on déteste ce que le combo s’acharne à proposer, on ne peut que saluer sa longévité, et surtout, son intégrité.
Trente ans, ce n’est pas rien. Trente bougies, soufflées cette année. 10 950 jours durant lesquels, avec certes quelques passages à vide et petits changements de line-up, la formation Allemande sème, avec précision et grand plaisir, de véritables attentats sonores, Punk Hardcore gonflé aux stéroïdes qui s’est progressivement accéléré, pour se muer en hybride de Grindcore, de Fastcore et de Powerviolence, retournant tantôt les pits, tantôt les tympans. 12 full-lengths, 22 splits, moultes apparitions sur compilations et samplers divers, on ne peut raisonnablement pas parler de tout.
La sortie de leur dernier album, « Timeo Ergo Sum » (« J’ai peur, donc je suis »), est donc pour moi l’occasion en or d’aborder un groupe que j’apprécie tout particulièrement, mais que je ne savais pas par quel bout prendre – ou plutôt, par quelle sortie. Compliqué d’en parler, car durant ces trente ans mis au service de la violence débridée, Yacøpsæ ne s’est pas renouvelé. Mais alors, carrément pas (ou presque). Ce qui n’est pas franchement ce qu’on attendait d’eux, ni pour me déplaîre.
Rien de neuf, donc, depuis « Tanz, Grosny, Tanz… », ou « Gästezimmer », la recette n’a pas varié d’un millimètre. L’objectif reste le même : ensevelir l’auditeur sous des torrents de blast-beats, marqués par cette caisse claire qui claque (King Ju lui-même en perdrait son latin) malmenée par un batteur aux poignets décidément bien huilés, ces riffs qui collent aux parois de la bétonnière, et ce chant, délicieusement beuglard, qui tente, à bout de souffle, de suivre le tempo implacable des compositions. « Timo Ergo Sum », c’est du grand Yacøpsæ, dans le positif comme dans le négatif : il continuera de déplaire à ceux qui ne voient dans ces frappes convulsives « que du bruit pour crasseux ». Et ceux qui se délectent de ce défouloir, gratuit en apparence mais Ô combien revendicatif (il suffit de jeter un œil aux paroles – car oui, il y en a), continueront de savourer la raclée, ponctuée de (très) rares accalmies mid-tempo qui ne sont que des prétextes pour un peu plus enfoncer le propos (« Durchgestrichen » et ses « Tik… Tok… » égrenés durant son final).
Oui, ce dernier album m’arrange bien. Comme pour une grande partie des ténors sur-productifs de la frange Powerviolence, dont le propos finit immanquablement par se répéter au fil des disques, je me voyais mal faire chauffer le copier/coller pour chacune des sorties de la formation, aussi qualitatives soient-elles. Disons simplement que « Timeo Ergo Sum » est à la fois une bonne synthèse de la carrière des Allemands, une belle porte d’entrée vers leur riche discographie (pour qui n’aurait pas peur pour ses tympans), mais également un sacré défouloir pour qui ne chercherait qu’un prétexte à balancer quelques coups de latte dans son mobilier. La qualité Allemande : sans grande surprise, mais redoutable d’efficacité.
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