Après une série de splits aux artworks plus que douteux (constitués de titres issus de
Foretold...Foreseen et d’enregistrements antérieurs) et une compilation éditée par le label Corpse Gristle Records réunissant notamment les deux premières démos de Prophecy, le groupe de Fort Worth fait finalement son grand retour durant l’été 2002 avec sous le coude un deuxième album naturellement très attendu par tous les amateurs de Brutal Death ayant déjà croisé la route de ces parfaits petits chrétiens.
Intitulé
Our Domain, celui-ci voit le jour non pas chez Corpse Gristle Records mais chez le plus discret Forever Underground Records, petite structure de l’Indiana ayant mis la clef sous la porte depuis déjà belle lurette et chez qui sont sortis certains albums de Beheaded, Convergence From Within, Fleshtized, Mindsnare, Saprogenic et autres obscures formations de Brutal Death aujourd’hui largement oubliées. Outre ces histoires de crèmeries sans aucune incidence sur la musique des Texans, ce deuxième album est également marqué par l’arrivée de nouveaux collaborateurs. Si Phil Holland et James Parks II sont encore de la partie, Joe Dunlap (guitare), Trevor Warner (basse, chant) et Hank Thompson (batterie, chant) ont depuis quitté le navire et été remplacés respectivement par Jeff Hernandez, Burt Buchanan et Billy Bonsal. Une équipe qui ne fera malheureusement pas long-feu puisque Prophecy cessera par la suite ses activités pendant une dizaine d’année mais qui à l’occasion de ce deuxième album va répondre présent et livrer là encore une belle leçon de Brutal Death à la sauce texane.
Illustré par l’Américain Leigh Odom dont le travail s’est vraisemblablement limité à trois formations (Prophecy mais également Artery Eruption et Sanatorium),
Our Domain est également passé entre les mains du producteur D. Braxton Henry (ancien guitariste de Devourment entre 1995 et 2001) qui, pour ne pas changer, s’est chargé ici de l’enregistrement, du mixage et du mastering pour un résultat qui vingt-trois ans plus tard tient encore largement la route. Épaisse, lisible et dynamique, celle-ci conserve encore aujourd’hui un équilibre et un naturel des plus agréables en même temps qu’un charme légèrement daté. Bref, un vrai plaisir à l’heure des productions Brutal Death toutes plus lisses et monolithiques les unes que les autres.
Composé de dix nouveaux morceaux pour une durée de quarante-huit minutes (dont huit inutiles de messages vocaux laissés sur les répondeurs de l’époque en guise de conclusion),
Our Domain se distingue d’emblée de son prédécesseur par des compositions en moyenne beaucoup plus courtes. En effet, pas de titres compris entre six et huit minutes puisque le plus long ("Inevitable Fate") culmine ici à seulement cinq minutes et trente-et-une secondes. Une différence notable sur le papier mais qui dans les faits s’avère finalement transparente puisqu’à vrai dire cela ne change absolument rien à la formule délivrée par les Texans. Une formule qui à l’image de
Foretold...Foreseen continue de s’inspirer très largement de celle proposée par un groupe tel que Dying Fetus.
Ainsi
Our Domain s’inscrit sans grande surprise dans la continuité de son prédécesseur en alignant avec à peu près autant de succès les mêmes arguments ultra convaincants. Fidèle aux standards du Brutal Death (texan) de l’époque, ce deuxième album voit ainsi se succéder attaques plus ou moins soutenues sur fond de blasts aussi brefs qu’intenses ("Our Domain" à 0:02, "Gurgling Menstrual Phlegm" à 0:03, "Beaten, Broken And Butchered" à 2:39, le bien nommé "Keep It Fuckin' Brutal" à 0:06 et 2:55, les tous premiers instants de "All You Can Fuck And Eat" puis de nouveau à compter de 0:34...) et autres passages très dynamiques, ralentissements nettement plus pesants afin de servir bien évidemment de parfait contrepoint ("Our Domain" à 1:51, "Beaten, Broken And Butchered" à 1:19, "Inevitable Fate" à 3:45, "Questions Never Answered" à 1:50, "Destined To Fail" à 0:17 et surtout 2:05...) et passages débordant de groove (inutile de dresser une liste non-exhaustive de quelques passages choisis arbitrairement puisque chaque titre sans exception recense une ou plusieurs séquences de ce genre). Un groove pataud absolument irrésistible qui ne manquera pas d’en faire chalouper plus d’un. A ce cahier des charges scrupuleusement respecté viennent s’ajouter un riffing bien épais qui continue de changer de direction et de rythme quand bon lui semble, quelques leads bien inspirés (comme celui présent sur "Destined To Fail" aux alentours de 2:13), un chant guttural hyper cadencé ainsi que quelques featurings moins glorieux que sur
Foretold...Foreseen (pas de superstars du Brutal Death ici) mais qui permettent malgré tout d’insuffler un soupçon de nuances vocalement parlant.
Vous l’aurez compris, Prophecy, comme beaucoup d’autres en son temps, a suivi ici une voie toute tracée sans jamais chercher à sortir des clous. Evidemment, l’histoire a choisi de retenir d’autres noms comme celui une fois encore de Dying Fetus faisant alors des Texans un excellent second couteau connu seulement des véritables amateurs du genre capables de s’alimenter en la matière sans nécessairement passer par les plus gros labels de l’époque (Relapse Records, Unique Leader Records, Corpse Gristle Records...). Vingt-trois ans plus tard,
Our Domain est un album toujours aussi solide qui a vrai dire n’a pas pris une ride (même si sa production, au demeurant impeccable, n’en reste pas moins le témoin d’une certaine époque). Un album qui mérite assurément toute votre attention (même si on lui préférera de peu
Foretold...Foreseen pour ses compositions au long-cours extrêmement réussies et ces featurings de qualité que je n’avais même pas pensé à évoquer (Erik Lindmark, Jason Netherton, John Gallager et D. Braxton Henry)) surtout si ce genre de douceurs est effectivement dans vos registres de prédilection.
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