Bilan 2010-2019 : la sélection de la rédaction / Sagamore

J'écoute énormément de Grindcore, car le genre est généreux : on a vite fait de se perdre tant les sorties sont nombreuses. Surtout, il est difficile de trouver des albums qui soient vraiment marquant, dans un style qui a fait de la rapidité son maître mot. J'en ai bouffé par semi-remorques, ces dix dernières années... Des bons disques, des merdes infâmes, mais même parmi le haut du panier, il me manquait ce petit "plus", qui, depuis Magrudergrind et Insect Warfare, me manquait terriblement... Shit Life, sorti de nulle part, est venu combler ce vide. Du Grindcore survitaminé, un son massif, une branlée dans les règles de l'art que j'écoute une fois par semaine, minimum. Tout y est si pur, si parfaitement à sa place, si politiquement cohérent et à contre-courant, que je considère "Reign in Bud" comme un prochain incontournable. Je vous le dis, je le répète : si vous n'avez pas écouté ce disque, vous n'êtes pas un fan de Grindcore.

Il y a beaucoup de groupes valables aux Etats-Unis, c'est indéniable - beaucoup de machins surestimés aussi, à mon sens, ce qui n'est p guère étonnant quand on connaît l'absence totale de goût des ricains. Pour moi, Leviathan peut se targuer d'avoir une discographie sans aucune faille, qu'il couronne de ce "Scar Sighted" qui s'impose, à mes oreilles, à la fois comme son meilleur album, mais également comme l'un des meilleurs albums de Black Metal de ces dernières années. Une longue chute dans un puits sans fond. C'est pour quand, la suite, Jef ?

Je ne suis qu'amour déraisonné et démesuré pour ce groupe. L'Europe de l'Est est un vivier de merveilles en matière de musique extrême, et plus particulièrement la Pologne, qui prouve, chaque année, qu'elle fait partie des maîtres du genre. Cet album de Furia, original, totalement libre, résume bien la formation : elle fait ce qu'elle veut, et c'est exactement l'état d'esprit qui règne en maître sur le genre tout entier.

Quand j'ai découvert Terra Tenebrosa, j'ai ressenti la même sensation que lorsque j'ai écouté Darkspace pour la première fois : l'impression de découvrir quelque chose pour lequel je n'étais vraiment pas prêt. Formé sur les cendres de Breach, Terra Tenebrosa est inclassable, réellement, entre le Drone, le Black Metal, le Sludge, le Post-machin, mélangé dans une casserole rouillée pour un résultat cauchemardesque au possible, qui m'a hanté très, très longtemps... Et continue de le faire aujourd'hui. Bien content d'avoir pu les attraper sur scène lors de leur passage dans l'Hexagone.

Une surreprésentation des US dans mon classement ? Traître à la patrie ? En attendant, il y bien peu de disques estampillés "Black Metal" qui auront autant visé juste chez moi. Poétique, d'une richesse incroyable, ce premier album d'Ustalost est incroyable, sur tous les plans. Et la suite arrive cette année !

Un groupe parti bien trop tôt, sur un monument de Black Metal dévot. Plus professionnel et soigné que l'éponyme (qui reste également fabuleux), "Upheaval of the Soul" aura marqué plus d'un auditeur, par sa sauvagerie soutenue et son chant habité. Une merveille culte, et qui le restera.

Oui, on peut avoir des idéaux finis à la pisse et être capable de pondre des chefs-d’œuvre, c'est pas incompatible. Et que ça te déplaise, je n'en ai rien à foutre. Nécropole signe ici un album exceptionnel voué à passer à la postérité, prouvant que la scène Française est réellement, et définitivement, à part. Ce sera très difficile pour lui de faire aussi bien : preuve en est, le dernier album de Caverne, franchement décevant.

Je n'avais jamais réellement accroché au groupe jusqu'à ce disque, vraie tartine sur le coin de la joue. C'est la misère, la déviance, le sublime d'un gars pathétique qui se complait dans sa médiocrité. Une descente aux enfers qui donne des leçons aux trois-quarts des formations qui veulent se la jouer evil.

Non, ce n'est pas le meilleur album de Darkspace, le précédent étant, pour moi, leur chef-d’œuvre, et un chef-d’œuvre tout court.

Mais leurs albums sont tellement rares, si espacés dans le temps, qu'il était impensable de ne pas faire figurer ce quatrième album (et apparemment le dernier pour un sacré moment si j'en crois les bruits de couloir) dans le top de la décennie qui s'achève. A jamais mon groupe favori, tous genres confondus. Comme j'ai coutume de le dire, musicalement, j'ai beau être incapable de dire si Darkspace passera à la postérité, je suis par contre absolument certain qu'il m'accompagnera jusqu'à la fin.

Sans grande surprise puisque Cultes des Ghoules marche sur l'eau à chaque sortie, c'est pourtant sur ce disque que je reviens le plus souvent. Il sent bon le sous-bois et les effluves de charogne, avec Mark of the Devil qui s'impose, plus que jamais, comme l'un des tous meilleurs chanteurs du genre.